25.06.2013 Views

Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 29<br />

seulement pour défendre l'honneur et l'intégralité <strong>de</strong> l'Empire, ou <strong>de</strong>s intérêts<br />

vit<strong>au</strong>x qui ne pourraient l'être par <strong>de</strong>s moyens pacifiques » (n o 1.720).<br />

Ce n'est pas là le langage d'un « gouvernement <strong>de</strong> proie ». Et si sévèrement<br />

qu'on juge son action contre la Serbie en 1914, l'honnêteté force à<br />

admettre que, s'il a alors préféré la guerre à la paix, c'est qu'il a cru <strong>de</strong> bonne<br />

foi qu'il y allait <strong>de</strong> ses intérêts vit<strong>au</strong>x, et qu'ils ne pouvaient être protégés par<br />

<strong>de</strong>s moyens pacifiques.<br />

Au cours <strong>de</strong> l'<strong>au</strong>tomne <strong>de</strong> 1912, dans <strong>de</strong>s circonstances que tout le mon<strong>de</strong><br />

connaît, <strong>de</strong> graves difficultés s'élèvent <strong>de</strong> nouve<strong>au</strong> entre la Serbie et<br />

l'Autriche, qui envisage alors l'éventualité <strong>de</strong> la guerre. Mais l'Allemagne la<br />

retient, ainsi qu'il ressort <strong>de</strong> documents contenus dans le grand recueil <strong>de</strong>s<br />

archives diplomatiques alleman<strong>de</strong>s <strong>de</strong> 1871 à 1914. <strong>Le</strong> 9 novembre 1912,<br />

l'Empereur Guill<strong>au</strong>me précise à son Ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères, dans une<br />

note <strong>de</strong> sa main, comment il comprend l'alliance <strong>au</strong>stro-alleman<strong>de</strong> : « La<br />

Serbie veut une sortie et un port sur l'Adriatique, l'Autriche s'y oppose. La<br />

Russie semble soutenir la prétention serbe ; il peut en résulter qu'elle attaque<br />

l'Autriche. C'est alors le casus fœ<strong>de</strong>ris pour l'Allemagne, c'est-à-dire la<br />

mobilisation et la guerre sur <strong>de</strong>ux fronts, c'est-à-dire, avant <strong>de</strong> marcher sur<br />

Moscou, la nécessité <strong>de</strong> prendre d'abord Paris, qui sera sans doute soutenu par<br />

Londres. Ainsi l'Allemagne entrera contre trois gran<strong>de</strong>s puissances dans une<br />

lutte où elle risquera tout, même son existence, et où elle peut être écrasée.<br />

Tout cela, parce que l'Autriche ne veut pas voir les Serbes en Albanie ou à<br />

Durazzo. Ce n'est pas pour une pareille guerre que l'Allemagne a donné sa<br />

parole, que le peuple allemand s'enflammera, etc., etc. » (n o 12.349).<br />

<strong>Le</strong> 10 février 1913, le Chancelier Bethmann-Hollweg, dans une lettre<br />

privée <strong>au</strong> Ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères <strong>au</strong>trichien, dit : « Au cas où<br />

l'Autriche entrerait en conflit avec la Serbie, il f<strong>au</strong>t compter comme certain<br />

que les forces qui se tiennent <strong>de</strong>rrière la meute panslaviste l'emporteraient. Un<br />

examen objectif conduit à la conclusion qu'étant données les relations traditionnelles<br />

<strong>de</strong> la Russie avec les États balkaniques, il lui serait presque impossible<br />

<strong>de</strong> rester, sans une perte considérable <strong>de</strong> prestige, indifférente à une<br />

action militaire <strong>de</strong> l'Autriche contre la Serbie. <strong>Le</strong>s partisans d'une politique<br />

pacifique comme Sazonow et Kokovtzov seraient emportés par le courant <strong>de</strong><br />

l'opinion publique, s'ils voulaient s'y opposer. Une intervention russe conduirait<br />

à un conflit entre la Triplice, où l'Italie ne figurerait qu'avec un enthousiasme<br />

très relatif, et la Triple-Entente. L'Allemagne y porterait tout le poids<br />

d'une attaque française et anglaise » (n o 12.818).<br />

<strong>Le</strong> len<strong>de</strong>main 11, le chef <strong>de</strong> l'état-major général allemand Moltke mit<br />

<strong>au</strong>ssi son collègue <strong>au</strong>trichien Conrad en gar<strong>de</strong> contre les risques d'une guerre<br />

qui ne serait pas absolument justifiée : « Votre Excellence sait très bien qu'une<br />

guerre dans laquelle se joue l'existence d'un État exige le sacrifice volontaire

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!