Chandi Borobudur: un monument pour toute l ... - unesdoc - Unesco
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Introduction 15<br />
Deux épisodes de l'histoire de <strong>Chandi</strong> <strong>Borobudur</strong> montrent bien le sort<br />
qui échoit aux victimes de telles croyances. Des chroniques du<br />
xvni e siècle mentionnent deux circonstances dans lesquelles le <strong>monument</strong><br />
sembla en effet porter malheur. Selon le Bahad Tanah Jawi<br />
(Histoire de l'île de Java), la colline de <strong>Borobudur</strong> fut fatale à <strong>un</strong><br />
rebelle qui s'y était retranché après s'être révolté contre le roi de<br />
Mataram, en 1709. La colline fut assiégée et l'insurgé vaincu. On<br />
l'amena au roi qui le condamna à mort. Le Bahad Mataram (Histoire<br />
du royaume de Mataram) relate la malchance du prince héritier du<br />
sultanat de Jogjakarta, en 1757. Malgré l'interdiction de visiter <strong>Chandi</strong><br />
<strong>Borobudur</strong>, il conçut <strong>un</strong>e telle pitié <strong>pour</strong> le « chevalier emprisonné<br />
dans <strong>un</strong>e cage » (c'est-à-dire la statue renfermée dans l'<strong>un</strong> des stupa<br />
perforés) qu'il ne put s'empêcher d'aller voir son malheureux « ami ».<br />
Il mourut subitement dès son retour au palais, après <strong>un</strong> jour de<br />
maladie.<br />
Ce ne fut qu'en 1814 que <strong>Chandi</strong> <strong>Borobudur</strong> émergea, matériellement<br />
et symboliquement, de son obscur passé.<br />
De 1811 à 1816, Java fut gouvernée par les Anglais. Le représentant<br />
du gouvernement britannique, le lieutenant-gouverneur général sir<br />
Thomas Stamford Raffles, s'intéressait vivement au passé de l'île. Il<br />
ré<strong>un</strong>it le maximum de renseignements historiques en établissant de<br />
multiples contacts lors de ses voyages dans tout le pays. En 1814, lors<br />
d'<strong>un</strong>e tournée d'inspection dans le Sémarang, il apprit qu'<strong>un</strong> grand<br />
<strong>monument</strong> appelé <strong>Chandi</strong> <strong>Borobudur</strong> se trouvait dans le village de<br />
Bumisegoro, près de Magelang. Ne pouvant s'y rendre en personne, il y<br />
envoya Cornelius, <strong>un</strong> ingénieur hollandais très versé dans l'exploration<br />
des antiquités de Java.<br />
Cornelius recruta quelque 200 villageois <strong>pour</strong> abattre des arbres,<br />
brûler les broussailles, déblayer la terre et les décombres qui recouvraient<br />
le <strong>monument</strong>. Deux mois plus tard, le travail était terminé, mais bien<br />
des parties des galeries durent rester ensevelies parce qu'elles risquaient<br />
de s'effondrer. Il joignit à son rapport plusieurs dessins.<br />
Raffles a fait bien peu de cas de ce dur labeur dans ses ouvrages. Les<br />
deux volumes de son Histoire de Java ne contiennent que quelques<br />
phrases sur <strong>Borobudur</strong>. Le chapitre consacré aux antiquités javanaises<br />
est très bref, car il se proposait d'en traiter dans <strong>un</strong> autre livre qui ne<br />
devait jamais paraître.<br />
Raffles a <strong>toute</strong>fois le mérite d'avoir sauvé le <strong>monument</strong> de l'oubli et<br />
d'avoir attiré sur lui l'attention d'<strong>un</strong> grand nombre de gens.<br />
Les travaux de Raffles et de Cornelius eurent des résultats contradictoires<br />
sur place. Les villageois oublièrent leurs craintes superstitieuses et<br />
virent dans le <strong>monument</strong> fraîchement exhumé <strong>un</strong>e source inépuisable de<br />
matériaux de construction. De leur côté, les autorités locales commencèrent<br />
à se demander ce qu'il pouvait encore cacher.