Lacan - La loi, le sujet et la jouissance
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qui il est possib<strong>le</strong> d 'imputer <strong>la</strong> responsabilité de certains<br />
faits. Il peut s'agir d'actions aussi bien que<br />
d'événements fortuits, indépendants de <strong>la</strong> volonté<br />
de quiconque.<br />
Quel<strong>le</strong> que soit <strong>la</strong> dimension à <strong>la</strong>quel<strong>le</strong> on se<br />
réfère, <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> de droit n'est pas défini par des propriétés<br />
qui lui seraient intrinsèques, mais· il résulte<br />
d'une interprétation qui obéit à des contraintes formel<strong>le</strong>s<br />
précises. Il n'y a pas en droit un <strong>suj<strong>et</strong></strong> dont<br />
l'essence se manifesterait selon diverses occurrences,<br />
mais il y a, sous certaines conditions, du <strong>suj<strong>et</strong></strong> de<br />
droit défini par certaines actions juridiques. Le <strong>suj<strong>et</strong></strong><br />
de droit est une fiction, unefictio <strong>le</strong>gis, qu'illustre <strong>le</strong><br />
fait que ,peuvent être déc<strong>la</strong>rés <strong>suj<strong>et</strong></strong> de droit <strong>le</strong> Fisc,<br />
<strong>la</strong> Couronne, l'État, ainsi que toutes <strong>le</strong>s «personnes<br />
mora<strong>le</strong>s ».<br />
Si <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> de droit est toujours as<strong>suj<strong>et</strong></strong>ti à l'ordre<br />
discursif, il n'apparaît que sous conditions, lorsqu'il<br />
vient en quelque sorte occuper <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce vide qui lui<br />
est méagée. Le procès ne connaît des <strong>suj<strong>et</strong></strong>s de droit<br />
qu'en fonction des p<strong>la</strong>ces logiques qui <strong>le</strong>ur sont<br />
assignées. L'expérience vécue des prétoires montre<br />
que <strong>le</strong>s individus que l'on rencontre excèdent bien<br />
sûr c<strong>et</strong> être abstrait. Mais l'erreur consiste à confondre<br />
l'individu concr<strong>et</strong> <strong>et</strong> l'imaginaire qu'il suscite avec<br />
c·<strong>et</strong>te fonction juridique abstraite <strong>et</strong> limitée. A ce<br />
titre, <strong>le</strong> droit comme <strong>la</strong> psychanalyse doivent se<br />
garder de confondre <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> <strong>et</strong> son image.<br />
Comm<strong>et</strong>lt en est-on arrivé à lier <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> du droit<br />
<strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> de l'inconscient dans sa version <strong>la</strong>canienne<br />
? Il y a certes une analogie possib<strong>le</strong> entre <strong>le</strong>s<br />
deux concepts si l'on considère que <strong>le</strong> <strong>suj<strong>et</strong></strong> freudien<br />
résulte d'une inscription, d'un texte précédent sa<br />
venue au monde. Les <strong>loi</strong>s du <strong>la</strong>ngage, l'interdit de<br />
l'inceste <strong>et</strong> <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de parenté, <strong>la</strong> mémoire dans <strong>la</strong><br />
<strong>la</strong>ngue d'événements traumatiques survenus aux<br />
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