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Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

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<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 9<br />

ment dans ce mon<strong>de</strong> que <strong>de</strong>s guerres offensives ; la défensive n'est <strong>au</strong>tre chose<br />

que la résistance à <strong>de</strong>s voleurs armés 1 ». Et, en effet, une guerre vraiment<br />

défensive serait celle d'un État qui serait attaqué par un <strong>au</strong>tre État comme un<br />

individu peut l'être par un voleur à main armée. Mais à moins <strong>de</strong> remonter <strong>au</strong>x<br />

guerres <strong>de</strong> clans, jamais une guerre n'a le caractère <strong>de</strong> résistance à <strong>de</strong>s voleurs<br />

armés. Quelle comparaison peut-il y avoir entre le passant inoffensif, victime<br />

surprise d'un bandit, et l'État qui, un litige s'élevant entre lui et un <strong>au</strong>tre État,<br />

préfère la guerre à l'abandon <strong>de</strong> ce qu'il considère comme son droit ou son<br />

intérêt. Si la guerre a une analogie, c'est avec le duel dans les pays où le duel<br />

est permis ou toléré. Or, on n'a jamais eu l'idée d'assimiler le duel à une<br />

agression, puisqu'il est accepté par les <strong>de</strong>ux champions. Bref, en 1914, un État<br />

<strong>au</strong>quel la guerre était déclarée ne pouvait se dire victime d'une agression<br />

criminelle, d'une part parce que la guerre étant légale ne pouvait être criminelle,<br />

<strong>de</strong> l'<strong>au</strong>tre parce que la guerre mo<strong>de</strong>rne suppose non-seulement un État<br />

qui la déclare ou la commence, mais un État qui l'accepte, et que celui qui<br />

l'accepte peut en être, soit quant à ses c<strong>au</strong>ses lointaines, soit quant <strong>au</strong>x<br />

circonstances <strong>de</strong> l'explosion, <strong>au</strong>tant et même plus responsable que l'<strong>au</strong>tre.<br />

*<br />

* *<br />

S'il y a une guerre qui ait consacré ces vérités, c'est bien celle <strong>de</strong> 1914. Il<br />

s<strong>au</strong>tait <strong>au</strong>x yeux qu'elle n'<strong>au</strong>rait pas eu lieu si la Serbie avait accepté la note <strong>de</strong><br />

l'Autriche, ou si l'Autriche avait expurgé cette note comme le voulait la<br />

Russie, ou si la Russie n'était pas intervenue, ou si l'Allemagne avait abandonné<br />

l'Autriche, ou si la France avait abandonné la Russie, ou si l'Angleterre<br />

avait abandonné la France. Une seule défection l'eût empêchée. Mais tous<br />

sacrifièrent la paix à ce qu'ils considéraient leur droit ou leur intérêt. Aucun ne<br />

fut donc innocent. Et puisque la guerre faisait partie du droit international, s'ils<br />

furent tous responsables, <strong>au</strong>cun ne fut juridiquement coupable, <strong>au</strong>cun n'avait<br />

commis <strong>de</strong> « crime ».<br />

Il n'en résulte évi<strong>de</strong>mment pas qu'ils avaient tous également raison ou tous<br />

également tort. Il fallait, comme pour toute guerre, apprécier les motifs pour<br />

lesquels chacun avait pris les armes. Celui-ci pouvait en avoir <strong>de</strong> meilleures<br />

que celui- là. Mais <strong>au</strong>cun assurément ne pouvait prétendre « n'avoir pas voulu<br />

la guerre ».<br />

1 Entretiens philosophiques, article Droit <strong>de</strong> la guerre.

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