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Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

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<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 66<br />

<strong>au</strong>rait sa source dans l'article 231 du traité <strong>de</strong> Versailles. Rien n'est plus<br />

inexact. La question <strong>de</strong>s responsabilités est née le jour, qui fut le premier <strong>de</strong> la<br />

guerre, où les gouvernements <strong>de</strong> l'Entente, dans leurs déclarations à leurs<br />

parlements respectifs, rejetèrent toute la responsabilité sur l'Allemagne à c<strong>au</strong>se<br />

<strong>de</strong> son « agression ». Tout <strong>de</strong> suite, cette thèse a soulevé partout à l'étranger<br />

<strong>de</strong>s protestations, et sa réfutation a suscité, pendant les cinq années qui<br />

séparent l'explosion <strong>de</strong> la guerre du traité <strong>de</strong> paix, <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> toutes<br />

sortes, dont l'intérêt et la valeur ne le cè<strong>de</strong>nt en rien <strong>au</strong>x ouvrages publiés<br />

ensuite, et qui n'avaient guère à voir avec la propagan<strong>de</strong> alleman<strong>de</strong>, alors<br />

encerclée. En France, où la censure empêchait une réfutation publique, l'opposition<br />

s'est manifestée dans une Société d'étu<strong>de</strong>s critiques et documentaires<br />

sur la guerre, qui n'avait d'<strong>au</strong>tre but que <strong>de</strong> combattre la thèse officielle <strong>de</strong>s<br />

responsabilités et ne connaissait rien <strong>de</strong>s journ<strong>au</strong>x et <strong>livre</strong>s allemands. M.<br />

Renouvin ignore tout cela moins que personne, puisque par sa fonction même<br />

il a sous la main tous les ouvrages sur le sujet.<br />

Cette question préjudicielle réglée, reprenons l'argumentation <strong>de</strong> M.<br />

Renouvin : Il trouve « superflu » d'avoir inscrit dans le traité <strong>de</strong> Versailles que<br />

l'Allemagne est seule responsable <strong>de</strong> la guerre. Si c'est vrai, pourquoi serait-ce<br />

superflu ? Il prétend que les gouvernements <strong>au</strong>teurs du traité eurent la main<br />

forcée par l'opinion publique. Il n'ignore cependant pas, pour ne parler que <strong>de</strong><br />

la France, que c'est MM. Poincaré et Viviani qui, à la séance du 4 août 1914,<br />

lancèrent <strong>de</strong>vant le parlement la légen<strong>de</strong> <strong>de</strong> « l'agression odieuse, traîtresse »<br />

<strong>de</strong> l'Allemagne contre la Russie et la France « surprises ». Il n'ignore pas que<br />

pendant chaque jour <strong>de</strong>s cinquante mois <strong>de</strong> carnage, princes <strong>de</strong> la politique, <strong>de</strong><br />

la presse, <strong>de</strong> l'université, <strong>de</strong>s académies, <strong>de</strong> l'église et <strong>de</strong> l'argent, stylés par le<br />

gouvernement, luttèrent à qui ferait entrer le plus profondément cette légen<strong>de</strong><br />

dans l'esprit public. Alors comment peut-il renverser les rôles <strong>au</strong> point <strong>de</strong> faire<br />

entendre que c'est le gouvernement qui eut le « crâne bourré » par le peuple ?<br />

D'ailleurs comment l'opinion publique <strong>au</strong>rait-elle imposé un article du traité ?<br />

M. Renouvin ne se souvient-il pas que les négociations eurent lieu sous le<br />

régime <strong>de</strong> la censure, et que le parlement lui-même fut tenu complètement à<br />

l'écart ?<br />

<strong>Le</strong> motif <strong>de</strong> l'article 231 fut tout bonnement que les vertueux, les pacifiques<br />

gouvernements alliés et associés, voulurent donner une base morale à<br />

l'énorme in<strong>de</strong>mnité <strong>de</strong> guerre qu'ils exigeaient sous le nom <strong>de</strong> « réparations<br />

<strong>de</strong>s dommages <strong>de</strong> la guerre » ; ce n'était pas le vaincu, mais l'agresseur qui<br />

paierait. L'avalanche d'acier qui s'était abattue pendant quatre ans sur la terre<br />

<strong>de</strong> France, les canons français et anglais en avaient bien vomi la moitié ; mais<br />

il s'agissait <strong>de</strong> séparer l'ivraie du bon grain, les obus défensifs <strong>de</strong>s obus<br />

agressifs. On installait le mythe <strong>de</strong> la légitime défense dans le plus grand traité<br />

<strong>de</strong> l'histoire, après en avoir fait la justification <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> guerre. Voilà<br />

la signification <strong>de</strong> l'article 231 : proclamer une fois <strong>de</strong> plus l'innocence <strong>de</strong>s<br />

gouvernements <strong>de</strong> l'Entente, donner à cette innocence, ils l'ont assez dit

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