Lacan - La loi, le sujet et la jouissance
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juridique » <strong>et</strong> qu'il était pourtant impossib<strong>le</strong> d'en<br />
donner une version cohérente <strong>et</strong> unifiée 3.<br />
Le terme de <strong>suj<strong>et</strong></strong> de droit n'intervient pas en tant<br />
que tel dans <strong>le</strong>s textes juridiques où l'on trouve par<br />
contre celui de personnalité juridique, voire de personne<br />
humaine. Par contre l'individu concr<strong>et</strong> auquel<br />
se réfère une action juridique est déterminé par sa<br />
p<strong>la</strong>ce, sa fonction, son rô<strong>le</strong> dans <strong>la</strong> procédure : il est<br />
toujours <strong>suj<strong>et</strong></strong> du droit. Le <strong>suj<strong>et</strong></strong> de droit est celui<br />
qui est mis en fonction par <strong>le</strong> texte du droit, il est, en<br />
quelque sorte, <strong>le</strong> produit du texte juridique. C<strong>et</strong>te<br />
mise en fonction du <strong>suj<strong>et</strong></strong> dans <strong>le</strong> dr it n'implique<br />
pas une modalité unique ; on peut en repérer trois<br />
sortes, qui répondent chacune à des logiques spécifiques<br />
: <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> propriétaire, <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> auteur d'un acte<br />
juridique <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> responsab<strong>le</strong>. Rien ne perm<strong>et</strong> de<br />
prétendre qu'il s'agisse du même, <strong>suj<strong>et</strong></strong> décliné selon<br />
trois occurrences distinctes.<br />
Le <strong>suj<strong>et</strong></strong> propriétaire, qui est <strong>la</strong> figure qui domine<br />
tout <strong>le</strong> droit des biens, est défini par <strong>la</strong> capacité de<br />
posséder. Le <strong>suj<strong>et</strong></strong> n'est invoqué qu'au titre d'une<br />
possession particulière : un bien est référé à un <strong>suj<strong>et</strong></strong><br />
selon <strong>le</strong> droit de propriété, <strong>le</strong>quel se définit par <strong>la</strong><br />
<strong>jouissance</strong> de l'obj<strong>et</strong>, toujours particulière, conjoncturel<strong>le</strong>,<br />
limitée.<br />
L'auteur d'actes juridiques est un <strong>suj<strong>et</strong></strong> réputé<br />
avoir <strong>la</strong> puissance juridique de <strong>le</strong>s accomplir. On<br />
par<strong>le</strong>ra de capacité en droit privé ou de compétence<br />
en droit public, qui sont <strong>la</strong> condition pour déc<strong>la</strong>rer<br />
valides ces actes juridiques.<br />
Enfin <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> responsab<strong>le</strong> est <strong>le</strong> produit d'un lien<br />
établi entre des faits <strong>et</strong> un <strong>suj<strong>et</strong></strong>. Le <strong>suj<strong>et</strong></strong> sera celui à<br />
3. Comme <strong>le</strong> montre C. Grzegorczyck dans un artic<strong>le</strong> du<br />
numéro 34 des Archives de philosophie du droit consacré au<br />
<strong>suj<strong>et</strong></strong> de droit, Éditions Sirey, Paris, 1989.<br />
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