Bombardier, le co-créateurEn 1996, le Global Express, un avion imaginé par Bombardier, est présenté en grandepompe à des centaines de journalistes et des milliers d’invités provenant du mondeentier pour admirer ce chef-d’œuvre de la technologie québécoise. Le Cirque du Soleilest venu colorer l’avènement, sur le tempo d’une musique de René Dupéré,accompagné par l’orchestre symphonique de Toronto.Le Global Express est un avion innovateur et ses caractéristiques sont exceptionnelles.Destiné avant tout à la clientèle d’affaires, l’avion vole à Mach 0.89, et à une altitude de15 545 mètres, bien <strong>au</strong>-dessus du trafic aérien. Il peut parcourir sans escale, ladistance en New York et Tokyo. Développer un tel avion coûte cher, près de 1 milliardde dollars. Avant même que le concept de l’effectuation n’ait été découvert par SarasSarasvathy, Bombardier le pratiquait déjà à grande échelle.L’avion est une co-construction de Bombardier, mais <strong>au</strong>ssi de Mitsubishi, BMW-RollsRoyce, Honeywell et <strong>au</strong>tres grands intégrateurs, qui ont mis ensemble leurs moyens, etpartagé les risques, en investissant dans son développement, avant même de récolterleur premier dollar.En 1991, quelques années seulement après l’achat de Canadair, le président deBombardier, L<strong>au</strong>rent Be<strong>au</strong>doin donne le signal de départ pour la construction du GlobalExpress. Afin de répondre encore mieux <strong>au</strong>x besoins de la clientèle d’affaires, il lance ledéfi à ses ingénieurs d’étendre le rayon d’action du Challenger. Après qu’ils aient répétéquelques fois que ce n’était pas évident, qu’il f<strong>au</strong>drait modifier les ailes, changer ledesign et le reste, monsieur Be<strong>au</strong>doin leur répondit! « Ça va, j’ai compris, ce seradifficile, alors on ne se contentera pas d’améliorer ce qui existe déjà. Nous allonsinventer une nouvelle génération d’avions ».Les coûts de développement très élevés sèment la consternation dans la h<strong>au</strong>tedirection de Bombardier. Plus d’un milliard de dollars. Impossible de prendre seul un telrisque. L’idée de diviser les coûts entre les fournisseurs, tout en leur confiant plus deresponsabilités, devient la seule façon envisageable pour maintenir le projet en vol.Habituellement, Bombardier achète les pièces d’un fournisseur, les stocks, les paies etles installe. Mais cette fois, l’entreprise prépare un cahier de charges afin de biendéterminer ce qu’ils ont besoin et demande <strong>au</strong>x meilleurs fournisseurs dans leurdomaine, de devenir des intégrateurs de système. C’est à eux que leur reviendra laresponsabilité d’inventer leur partie d’avion. Le Global Express se transforme peu à peu156
en un immense projet de co-construction. Bombardier passe ainsi du rôle deconcepteur, à celui d’un intégrateur global.Les fournisseurs sont contactés un à un. Les nouvelles règles du jeu sont expliquées :les risques sont partagés et la prise de profits se fera après la vente des avions. La R etD, le design, la fabrication doivent être supportés par les partenaires. Le motoristeBMW-Rolls Royce devient en 1993, le premier acteur sélectionné. Suivront onze <strong>au</strong>tresententes de partenariat. Mitsubishi Heavy Industries, de Nagoya, <strong>au</strong> Japon, est chargéedes deux ailes et du fuselage central de l’avion, ainsi que du développement desmachines pour fabriquer les pièces. Ce joueur majeur est à lui seul représente 15 % duPNB du Japon. La société française Sextant Avionique a pour mandat quant à elle deréaliser les commandes électroniques de vol.Avec tous les ingénieurs de tous les partenaires, le seul moyen de réussir cet exploitc’est en réunissant tout le monde dans un lieu donné, avec l’obligation de réussir.Pendant près d’un an, 400 ingénieurs d’une dizaine de pays vont cohabiter dans la salleSteinberg de l’Usine 1 de Canadair, un grand entrepôt sans fenêtre éclairée <strong>au</strong> néon.Cet espace de « coworking » de la taille d’un terrain de football, devient une véritableruche. Le travail s’accomplit dans un véritable climat de camaraderie. Afin de créer unesynergie, l’équipe responsable du train d’atterrissage travaille à côté de celle dufuselage. En cas de conflits entre les équipes, c’est Bombardier qui fait l’arbitrage. Lesingénieurs, surtout les Japonais, font de longues journées, jusqu’à 22 h, parfois mêmeles samedis.Le projet progresse. Bombardier présente en 1992, la future cabine du Global Express<strong>au</strong> NBAA, le grand salon annuel de l’aéron<strong>au</strong>tique de Las Vegas. Les septiques sontnombreux. Le président de la compagnie aérienne United Airlines mentionne h<strong>au</strong>t etfort qu’il n’y avait pas de marché pour un tel avion, tandis que les concurrents semoquaient ouvertement du Global Express le qualifiant d’« avion de papier ».À mesure que l’avion prend forme, la société américaine Gulf Stream concurrente deBombardier, <strong>au</strong>trefois la reine incontestée du marché des avions d’affaires, perd peu àpeu son assurance, <strong>au</strong> point de contacter les clients de Bombardier pour offrir de leurrembourser les 250 000 dollars en dépôt versés sur un Global Express s’ils acceptentde changer leurs plans.D’un projet initial d’un milliard de dollars, Bombardier a réussi à ramener sa proprefacture à trois cents millions de dollars. Cet investissement constituait un risqueacceptable pour l’entreprise.Le Global Express est un bon exemple d’effectuation corporative. Il rejoint les cinqprincipes de l’effectuation, partir de ses moyens, établir la perte acceptable, profiter dessurprises, établir des partenariats et le contrôle de ses actions.157
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