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Politique
Schengen ou le faux problème
«La question Schengen se posera», avait déjà affirmé la Chancelière allemande Angela
Merkel le 31 août, en l’absence d’accord sur la question des migrants. Depuis, les
tensions entre pays en faveur de l’instauration de quotas et les pays opposés à cette
mesure ne cessent de croître, à mesure que le flux migratoire déferlant vers l’Europe
grossit, avec son lot de tragédies et de mesures politiques incohérentes prises à la
va-vite pour tenter d’endiguer la crise. C’est dans ce contexte de débâcle autour des
valeurs fondamentales de l’Europe et même de l’identité européenne que celle-ci
célébrait le mois dernier les trente ans des accords de Schengen. Dès lors, deux
questions essentielles se posent: «Les autorités européennes avaient-elles anticipé
pareil scénario lors de la mise en œuvre desdits accords?» et «Les accords de Schengen
doivent-ils être renégociés voire supprimés?».
“
Supprimer ‘Schengen’,
c’est se priver de certains
outils et mécanismes clés
de régulation des frontières
de l’UE
”
Al’heure où le Benelux, l’Allemagne et la
France se penchent sur l’«abolition» de leurs
frontières, au début des années 80, cette
période est précisément marquée par le
thème de l’immigration, qui a envahi la
scène politique sur une partie du continent.
Abien des égards, cette décennie constitue
des années charnières, puisque cette période
est celle du passage du travailleur étranger
aux «générations issues de l'immigration» et
d'une approche économique à une approche
politique et socio-culturelle du débat public
sur l'immigration. Des années de mutations
profondes aussi, marquées par la visibilité
accrue de l'Islam, la poussée associative, la
mondialisation des flux migratoires, de l'Est
et du Sud et leur diversification (familles, élites,
classes moyennes, demandeurs d'asile,
clandestins).
Dès lors, les dirigeants européens de l’époque
n’ont pas pu sous-estimer la problématique
de l’immigration (massive) lors de la
mise en œuvre de la convention de
Schengen. Rappelons d’ailleurs qu’après l’accord
de Schengen en tant que tel, conclu par
les cinq pays cités ci-dessus en 1985, la
convention de Schengen signée elle en 1990
(et qui n’entrera en vigueur qu’en 1995)
consacre de nouveaux articles relatifs à la
coopération policière et à l’immigration et
l’asile, des articles, qui, au final, deviendront
même ultra-majoritaires (100 articles sur
142). La convention consacre, entre autres,
la notion de «douane volante», permettant
des contrôles sur tout point du territoire, que
ce soit au niveau du contrôle des marchandises
ou des titres de séjour. En somme, «C’est
la notion de ‘frontière’ qui évolue, sortant de
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LG - Novembre 2015