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n’est-il pas ironique, pour un projet baptisé<br />

Silencio, de générer un tel buzz, sur le web et ailleurs ?<br />

Depuis des mois, cinéphiles et blogueurs guettent,<br />

fébriles, la moindre information susceptible de nourrir<br />

leurs fantasmes (souvent erronés) sur ce fameux club<br />

inspiré par David Lynch, qui devrait ouvrir bientôt à Paris.<br />

Forcément, devant un tel phénomène, l’heureux invité<br />

qui découvre en avant-première ce lieu mystérieux (dont<br />

le nom sibyllin est fi nalement le seul emprunt au club du<br />

« David Lynch a conçu la<br />

scénographie générale à<br />

partir d’un plan en 3D »<br />

Photography: Alexandre Guirkinger<br />

thriller psychologique Mulholland Drive) s’attend au pire :<br />

un club prétentieux, échouant magistralement à recréer<br />

l’attrait étrange de Twin Peaks ou Blue Velvet.<br />

Craintes balayées à la vue du jovial duo composé du<br />

propriétaire Arnaud Frisch, 37 ans (aussi directeur du<br />

label techno new wave Savoir-Faire), et du designer<br />

Raphaël Navot, 34 ans. Les deux hommes ont mis<br />

tout leur cœur dans ce projet ambitieux (budget :<br />

3,3 millions d’euros), à un moment où nombreux sont<br />

ceux qui sonnent le glas des nuits parisiennes.<br />

Dans ce labyrinthe de pièces aux ambiances aussi<br />

distinctes que les scènes d’un fi lm (salle de concert/danse,<br />

bibliothèque d’art ou cinéma 24 places, dans une déco<br />

théâtrale de rouge, de noir et d’or), le visiteur remarque<br />

quelques clins d’œil « lynchiens » : forêt surréaliste (un<br />

fumoir), miroirs dont les illusions optiques confèrent au<br />

lieu une atmosphère rêveuse un peu voyeuse ou cette<br />

gravure du maître reprise dans le motif de la moquette.<br />

Comme souvent dans les fi lms de Lynch, l’époque<br />

est incertaine. « J’aime décrire le style comme “futur<br />

nostalgique” », explique le designer israélien. En a-t-il profi té<br />

pour placer ses pions en vue d’une future collaboration<br />

au cinéma ? Sa voix douce éclate pour l’occasion d’un rire<br />

sonore : « J’adorerais ! Au moins on n’y passerait pas trois<br />

ans et il n’y aurait pas à composer avec la réalité ! »<br />

La réalité, pour le Silencio, fut surtout le passé de<br />

ce 142 rue Montmartre dans le sous-sol duquel le<br />

club a élu domicile, juste en dessous du Social Club,<br />

autre établissement de Frisch. C’est de cette ancienne<br />

imprimerie que sortit en 1898, le J’accuse de Zola à<br />

la une du journal L’Aurore. Le chantier fut intense<br />

avec un gros travail d’excavation avant de pouvoir<br />

commencer à y transposer la vision de Lynch.<br />

« Lynch a conçu la scénographie générale à partir d’un<br />

plan en 3D de l’espace. Je l’ai ensuite interprétée en une<br />

réalité physique. Plusieurs esquisses ont été échangées<br />

dans le plus grand secret. À partir de cela, j’ai travaillé avec<br />

de nombreux architectes et artisans pour voir ce qui était<br />

réalisable. Il y a eu des milliers d’ e-mails, des centaines de<br />

réunions. Nous sommes allés à LA ou Lynch venait à Paris.

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