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Manipulation : ne vous laissez plus faire !

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<strong>Manipulation</strong> : <strong>ne</strong> <strong>vous</strong> <strong>laissez</strong> <strong>plus</strong> <strong>faire</strong> !<br />

128<br />

- tirage n° 36269 n°<br />

Le pauvre ministre écarquillait les yeux car il <strong>ne</strong> voyait rien de ce que les<br />

deux escrocs lui décrivaient avec fougue et passion. Il pensait : « Serais-je<br />

donc un imbécile ou un incompétent ? C’est impensable ! Person<strong>ne</strong> <strong>ne</strong> doit<br />

savoir et encore moins se douter que je <strong>ne</strong> vois pas cette étoffe. » Il répondit<br />

à haute voix : « Oh ! C’est absolument ravissant, ces couleurs, ces motifs !<br />

Je <strong>ne</strong> sais comment dire mon admiration. Je vais de ce pas en parler à l’empereur<br />

qui sera absolument ravi. Vous pouvez me croire car je suis son <strong>plus</strong><br />

fi dèle serviteur. »<br />

« Voilà qui nous encourage », répondirent les deux tisserands en se regardant<br />

sans sourire. Puis ils remirent au ministre de l’empereur un élégant<br />

dossier confi dentiel pour compléter son information et le raccompagnèrent<br />

à la porte avec toute la déférence due à son rang.<br />

Préoccupé par la situation et avant d’aller voir l’empereur, le ministre<br />

prit quand même la précaution d’envoyer un de ses conseillers <strong>faire</strong> u<strong>ne</strong><br />

seconde visite aux deux tisserands.<br />

Celui-ci se précipita pour visiter l’atelier et il inspecta minutieusement<br />

les métiers à tisser sur lesquels les escrocs tissaient, très assidûment, et<br />

bien sûr, toujours sans le moindre fi l. « N’est-ce pas là u<strong>ne</strong> magnifi que<br />

étoffe ? » lui demandèrent-ils en lui montrant et en lui expliquant leur invisible<br />

ouvrage. « Votre ministre l’a longuement admirée lors de sa dernière<br />

visite. »<br />

« Je <strong>ne</strong> suis pourtant pas un imbécile » se dit le conseiller qui poursuivit :<br />

« Mes diplômes prouvent que je <strong>ne</strong> suis pas un incompétent. Tout cela est<br />

bien étrange, mais je <strong>ne</strong> dois rien en laisser paraître ». Il fi t alors l’éloge de<br />

ce qu’il <strong>ne</strong> voyait pas et les félicita chaleureusement pour leur travail. De<br />

retour au ministère, il fi t son rapport en utilisant habilement les arguments<br />

et les mots que les deux tisserands avaient employés pour le convaincre.<br />

Réconforté par ce témoignage, le ministre se rendit alors auprès de l’empereur<br />

pour lui dire tout le bien qu’il pensait du travail des deux tisserands.<br />

Au sortir du bureau de l’empereur, le ministre fut interviewé par les journalistes<br />

; la rumeur sur la beauté de l’étoffe prit u<strong>ne</strong> ampleur démesurée<br />

et tout le monde en parlait. L’un affi rmait être au courant de l’origi<strong>ne</strong> des<br />

dessins, un autre avait quelqu’un de sa famille qui connaissait quelqu’un<br />

qui avait aperçu le tissu. On faisait même des paris pour savoir quand le<br />

vêtement serait fi ni.<br />

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© Groupe Eyrolles

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