25.06.2013 Views

Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

Le livre de Georges Demartial au format PDF (Acrobat Reader)

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 67<br />

euxmêmes, la force <strong>de</strong> la chose jugée 1 . Il ne fut donc pas, comme dit M.<br />

Renouvin, « superflu ».<br />

M. Renouvin reproche <strong>au</strong>x Allemands d'avoir saisi l'occasion <strong>de</strong> l'article<br />

231 pour organiser une campagne <strong>de</strong> propagan<strong>de</strong> sur la question <strong>de</strong>s responsabilités<br />

<strong>de</strong> la guerre. Il ne s'est donc jamais <strong>de</strong>mandé ce qu'il <strong>au</strong>rait fait s'il<br />

était Allemand. Existe-t-il un peuple qui se serait incliné <strong>de</strong>vant une pareille<br />

condamnation, l'estimant injuste ? Ah, si c'était le nôtre ! La guerre a fait en<br />

moi table rase <strong>de</strong> tout orgueil national. Mais je sais bien que si la même injure<br />

avait été faite à la France, nos Poincaré, nos Clemence<strong>au</strong>, nos Lavisse <strong>au</strong>raient<br />

trouvé pour la repousser <strong>de</strong>s accents <strong>au</strong>trement vigoureux que les Allemands.<br />

Et ce n'est pas d'eux qu'on <strong>au</strong>rait pu dire qu'ils avaient <strong>de</strong>s âmes <strong>de</strong> vaincus.<br />

Toute la question est <strong>de</strong> savoir si, dans leur réfutation <strong>de</strong> l'accusation<br />

portée contre eux, les Allemands disent la vérité ou non. M. Renouvin insinue<br />

que leurs trav<strong>au</strong>x n'intéressent que les milieux où la curiosité est plus gran<strong>de</strong><br />

que la compétence, mais reconnaît qu'ils ont trouvé <strong>de</strong> l'écho à l'étranger. Il<br />

résulte en effet d'une enquête récente que, sur cent professeurs d'histoire<br />

américains, trois seulement estiment que l'Allemagne est seule responsable <strong>de</strong><br />

la guerre 2 . M. Renouvin s'en console en disant que ce n'est pas le cas en<br />

France où d'ailleurs, dit-il avec une franchise dont il f<strong>au</strong>t lui savoir gré, « on<br />

ignore à peu près tout <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s responsabilités ». Mais, ajoute-t-il<br />

« on s'y accommo<strong>de</strong> fort bien <strong>de</strong> cette ignorance ». Je doute que tous les<br />

Français prennent cette phrase pour un compliment. Il doit y en avoir tout <strong>de</strong><br />

même qui préféreraient savoir.<br />

À la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que font <strong>de</strong>puis dix ans les Allemands d'une enquête ou d'un<br />

arbitrage, M. Renouvin objecte qu'on ne s<strong>au</strong>rait trouver <strong>de</strong>s hommes assez<br />

imparti<strong>au</strong>x pour s'en acquitter honnêtement 3 . Alors pourquoi veut-on faire <strong>de</strong><br />

l'arbitrage la base du droit international ? Si on ne peut trouver <strong>de</strong>s hommes<br />

capables <strong>de</strong> juger impartialement les c<strong>au</strong>ses d'une guerre passée, à une heure<br />

où les haines paraissent éteintes, on en trouvera bien moins encore pour<br />

arbitrer un conflit en pleine acuité, où <strong>de</strong>s intérêts énormes seront peut-être<br />

engagés, les pires passions <strong>au</strong>x prises. C'est <strong>au</strong> contraire une excellente<br />

occasion d'apprécier dans quelle mesure on peut compter sur l'arbitrage pour<br />

1 Voir La Mobilisation <strong>de</strong>s consciences, chapitre du Jugement <strong>de</strong> Versailles, pages 222-<br />

250.<br />

2 Enquête <strong>de</strong> la revue The World Tomorrow (<strong>Le</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>de</strong>main), numéro d'octobre<br />

1930.<br />

3 Dans un article <strong>de</strong> La Volonté du 16 octobre 1927, M. Victor BASCH, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la<br />

Ligue <strong>de</strong>s Droits <strong>de</strong> l'homme, a développé la même idée : « Soumettre la question <strong>de</strong>s<br />

responsabilités à la Société <strong>de</strong>s Nations ou à la Cour <strong>de</strong> La Haye ? F<strong>au</strong>t-il être assez peu<br />

psychologue pour admettre un seul instant que leurs nombres feraient passer la c<strong>au</strong>se<br />

<strong>de</strong> la justice objective avant leurs préoccupations nationales... Des conflits comme celui<br />

<strong>de</strong> 1914 ne peuvent être jugés comme <strong>de</strong>s c<strong>au</strong>ses qui mettent <strong>au</strong>x prises <strong>de</strong>s individus ».<br />

Soit. Mais la Ligue a été créée, lors <strong>de</strong> l'affaire Dreyfus, pour opposer la justice objective<br />

à la raison d’État, et veut supprimer la guerre par l'arbitrage. Alors ! ! !

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!