september-2011

une nouvelle école artistique
Depuis un siècle, Central Saint Martins joue, du centre de
Londres, les arbitres de la mode. Cette institution de l’art et du
design, d’où sont sortis quelques-uns des plus grands noms de
la mode, s’apprête aujourd’hui à rejoindre King’s Cross. Claire
Kincaid revient sur son riche passé et son avenir prometteur
à la fête de départ du département Mode en juin, fl ottait
indubitablement un parfum de fi n d’époque. Au son de Jarvis
Cocker, ancien de la section Cinéma, chantant Common
People, hommage de Pulp au charme particulier et au melting
pot social de l’école, le gratin des faiseurs de tendance, de
Katie Grand, rédactrice à LOVE, au créateur Giles Deacon, se
remémorait ses années étudiantes.
Central Saint Martins est l’école d’art ouverte d’esprit par
excellence. Ici sont passés Lucian Freud, Gilbert et George,
John Galliano, Alexander McQueen et son successeur Sarah
Burton, entre autres. À Charing Cross Road, où Central Saint
Martins naquit en 1989 de la fusion entre la St Martin’s
School of Art et la Central School of Art and Design, une
plaque commémore le premier concert des Sex Pistols, en
1975. Un passé diffi cile à ignorer.
« Nous occupons le bâtiment de Central School depuis
103 ans et celui de St Martin’s depuis 73 ans. La mémoire
des générations imprègne nos murs », admet Jane Rapley,
doyen depuis 1996. Les murs en sont littéralement marqués.
Éclaboussures de peinture, décennies de graffi tis, antiques
“The Street” will be the hub of
the new Central St Martins
La « Rue », lieu d’échanges de
la nouvelle école CSM
presses d’imprimerie rafi stolées au chatterton : puissant
témoignage du passé mais aussi nœud du problème.
« Dans l’incertitude des grands changements, expliquet-elle,
on oublie les fuites, le froid en hiver, la chaleur en
été qui affl igent ces bâtiments dont l’entretien coûte une
fortune. » Peu adapté à une école d’avant-garde. Ajoutez le
coût prohibitif de la réduction des émissions de CO2 et de
l’aménagement pour les handicapés : déménager s’imposait.
Dans les années 80, les étudiants de l’école trouvaient leur
inspiration dans un Soho passé du punk à une scène de boîtes
de nuit extravagantes. L’arrivée de grandes enseignes a mis
un terme à cette belle énergie. Stoïque lors de la soirée, Jarvis
Cocker a souligné que les personnes étaient l’avenir et non les
murs. Rapley acquiesce : « Ce sont les personnes qui peuplent
ses murs qui constituent l’essence de CSM. »
Sous l’égide de l’Université des Arts, le nouveau campus de
King’s Cross rassemble enfi n quatre écoles jadis éparpillées :
Mode et textile, Art, Design graphique et industriel et le
Centre d’art dramatique de Londres. Si certains étudiants
craignent que l’on ne se dispute les ateliers, le plan est
d’encourager une interpénétration potentiellement féconde
des diff érentes disciplines.
« Le défi était de créer une plate-forme modulable, une
succession d’espaces que professeurs et étudiants puissent
orchestrer diff éremment », dit l’architecte Paul Williams
du cabinet primé Stanton Williams. Un choix prudent,
conservateur peut-être, pour un établissement aussi pointu.
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