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<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 32<br />

pas l'épée ». <strong>Le</strong> 27, il écrit : « La France fera tout son possible pour détourner<br />

la Russie <strong>de</strong> toute « action guerrière ». <strong>Le</strong> 28 : « Il n'est pas douteux que la<br />

France et l'Angleterre interviendront énergiquement à Pétersbourg en faveur<br />

<strong>de</strong> la localisation du conflit <strong>au</strong>stro-serbe (Id. Annexe IV, 2, 11, 12). <strong>Le</strong>s<br />

premières communications reçues <strong>de</strong> Paris et <strong>de</strong> Londres après la remise <strong>de</strong> la<br />

note <strong>au</strong>trichienne à Belgra<strong>de</strong> avaient confirmé le gouvernement allemand dans<br />

cette croyance (id., 154, 235, 374), et le Chancelier avait télégraphié le 25<br />

juillet à l'Empereur, alors en croisière : « À Paris et à Londres, on travaille<br />

activement à la localisation du conflit » (id., 191). Cet état d'esprit était connu.<br />

<strong>Le</strong> 29, l'Ambassa<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> France à Rome télégraphiait : « <strong>Le</strong> Ministre <strong>de</strong>s<br />

affaires étrangères m'a dit que malheureusement la conviction <strong>de</strong> l'Autriche et<br />

<strong>de</strong> l'Allemagne avait été et est encore que la Russie ne marcherait pas » (Livre<br />

j<strong>au</strong>ne, p. 96).<br />

Si cependant, la Russie « voulait la guerre à tout prix », si ses alliées<br />

saisissaient une si immorale occasion <strong>de</strong> déchaîner la guerre européenne, alors<br />

c'est qu'elles voulaient la pe<strong>au</strong> <strong>de</strong> l'Allemagne, et saisiraient un <strong>au</strong>tre prétexte<br />

dès qu'il s'offrirait. Alors mieux valait pour l'Allemagne se résigner à la guerre<br />

maintenant, que d'attendre le moment où la disproportion <strong>de</strong>s forces entre les<br />

<strong>de</strong>ux camps se serait encore accentuée. Et le <strong>de</strong>stin <strong>de</strong> l'Allemagne s'accomplit.<br />

Il est facile, et c'est vrai en partie, <strong>de</strong> dire <strong>au</strong>jourd'hui que cette politique<br />

fut celle <strong>de</strong> Gribouille, qui se jetait à l'e<strong>au</strong> pour éviter la pluie. Mais elle n'était<br />

pas sans excuse. Il y a une phrase qui revient constamment dans les<br />

explications que donnent les hommes d'État <strong>au</strong>trichiens et allemands <strong>de</strong> leur<br />

attitu<strong>de</strong> dans la crise : « La propagan<strong>de</strong> panserbe menaçait l'empire <strong>au</strong>strohongrois<br />

dans son existence ». Elle n'avait pas été imaginée pour la galerie.<br />

Un an déjà avant la guerre, dans <strong>de</strong> longues instructions secrètes à l'ambassa<strong>de</strong>ur<br />

d'Allemagne, le Ministre <strong>de</strong>s affaires étrangères <strong>au</strong>trichien exposait les<br />

appréhensions que lui c<strong>au</strong>sait la politique serbe : « Elle touche <strong>au</strong> plus près<br />

nos intérêts vit<strong>au</strong>x, disait-il ; sa solution dans le sens grand serbe serait <strong>de</strong><br />

nature à mettre en question nos conditions d'existence » (Doc. <strong>au</strong>t., n o 8.157).<br />

Aujourd'hui qu'on connaît les <strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> la politique russo-serbe d'avantguerre,<br />

dont il ne <strong>de</strong>vait pas tout ignorer, on ne peut pas dire qu'il se soit<br />

exagéré le danger. Qu'après le drame <strong>de</strong> Serajevo, son allié ait fini <strong>au</strong>ssi par y<br />

croire, c'est <strong>au</strong> moins compréhensible.<br />

C'est pourquoi Berlin ne s'est pas contenté <strong>de</strong> plai<strong>de</strong>r la légitime défense.<br />

Croyant à la bonté <strong>de</strong> sa c<strong>au</strong>se, il a loyalement dit <strong>au</strong> Reichstag (trop tard il est<br />

vrai, mais la constitution <strong>de</strong> l'Empire ne l'obligeait pas à le consulter) qu'il<br />

avait résolu <strong>de</strong> risquer la guerre plutôt que d'abandonner l'Autriche. Il a donc<br />

moins trompé son peuple que le gouvernement républicain français qui, ne<br />

pouvant sérieusement soutenir qu'il faisait la guerre pour l'existence <strong>de</strong> la<br />

Russie, et ne voulant pas dire qu'il la faisait pour prendre sa revanche <strong>de</strong> 1870,

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