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papiers manuscrits à Pierre P<strong>au</strong>l, <strong>de</strong> Marseille, d'<strong>au</strong>tres <strong>au</strong> capitaine Masin chez qui, à Grasse, il finit<br />

ses jours. Les anciens compagnons en possédaient <strong>au</strong>ssi. C'est Pierre P<strong>au</strong>l qui se dévoua pour s<strong>au</strong>ver<br />

tout cela <strong>de</strong> l'oubli. Originaire <strong>de</strong> Salon, oncle par alliance <strong>de</strong> Bell<strong>au</strong>d, mais plus jeune que lui, qualifié<br />

parfois d'écuyer <strong>de</strong> Marseille, où il s'était établi, poète provençal lui <strong>au</strong>ssi avec <strong>de</strong>ux recueils, l’un<br />

imprimé la Barbouillado, l'<strong>au</strong>tre l'Autounado encore inédit et conservé à Carpentras, il avait entretenu<br />

les relations les plus suivies et les plus cordiales avec le neveu qui lui adresse sonnets, chansons,<br />

épîtres burlesques, et qui a sans cesse recours à lui. C'est Pierre P<strong>au</strong>l qui a mis tout son cœur à<br />

rassembler les textes épars, à y intéresser tous ceux qui avaient aimé le disparu, à leur communiquer sa<br />

propre foi, et les <strong>de</strong>ux noms, par là, sont <strong>de</strong>venus inséparables.<br />

Les circonstances favorisèrent la publication. Marseille avait alors à sa tête Charles <strong>de</strong> Cas<strong>au</strong>lx, un<br />

dictateur qui prétendait soustraire la ville à la souveraineté d'Henri IV, et constituer, à son profit, une<br />

sorte <strong>de</strong> république <strong>au</strong>tonome, avec un acolyte, le viguier Louis d'Aix. Ils eurent l’idée <strong>de</strong> fon<strong>de</strong>r une<br />

imprimerie à Marseille qui en était dépourvue, pour fournir <strong>de</strong> papiers administratifs les services<br />

municip<strong>au</strong>x, et on fit venir d'Avignon Jean Mascaron pour la diriger (1594). Avec l'assentiment <strong>de</strong><br />

Cas<strong>au</strong>lx, dont un fils avait connu Bell<strong>au</strong>d, on lui confia le manuscrit préparé par Pierre P<strong>au</strong>l. Ce recueil<br />

<strong>de</strong> vers provenç<strong>au</strong>x est le premier livre sorti <strong>de</strong> la première imprimerie marseillaise, et à ce titre, il est<br />

une curiosité dans l'histoire du livre. Il fut achevé d'imprimer le 20 octobre 1595, sous ce titre: Obros et<br />

rimos provenssalos <strong>de</strong> Loys <strong>de</strong> la Bell<strong>au</strong>dièro, gentilhomme prouvenss<strong>au</strong>, avec une dédicace<br />

reconnaissante <strong>au</strong>x vertueux et généreux seigneurs qui avaient patronné l'entreprise.<br />

L'ouvrage comprenait quatre parties, rangées <strong>de</strong> manière à respecter l’ordre chronologique <strong>de</strong><br />

composition, et chacune précédée <strong>de</strong> pièces liminaires en prose ou en vers <strong>de</strong>stinées à glorifier l'<strong>au</strong>teur,<br />

l'éditeur, ou les protecteurs.<br />

I. Les OBROS ET RIMOS, — 104 pages, 160 sonnets et quelques chansons ou complaintes, datent à<br />

coup sûr <strong>de</strong> 1572- 1574, contemporaines <strong>de</strong> la détention à Moulins. Ce qu'il y a <strong>de</strong> direct, <strong>de</strong> spontané<br />

dans le mouvement et l'émotion nous assure que ces vers n'ont pas été composés après coup, mais bien<br />

à l'ombre pour une fois propice du cachot.<br />

II. Le DON-DON INFERNAL, où sont décrites en langage provençal les misères et calamités d'une<br />

prison, à monsieur du Périer, gentilhomme provençal, a pu être composé, à Aix, vers 1583, pendant une<br />

secon<strong>de</strong> détention du poète. Sous une forme nouvelle, <strong>de</strong>s sixains, celui-ci a voulu regrouper ce qu'il<br />

avait exprimé <strong>de</strong> façon sporadique dans le recueil précé<strong>de</strong>nt. Ce Don- Don, en 1595, n'était pas inédit:<br />

il avait déjà été imprimé <strong>de</strong>ux fois avant là mort <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>teur, en 1585 (?) et en 1588.<br />

III. LOUS PASSA TENS, — 130 pages, 150 sonnets entremêlés <strong>de</strong> chansons et poèmes divers et <strong>de</strong><br />

quelques élucubrations bouffonnes en prose française, est un assemblage <strong>de</strong> ce qu'on a récolté, ou <strong>de</strong><br />

ce que Pierre P<strong>au</strong>l a retenu <strong>de</strong> la récolte. L'inspiration en est très variée, la matière <strong>au</strong>ssi. Au fil <strong>de</strong>s<br />

jours, Bell<strong>au</strong>d met en vers ce que l'occasion lui suggère, un court voyage, une déception d'amour, une<br />

querelle, une perte <strong>au</strong> jeu, un coup <strong>de</strong> mistral, une purgation, une ferra<strong>de</strong> à Arles. Le titre <strong>de</strong> Passa tens<br />

n'est pas mal choisi.<br />

IV. On ne peut que mentionner la Barbouillado, <strong>de</strong> Pierre P<strong>au</strong>l. L'éditeur zélé ne s'est pas oublié: il a<br />

inséré ici quelques pièces <strong>de</strong> lui, <strong>de</strong>stinées, pensait-il, à la postérité sous le couvert du mémorable<br />

neveu. Au titre <strong>de</strong> disciple, il mériterait qu'une monographie particulière lui fût consacrée.<br />

De cette édition unique, il ne reste plus qu'une vingtaine d’exemplaires. Aussi le lit-on peu. Mais<br />

quand on le découvre, voici comment s'accuse sa personnalité d'écrivain.<br />

Et d'abord ayant introduit le sonnet dans la poésie provençale, il se révèle maître ouvrier, expert à le<br />

construire, à l'équilibrer, à le conclure. Puis sa langue est pleine <strong>de</strong> saveur, non seulement parce qu'elle<br />

a le goût du cru, mais parce qu'il a sa façon propre d'utiliser le vocabulaire: l'entonnoir, chez lui, c'est<br />

l'estomac, l'estuch (étui) c'est la gorge ou le ventre. Il jongle avec les mots, les déforme, et ces<br />

dé<strong>format</strong>ions, <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s <strong>de</strong>vinettes. Avec cela <strong>de</strong>s images à surprises, <strong>de</strong>s allusions obscures, <strong>de</strong>s<br />

phrases à l'emporte-pièce, <strong>de</strong>s infinitifs où <strong>de</strong>s relatifs mal accrochés, — <strong>de</strong> sorte que Bell<strong>au</strong>d, qu'il l'ait<br />

voulu ou non, est pour nous un poète difficile; <strong>au</strong>cune page qui ne propose quelque curiosité <strong>de</strong> style,<br />

mais <strong>au</strong>ssi <strong>de</strong>s problèmes d'interprétation.<br />

Mais l'originalité foncière rési<strong>de</strong> dans la souplesse du talent, tour à tour tendre, élégiaque, voluptueux,<br />

précieux, puis brutalement trivial, ironique, dolent et soudain obscène. Mérite rare dans un recueil <strong>de</strong><br />

sonnets, on peut les lire d'affilée, le ton change <strong>de</strong> l'un à l'<strong>au</strong>tre, et <strong>au</strong>ssi le sujet ou l'exécution, sonnet<br />

galant, sonnet livresque, sonnet réaliste, sonnets fantaisistes ou narquois. Où il est passé maître, c'est

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