september-2011
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À cheval entre mode et musique, Kitsuné défi e les oiseaux de<br />
mauvaise augure en affi chant une réussite insolente<br />
avec la stagnation de l’industrie musicale et la<br />
mainmise d’une poignée de géants sur l’industrie de la mode,<br />
être propriétaire d’une marque moitié label musical moitié<br />
ligne de vêtements semble être une position plutôt précaire.<br />
Pourtant, Gildas Loaëc et Masaya Kuroki semblent assez<br />
ravis de leur option de carrière.<br />
Lorsqu’ils se sont rencontrés à Paris à la fi n des années 90,<br />
le Breton était DJ et manager de Daft Punk à la recherche du<br />
nouveau fi lon musical et le Japonais, architecte amateur de<br />
musique en quête de distraction. De leur amitié et de leurs<br />
goûts musicaux et vestimentaires communs est né en 2002<br />
le label/ligne de vêtements parisien Kitsuné.<br />
En japonais, Kitsuné est un démon-renard métamorphe,<br />
moitié humain, moitié animal. La métaphore est plutôt<br />
heureuse. La répartition des tâches, quoique fl exible (Masaya<br />
est également DJ), est plutôt claire : Masaya s’occupe de la<br />
mode et Gildas de la musique.<br />
Parmi les projets de Gildas cette année, en plus de la<br />
onzième compilation avant-gardiste Kitsuné Maison, citons<br />
Kitsuné Parisien, qui met à l’honneur la nouvelle « French<br />
touch » en collaboration avec l’artiste-hôtelier-oiseau de<br />
nuit André, et le Gildas Kitsuné Club Night Mix, un album<br />
remix de découvertes récentes et de classiques ayant fait la<br />
renommée des DJ français à l’étranger.<br />
Kitsuné, c’est avant tout la découverte de nouveaux<br />
talents. C’est cette intuition qui a lancé les carrières des<br />
Klaxons et de La Roux. Les Nord Irlandais et Gallois de<br />
Two Door Cinema Club sont le principal projet de Gildas à<br />
l’heure actuelle. Il travaille avec eux depuis quatre ans. Un<br />
investissement dans tous les sens du terme. Qui paie.<br />
S’appuyer sur ses points forts, voilà, dit-on, le secret<br />
de la réussite en aff aires. Pour Kitsuné, il y a deux cartes<br />
maîtresses. Alors qu’un album coûte 15 €, une veste Kitsuné<br />
chiff re à plusieurs centaines. Et c’est l’univers de Masaya.<br />
Au lieu de créer une ligne prévisible de produits sans<br />
âme, il a opté pour une collection mixte rassurante mais<br />
exceptionnellement bien coupée et bien fi nie. Il travaille avec de<br />
petits fournisseurs et des artisans, qui collaborent également<br />
avec des maisons de luxe telles qu’Hermès et Chanel.<br />
Chaque collection porte le nom du fi lm dont elle est<br />
inspirée (Brokeback Mountain pour l’automne), avec une<br />
distribution mondiale remarquable dans des magasins<br />
branchés comme Selfridges, Dover Street Market et Oki-Ni<br />
à Londres. La maison-mère de Paris est quant à elle située<br />
dans le charmant quartier du Palais-Royal.<br />
Les collaborations sont essentielles, qu’il s’agisse de<br />
Mackintosh, Petit Bateau, du parfumeur James Heeley ou<br />
de grands noms de la chaussure comme Pierre Hardy et JM<br />
Weston, via les magasins Weston. Quand d’autres marques<br />
jouent les prix cassés, Kitsuné s’adresse à un public prêt à<br />
mettre le prix pour la qualité.<br />
Face à l’hémorragie fi nancière de l’industrie du disque,<br />
Gildas n’a pas de solution miracle. La philosophie Kitsuné<br />
est simple : diff user de la musique qu’on aime vraiment.<br />
« Chaque année, notre revenu augmente sans que nous<br />
sachions pourquoi », affi rme-t-il, plus surpris qu’autre chose.<br />
« En dépit de la situation du secteur, la musique continue<br />
à passionner les gens, en particulier les jeunes, poursuitil.<br />
Pour un ado de 15 ans, plus que tout autre moyen<br />
d’expression, c’est ce qui lui apporte le plus d’émotion et<br />
de souvenirs. C’est ce qui rassemble les gens, ce à quoi ils<br />
s’identifi ent. Malgré tout, la musique vaut toujours la peine<br />
qu’on se batte pour elle. » kitsune.fr<br />
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