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<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 80<br />

Écoutez maintenant Voltaire parler <strong>de</strong> la guerre : « Elle réunit tout ce que<br />

la perfidie a <strong>de</strong> plus lâche dans les manifestes, tout ce que la friponnerie a <strong>de</strong><br />

plus bas dans la fourniture <strong>de</strong>s armées ». Voilà la propagan<strong>de</strong> <strong>de</strong> la guerre du<br />

Droit et le patriotisme <strong>de</strong>s plaques blindées jugés en <strong>de</strong>ux lignes. Il disait <strong>de</strong>s<br />

guerres européennes <strong>de</strong> son temps : « On voit à la fois cinq ou six puissances<br />

belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt <strong>de</strong>ux contre quatre, tantôt une<br />

contre cinq, se détestant toutes également les unes les <strong>au</strong>tres, s'unissant ou<br />

s'attaquant tour à tour, toutes d'accord sur un seul point, celui <strong>de</strong> faire tout le<br />

mal possible ». Voilà pour la Croisa<strong>de</strong> contre la Barbarie. « Il n'y a pas <strong>de</strong> lois<br />

<strong>de</strong> la guerre. <strong>Le</strong> mal qu'elle ne fait pas, c'est la crainte ou l'intérêt qui l'arrête ».<br />

Voilà pour les prétendus défenseurs <strong>de</strong>s traités et <strong>de</strong>s neutralités. « Il n'y a <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux côtés que <strong>de</strong>s bêtes féroces ». Voilà pour la question <strong>de</strong>s atrocités.<br />

« Toutes les guerres sont agressives ». Voilà pour le mythe <strong>de</strong> la légitime<br />

défense.<br />

Imaginez ce que Voltaire eût dit <strong>de</strong> l'empoisonnement systématique <strong>de</strong>s<br />

esprits par les hommes mêmes qui ont pour mission <strong>de</strong> les éclairer. Vous avez<br />

certainement dans vos bibliothèques, et je suppose que vous avez lu cette<br />

littérature, signée <strong>de</strong>s noms les plus illustres <strong>de</strong> la politique et <strong>de</strong>s académies,<br />

où la haine <strong>de</strong> « l'agresseur » a été plus bassement, plus lâchement exploitée<br />

que ne l'a jamais été <strong>au</strong>cune superstition. « Ce qui rend la guerre détestable, a<br />

dit un Grec ancien, c'est qu'elle fait plus <strong>de</strong> méchants qu'elle n'en tue ». Jamais<br />

guerre n'en fut un meilleur témoignage ! Qu'atten<strong>de</strong>z-vous pour le dire <strong>au</strong>x<br />

peuples ? Quel meilleur moyen <strong>de</strong> les dégoûter <strong>de</strong> la guerre que <strong>de</strong> mettre et<br />

<strong>de</strong> tenir sous leurs yeux, comme dans un miroir, l'image <strong>de</strong> l'avilissement où<br />

on les a plongés ! Si cette tâche est <strong>au</strong>-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> vos forces ou contraire à vos<br />

goûts, il ne fallait pas accepter un legs <strong>de</strong> dix millions <strong>de</strong> dollars pour balayer<br />

<strong>de</strong> la terre cette souillure : la guerre. Vous <strong>de</strong>vriez, soit dit sans vous offenser,<br />

donner votre démission, et rendre l'argent.<br />

*<br />

* *<br />

J'arrive alors à une <strong>de</strong>rnière hypothèse. Votre Institut est étroitement lié<br />

<strong>au</strong>x cercles officiels. Deux <strong>de</strong>s délégués, non <strong>de</strong>s moindres, <strong>de</strong>s États-Unis à<br />

la Conférence <strong>de</strong> la paix, vous appartenaient : M. Lansing, Secrétaire d'État<br />

<strong>au</strong>x Affaires étrangères, qui a été votre Vice-prési<strong>de</strong>nt, et le professeur Brown<br />

Scott, qui est votre Secrétaire général. C'est eux qui représentaient les États-<br />

Unis à la Commission dite <strong>de</strong>s responsabilités, sur le rapport <strong>de</strong> laquelle s'est<br />

appuyée la Conférence pour condamner l'Allemagne. En procédant à une<br />

révision <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s responsabilités, vous prendriez une initiative qui<br />

pourrait déplaire à votre gouvernement, puisque celui-ci a jusqu'ici refusé <strong>de</strong>

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