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<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 57<br />

conscient <strong>de</strong> ses responsabilités hésitera toujours à en déclarer une seule ». Un<br />

sociologue français, Élie Halévy, est allé récemment exposer <strong>au</strong>x étudiants<br />

anglais les c<strong>au</strong>ses <strong>de</strong> la guerre <strong>de</strong> 1914 .« Il f<strong>au</strong>t les chercher, dit-il, non dans<br />

les agissements <strong>de</strong> tels ou tels hommes d'État, non dans les inci<strong>de</strong>nts <strong>de</strong><br />

l'histoire diplomatique, mais dans les mouvements d'ensemble <strong>de</strong> l'opinion<br />

publique, dans une force collective, anonyme qui travaillait à la rupture, et<br />

contre quoi les hommes d'État étaient sans pouvoir ». Cette force serait le<br />

fanatisme national. Parlant <strong>de</strong> la Russie, l'<strong>au</strong>teur dit notamment que « l'enthousiasme<br />

patriotique <strong>de</strong>s masses » balaya les quelques chefs socialistes restés<br />

fidèles à l'idée <strong>de</strong> paix à tout prix 1 .<br />

Bien. Mais il y a d'<strong>au</strong>tres personnes qui imputent les guerres non <strong>au</strong>x<br />

peuples, mais <strong>au</strong>x gouvernements. <strong>Le</strong> général Broussilof, un <strong>de</strong>s rares<br />

génér<strong>au</strong>x russes qui tinrent tête <strong>au</strong>x Allemands, dit dans ses Mémoires :<br />

« Presque personne en Russie ne savait qui étaient ces Slaves pour lesquels on<br />

se battait. Ce qu'ils étaient restait également obscur pour les soldats. Pourquoi,<br />

à c<strong>au</strong>se <strong>de</strong>s Serbes, les Allemands avaient voulu nous faire la guerre, personne<br />

ne le savait. On menait les hommes à l'abattoir sans savoir pourquoi, c'est-àdire<br />

pour un caprice du Tsar. Notre paysan n'avait pas entendu parler <strong>de</strong>s<br />

ambitions <strong>de</strong> la Germanie ; il ignorait même l'existence <strong>de</strong> ce pays. Il savait<br />

encore moins ce qu'était l'Autriche. Il n'avait même pas une idée <strong>de</strong> ce qu'était<br />

sa mère : la Russie » 2 . Il y a un moyen bien simple d'empêcher la responsabilité<br />

d'une guerre d'osciller ainsi entre gouvernements et gouvernés, c'est<br />

d'exiger le consentement <strong>de</strong>s gouvernés.<br />

<strong>Le</strong>s journ<strong>au</strong>x (novembre 1930), nous apprennent ces déclarations <strong>de</strong> M. le<br />

Maréchal <strong>de</strong> la Diète <strong>de</strong> Pologne à un journaliste français, le correspondant du<br />

Petit Parisien, qui les admet conformes à la réalité : « Il n'est pas un paysan,<br />

pas un bûcheron qui ne soit décidé à défendre par les armes le principe <strong>de</strong><br />

l'intégrité territoriale. À la plus minime rectification <strong>de</strong> frontière nous préférons<br />

la mort ». Il s'agit du corridor <strong>de</strong> Dantzig ! Si c'est vrai, comment ne senton<br />

pas que la plus élémentaire honnêteté, le plus élémentaire pacifisme<br />

exigent que ces paysans et ces bûcherons polonais, qui furent parmi les plus<br />

pitoyables martyrs <strong>de</strong> la guerre européenne puisqu'ils étaient entre l'enclume<br />

et le marte<strong>au</strong>, le disent eux-mêmes.<br />

Notez que si M. le Maréchal <strong>de</strong> la Diète affirme avec tant <strong>de</strong> superbe que<br />

les paysans polonais préféreraient la mort à la plus minime rectification <strong>de</strong><br />

frontière, c'est qu'il escompte l'alliance <strong>de</strong> la France, à qui on dit que sa frontière<br />

est désormais sur la Vistule 3 . Mais s'il savait que les paysans français<br />

1 La revue <strong>Le</strong>s libres propos, septembre 1930.<br />

2 J'emprunte cette citation à un article <strong>de</strong> M. JUDET dans La Volonté du 29 septembre 1930.<br />

3 <strong>Le</strong> déplacement <strong>de</strong>s frontières dans l'espace est très utilisé pour justifier la légitime<br />

défense. <strong>Le</strong>s frontières <strong>de</strong> l'Empire britannique en Europe, disait lord Kitchener, c'est la

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