Le 12ème Evangile - Margelle

modulait la pensée humaine mais n’avait pas le pouvoir de combattre la folie de
ce monde. Xenakis avait écrit quelques partitions absolument nouvelles mais il
avait d’illustres prédécesseurs, encore que ce soit peu connu.
Des Ombres considérait le finale de la sonate en sib mineur de Chopin
comme un moment de folie géniale, une musique sans nom, un courant sombre,
inconnaissable qui passait et s’effaçait, un instant musical en totale rupture
avec l’époque, un discours avec un siècle d’avance. Les hommes voyaient
l’écoulement universel et ils se laissaient attirer. À vrai dire ils y voyaient surtout
la mort. Certains tombaient amoureux des vortex et des turbulences du monde,
pour mieux s’y perdre le moment venu.
La musique n’était en somme que la belle émergence de cette protestation
dérisoire de l’humanité devant la mort. Elle créait des apparences solides, du
permanent, de l’éternel. Mais il arrivait toujours un moment où elle se taisait.
Alors l’homme, selon son degré de conscience, s’enfrentait 137 à nouveau au
chaos.
Par la suite, le monde des équations non-linéaires et les mathématiques du
chaos devinrent un objet de mode.
137 s’enfrentait : franpagnol, de enfrenterse, affronter qqch. NdT
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