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Lacan - La loi, le sujet et la jouissance

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<strong><strong>La</strong>can</strong> lui-même en prenait acte, affirmant qu'il avait<br />

fait de <strong>la</strong> «linguisterie », non de <strong>la</strong> linguistique 23 .<br />

Ainsi <strong>le</strong> concept central de signifiant, tel qu'il est<br />

employé par <strong><strong>La</strong>can</strong>, présente-t-il une différence<br />

radica<strong>le</strong> avec celui impliqué dans l'algorithme de<br />

Saussure 24.<br />

Le point primordial emprunté à Saussure est <strong>le</strong><br />

fait de <strong>la</strong> matérialité du signifiant <strong>et</strong> son caractère<br />

différentiel : un signifiant ne vaut que par opposition<br />

à un autre, <strong>et</strong> seu<strong>le</strong> sa situation dans <strong>la</strong> phrase<br />

perm<strong>et</strong> de lui donner une va<strong>le</strong>ur. Mais <strong>la</strong> différence<br />

vaut d'être accentuée, d'autant qu'el<strong>le</strong> a des conséquences<br />

décisives pour l'architecture de <strong>la</strong> pensée de<br />

<strong><strong>La</strong>can</strong>. El<strong>le</strong> est énoncée dans <strong>la</strong> définition suivante,<br />

très tôt formulée <strong>et</strong> restée inchangée jusqu'à <strong>la</strong> fin de<br />

son œuvre : «Le signifiant est ce qui représente un<br />

<strong>suj<strong>et</strong></strong> pour un autre signifiant ». On peut remarquer<br />

sa circu<strong>la</strong>rité apparente, selon <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> un signifiant<br />

renvoie à un autre, qui lui-même en fait autant <strong>et</strong><br />

ceci à l'infini, glissement qui n'est pas sans évoquer<br />

<strong>la</strong> règ<strong>le</strong> fondamenta<strong>le</strong> de <strong>la</strong> cure dite de l'association<br />

libre, qui n'est rien d'autre que ce renvoi infini d'un<br />

mot à un autre. Ce qui importe donc, c'est <strong>le</strong> lien<br />

différentiel d'un signifiant à d'autres <strong>et</strong> non pas celui<br />

d'un signifiant à un signifié.<br />

Mais <strong>la</strong> césure radica<strong>le</strong> est introduite par <strong><strong>La</strong>can</strong><br />

dans <strong>le</strong> terme de <strong>suj<strong>et</strong></strong>, concept introuvab<strong>le</strong> en linguistique<br />

<strong>et</strong> qui acquiert ici une p<strong>la</strong>ce essentiel<strong>le</strong> de<br />

23. J. <strong><strong>La</strong>can</strong>, Séminaire Encore, Éditions du Seuil, 1975, p. 20.<br />

24. Saussure propose <strong>le</strong> signe comme composé de deux<br />

faces, signifié sur signifiant. <strong><strong>La</strong>can</strong> opère sur c<strong>et</strong> algorithme <strong>le</strong><br />

dép<strong>la</strong>cement fondamental de p<strong>la</strong>cer au-dessus <strong>le</strong> signifiant,<br />

séparé par une barre du signifié en dessous. Le signifiant<br />

acquiert dans sa théorie une p<strong>la</strong>ce absoluinent préva<strong>le</strong>nte qu'il<br />

n'a pas chez Saussure.<br />

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