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<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 54<br />

guerre. Ses députés la votent pour lui. Mais la souveraineté ne se délègue pas,<br />

a dit Rousse<strong>au</strong>. S'il y a un cas où ce soit vrai, c'est bien celui <strong>de</strong> la guerre, car<br />

le droit <strong>de</strong> guerre est bien le droit souverain par excellence. Puisque les peuples<br />

sont souverains, comment se fait-il qu'ils ne l'exercent pas eux-mêmes !<br />

Dans The great illusion, Norman Angell écrivait, quatre ans avant la<br />

guerre : « On ne peut lire le discours d'un homme d'État, même <strong>de</strong> premier<br />

ordre, ou un article <strong>de</strong> fond, même dans nos plus grands journ<strong>au</strong>x, traitant <strong>de</strong>s<br />

relations internationales, sans y trouver comme admis que les gouvernements<br />

européens ont les instincts <strong>de</strong>s s<strong>au</strong>vages congolais, la prévoyance <strong>de</strong>s voleurs<br />

<strong>de</strong> bétail, et la moralité commerciale d'aventuriers sud-américains » 1 . La<br />

gran<strong>de</strong> guerre et la gran<strong>de</strong> paix ont prouvé, <strong>au</strong>-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> toutes prévisions, que<br />

c'est bien ainsi que se comportent les gouvernements européens en matière <strong>de</strong><br />

politique extérieure. Alors qu'est-ce qu'on attend pour les dépossé<strong>de</strong>r du droit<br />

<strong>de</strong> guerre ? Et comment Norman Angell lui-même peut-il leur faire encore<br />

crédit <strong>au</strong> point <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r qu'on confie à la Société <strong>de</strong>s Nations, qui n'est<br />

que leur émanation, et à une force armée qui serait à ses ordres, la mission <strong>de</strong><br />

faire régner la justice internationale ? Ne serait-ce pas remettre les tribun<strong>au</strong>x<br />

et la gendarmerie <strong>au</strong>x voleurs ?<br />

Avant la guerre mondiale, il y avait dans tous les pays, notamment en<br />

Allemagne 2 et en Angleterre, <strong>de</strong>s éléments pacifistes très importants. Pendant<br />

la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> tension, une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s journ<strong>au</strong>x allemands et anglais, et<br />

non <strong>de</strong>s moindres, se montra opposée à la guerre, les premiers ne voulant pas<br />

entendre parler d'une guerre pour l'Autriche, et les seconds d'une guerre pour<br />

la Serbie ; cette opposition s'exprima, même chez <strong>de</strong>s journ<strong>au</strong>x <strong>de</strong> droite, avec<br />

une extraordinaire véhémence. Elle fut balayée comme un fétu par les ordres<br />

<strong>de</strong> mobilisation. La volonté <strong>de</strong> paix <strong>de</strong>s peuples n'avait donc servi à rien.<br />

Mettez la guerre <strong>au</strong>x voix, et cette volonté prendra toute sa valeur, puisqu'il<br />

dépendra d'elle que la guerre soit ou ne soit pas. « Si mes soldats commençaient<br />

à penser, <strong>au</strong>cun d'eux ne resterait dans les rangs », disait Frédéric II. À<br />

plus forte raison en serait-il ainsi <strong>de</strong>s soldats d'<strong>au</strong>jourd'hui qui, non soldats <strong>de</strong><br />

métier, mais soldats malgré eux, ont tout à perdre et rien à gagner dans une<br />

guerre. <strong>Le</strong> rôle du pacifisme doit être <strong>de</strong> leur apprendre à penser. Ne seraientils<br />

pas forcés <strong>de</strong> penser s'il dépendait d'eux que la guerre soit ou ne soit pas ?<br />

Voilà le premier coup à frapper. Pour justifier leur guerre et leur paix, les<br />

vainqueurs <strong>de</strong> 1918, qui avaient passé la guerre à disposer <strong>de</strong>s peuples dans<br />

leurs traités secrets, comme d'une marchandise, eurent l'<strong>au</strong>dace <strong>de</strong> prétendre,<br />

l'empire russe et l'empire <strong>au</strong>stro-hongrois s'étant écroulés contre leur désir,<br />

qu'ils avaient fait la guerre « pour que les peuples puissent disposer d'euxmêmes<br />

». Eh bien, il f<strong>au</strong>t les prendre <strong>au</strong> mot. Est-ce que le premier droit d'un<br />

1 Page 71 <strong>de</strong> l'édition française.<br />

2 Voir La Mobilisation <strong>de</strong>s consciences, première partie, chapitre IV.

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