Chandi Borobudur: un monument pour toute l ... - unesdoc - Unesco
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Le <strong>monument</strong> 29<br />
derniers entraves. L'homme y est à tout jamais affranchi de tout lien<br />
avec le monde des phénomènes.<br />
A <strong>Chandi</strong> <strong>Borobudur</strong>, la base représente le kamadhatu, les cinq terrasses<br />
carrées représentent le rupadhatu, et les trois plates-formes circulaires<br />
couronnées par le grand stupa symbolisent Yarupadhatu. Le rupadhatu<br />
se distingue de Yarupadhatu non seulement du point de vue de<br />
l'architecture, mais aussi par l'abondance des décorations qui caractérisent<br />
les terrasses carrées et contrastent avec la nudité des plates-formes<br />
circulaires. A première vue, <strong>pour</strong>tant, la base ne semble pas représenter<br />
le kamadhatu, mais elle n'est pas le support original du <strong>monument</strong>.<br />
C'est <strong>un</strong> recouvrement qui dissimule la base réelle et ses 160 bas-relief s,<br />
aussi appelée le « pied caché », qui fut mise au jour en 1885. Cette<br />
découverte révéla également de courtes inscriptions gravées au-dessus<br />
d'<strong>un</strong> grand nombre de panneaux. Il s'agissait apparemment d'instructions<br />
données aux sculpteurs, leur prescrivant les scènes à représenter.<br />
Ces inscriptions se sont avérées être les mots clés des saintes écritures<br />
bouddhistes, le Mahakarmavibhangga. Ce texte traite de la fonction du<br />
karma, de la loi de la cause et de l'effet dans la réincarnation, au ciel<br />
et en enfer. Les bas-reliefs expliquent l'importance de la moralité sur<br />
terre et montrent comment chaque pensée, chaque acte, chaque sentiment<br />
peut avoir des conséquences heureuses ou désastreuses.<br />
L'enchaînement des causes et des effets reposant essentiellement sur<br />
la prédominance du désir, la base, le « pied caché », est donc bien le<br />
kamadhatu de <strong>Chandi</strong> <strong>Borobudur</strong>. Reste bien sûr à se demander <strong>pour</strong>quoi<br />
la base originelle a été ensevelie, et avec elle le zèle et la ferveur<br />
des artistes qui l'ont construite. L'utilisation de 12 750 mètres cubes de<br />
pierre <strong>pour</strong> la construction du recouvrement, comme le sacrifice des éléments<br />
architecturaux et des bas-reliefs, semblent indiquer que la sécurité<br />
du <strong>monument</strong> tout entier était en jeu. Il y eut très probablement <strong>un</strong><br />
glissement de terrain, alors qu'<strong>un</strong>e partie considérable des fondations<br />
reposait sur du remblai. Il fallut donc étayer le pied par <strong>un</strong> mur. En<br />
d'autres termes, le mur à moellons fut destiné à empêcher le glissement<br />
des fondations et à éviter <strong>un</strong> désastre bien plus grave encore.<br />
Cette solution présentait d'ailleurs certains avantages religieux et<br />
esthétiques. La large plate-forme ainsi créée adoucit les contours du<br />
<strong>monument</strong> et élargit l'espace disponible au pèlerin <strong>pour</strong> accomplir ses<br />
premières déambulations plus à loisir. Il peut ainsi méditer plus longtemps<br />
avant de s'engager dans la voie étroite du bouddhisme : au champ<br />
ouvert de la vie terrestre symbolisée par le kamadhatu s'oppose le sentier<br />
menant à la délivrance ultime, qui exige <strong>un</strong> rétrécissement de la<br />
vision et <strong>un</strong>e concentration accrue de l'esprit, ce que favorisent les<br />
galeries resserrées du rupadhatu.<br />
La première impression du rupadhatu est déroutante : les murs, les<br />
balustrades sont couverts de bas-reliefs. Sur les couloirs, longs de