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<strong>Georges</strong> <strong>Demartial</strong>, <strong>Le</strong> mythe <strong>de</strong>s guerres <strong>de</strong> légitime défense (1931) 50<br />

Je n'ignore pas ces arguments, puisqu'on les trouve chaque jour dans les<br />

discours <strong>de</strong>s gouvernements et les écrits <strong>de</strong>s journ<strong>au</strong>x 1 . Mais ma conscience<br />

m'oblige à répondre que, loin <strong>de</strong> me convaincre, ils me font grincer <strong>de</strong>s <strong>de</strong>nts.<br />

N'est-il pas écrit dans l'histoire que la France fut un <strong>de</strong>s États qui firent le plus<br />

souvent la guerre, et qui ouvrirent le plus souvent les hostilités ? Quand elle a<br />

subi une invasion, n'est-ce pas parce qu'elle n'avait pas pu la porter chez<br />

l'adversaire ? Si la France a le droit <strong>de</strong> rester armée pour sa sécurité, pourquoi<br />

les <strong>au</strong>tres États ne l'<strong>au</strong>raient-ils pas <strong>au</strong>ssi ? En quoi une Allemagne désarmée<br />

est-elle moins une tentation que ne le serait une France désarmée ? Si la<br />

France disait qu'elle veut rester forte pour gar<strong>de</strong>r les fruits <strong>de</strong> sa victoire, il n'y<br />

<strong>au</strong>rait qu'à s'incliner, car c'est dans la règle du jeu, et ce serait reconnaître<br />

qu'on a le droit <strong>de</strong> s'armer pour les lui reprendre. Mais quand on lui fait dire<br />

que, si ses dépenses militaires sont près du triple <strong>de</strong> celles d'avant-guerre 2 ,<br />

c'est qu'elle veut être l'Ange gardien du mon<strong>de</strong>, le mon<strong>de</strong> trouve qu'on se<br />

moque <strong>de</strong> lui, et ne se gêne pas pour le dire.<br />

« La France immortelle, a dit M. P<strong>au</strong>l Boncour, Prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> la Commission<br />

<strong>de</strong>s Affaires étrangères <strong>de</strong> la Chambre, veut attacher son char à l'étoile <strong>de</strong><br />

la paix ». Pourquoi ne l'y a-t-elle pas attachée en 1871 ? C'est quand on est<br />

vaincu, non quand on est vainqueur, qu'il y a du mérite à être pacifique. Au<br />

début du XVIII e siècle, l'abbé <strong>de</strong> Saint-Pierre publia un projet <strong>de</strong> pacification<br />

perpétuelle <strong>de</strong> l'Europe qui reposait, comme le pacte <strong>de</strong> la Société <strong>de</strong>s<br />

Nations, sur l'acceptation par les divers États du statu quo territorial. Mais,<br />

observait l'<strong>au</strong>teur, comme la France vient d'être dépouillée par le traité<br />

d'Utrecht <strong>de</strong>s conquêtes <strong>de</strong> Louis XIV, on ne pourra l'accuser <strong>de</strong> vouloir tirer<br />

avantage <strong>de</strong> cette condition. Voilà un scrupule qui paraîtra bien étrange à nos<br />

pacifistes gouvernement<strong>au</strong>x.<br />

À l'occasion du douzième anniversaire <strong>de</strong> l'armistice, M. P<strong>au</strong>l Boncour a<br />

dit encore : « La victoire <strong>de</strong> l'Allemagne en 1871 avait imposé à l'Europe la<br />

course <strong>au</strong>x armements. La victoire <strong>de</strong> la France du 11 novembre 1918 doit l'en<br />

dé<strong>livre</strong>r ». Pourquoi cette différence ? Si en 1871 l'Allemagne, sous le prétexte<br />

qu'elle avait été attaquée, avait exigé que la France réduisît son armée à<br />

cent mille hommes, livrât sa flotte, détruisît ses forts et ses canons, puis avait<br />

mis comme condition d'une réduction <strong>de</strong> ses propres armements qu'on créerait<br />

une armée internationale pour assurer l'inviolabilité du traité <strong>de</strong> Francfort,<br />

enfin avait prétendu fermer ainsi le temple <strong>de</strong> la guerre, et mettre la clef dans<br />

sa poche, <strong>au</strong>rions-nous pensé que l'Allemagne montrait, comme M. Herriot<br />

vient <strong>de</strong> le dire <strong>de</strong> la France <strong>au</strong> congrès du parti radical-socialiste (octobre<br />

1 <strong>Le</strong> pacifisme français n'est pas d'<strong>au</strong>jourd'hui, ni même d'hier, il date <strong>de</strong> nos origines (<strong>Le</strong><br />

Temps, 24 septembre 1930).<br />

2 19.019 millions <strong>de</strong> francs contre 7.360, d'après les calculs <strong>de</strong> M. ANTONELLI, député (La<br />

Lumière, novembre 1930).

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