Manipulation : ne vous laissez plus faire !

© Groupe Eyrolles
- tirage n° 36269 n°
Enfi n le grand moment arriva. Les deux escrocs, qui venaient de travailler
toute la nuit pour mettre la dernière touche à leur œuvre, entrèrent dans la
grande salle d’audience de l’empereur. En présence de tous les dignitaires,
ils déshabillèrent l’empereur pour ensuite faire semblant de lui passer ses
nouveaux habits neufs. Ils s’exclamèrent : « Sentez comme ces vêtements
sont légers, on croirait ne rien avoir sur le corps. Votre majesté est d’une
élégance inouïe. On n’a jamais rien vu de pareil ! »
Pendant que l’empereur se tournait et se retournait devant le grand
miroir, les courtisans admiratifs commentaient bruyamment la beauté du
costume : « Dieu que vous êtes beau, comme ces couleurs vous vont bien !
On n’a jamais vu un aussi beau costume, aussi bien porté. Ces dessins sont
splendides ! C’est à la fois classique et révolutionnaire. Croyez-moi c’est
vraiment de l’art, on en parlera encore longtemps, et c’est un expert qui
vous le dit… »
Personne n’avait de mot trop fort pour clamer son admiration. Il y eut
même des femmes qui simulèrent un évanouissement devant tant de
beauté. Chacun, désireux de prouver qu’il n’était ni bête ni incompétent,
s’efforçait de montrer qu’il voyait les vêtements.
L’enthousiasme était tel, que l’empereur décida de montrer immédiatement
cette splendeur au peuple. L’annonce fut faite et le défi lé s’organisa
en un clin d’œil. Les deux escrocs s’approchèrent du monarque et lui accrochèrent
précautionneusement une immense traîne faite du même tissu
puis ils se reculèrent humblement sous les applaudissements et les acclamations
de l’assistance. Personne ne voulant montrer qu’il ne voyait rien,
le cortège s’ébranla et partit à travers la ville. Une foule nombreuse était
venue admirer l’évènement. Tout le monde applaudissait. On entendait
bien, ça et là, quelques rires, mais ils étaient vite couverts par les « chut ! »
scandalisés des bourgeois admiratifs qui se bousculaient au premier rang
pour acclamer l’empereur.
Pourtant, une petite voix d’enfant parvint à percer dans ce brouhaha : « Il
est tout nu le monsieur, pourquoi est-ce qu’il ne porte pas d’habit ? » Son
père qui le portait sur ses épaules s’exclama à son tour : « Écoutez la voix
de l’innocence, écoutez ce que vous dit cet enfant ! »
En entendant ces mots l’empereur réalisa ce qui se passait mais il ne
voulut rien en montrer. Tout en frissonnant à cause du petit vent frais qui
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Chapitre 8. Comment oser dire non
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