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LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

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de l’URSS visant à accrotre la puissance nucléaire et le nombre des<br />

superarmes de 1940 à 1980 n’a été qu’une dilapidation d’argent inutile,<br />

absurde. Mais dites-le à n’importe quel militaire ou homme politique de<br />

Russie, et il sera vexé. Le stalinisme n’est pas mort en nous. Landau disait,<br />

le 1er décembre 1956 : « Si notre système ne peut pas s’effondrer de<br />

façon pacifique, la troisième guerre mondiale est inévitable, avec toutes<br />

les horreurs qui en découleront. Si bien que l’abolition pacifique de<br />

notre système est au fond liée au sort même de l’humanité. » Le 4<br />

décembre 1956, il développa cette idée dans une conversation avec<br />

Chkolnikov, membre correspondant de l’Académie des Sciences de<br />

l’URSS : « J’estime que si notre système est aboli sans guerre — peu<br />

importe que ce soit par révolution ou évolution —, il n’y aura pas du tout<br />

de guerre. Sans fascisme, pas de guerre. »<br />

Le système soviétique mit tout en œuvre pour abréger les jours de<br />

Landau et de Sakharov. La tragédie de la Russie au XXe siècle consiste en<br />

ce qu’elle a été dirigée par des hommes peu cultivés ou par des fous, parfois<br />

même par les uns et les autres en une seule personne. Les Américains,<br />

pour étrange que cela paraisse, ont toujours disposé d’un accès officiel ou<br />

illégal à la plupart de nos secrets. Ce qu’ils voulaient obtenir, ils le prenaient<br />

en perçant avec leur front les murs à tous les étages du pouvoir, dit<br />

le cosmonaute Oleg Makarov. En ajoutant : mais sur notre station orbitale<br />

Mir, il n’y a rien que les Américains aient envie de voler. Ils disposent de<br />

tout ce qu’il faut, et quant aux bagatelles technologiques que nous avons<br />

mis des décennies à élaborer, nous les leur livrerons de toute façon.<br />

Makarov s’indigne que notre pays misérable se soit permis le luxe d’accepter<br />

gratuitement sur Mir un astronaute américain, en échange de la<br />

promenade inutile d’un Russe à bord de la navette américaine<br />

(Moskovskié novosti, 25 avril 1993). Peut-être la NASA acceptera-t-elle<br />

avec condescendance d’installer sur sa future station Freedom les batteries<br />

solaires, les bioréacteurs et les fours pour semi-conducteurs conçus en<br />

Russie. Nos chercheurs, sélectionnés par les Américains, travaillent déjà à<br />

l’université du Maryland sur des commandes de la NASA. Il se peut que<br />

la Russie reçoive, pour sa participation au projet Freedom, plusieurs centaines<br />

de millions de dollars, mais les Américains en économiseront grâce<br />

à nous 7 à 8 milliards.<br />

Éternellement condamnés à perdre dans leurs transactions avec<br />

l’Occident, les directeurs de nos science-villes sont contraints de s’initier<br />

à une approche économique normale. Le plus utile pour la Russie serait<br />

soit de geler entièrement ces technopolis, soit de les faire coopérer étroitement<br />

avec les partenaires occidentaux appropriés. A l’époque de son essor,<br />

notre science militaire avait absorbé tant de réserves que les directeurs<br />

peuvent, durant une bonne décennie, continuer d’écouler à l’étranger<br />

matières premières, produits et savoir-faire pour une bouchée de pain, en<br />

persuadant ainsi tout le monde que les choses nullement mauvaises venant<br />

de chez nous ne coûtent presque rien.<br />

Rien de fortuit si, dans toutes les science-villes précitées et dans les<br />

gigantesques Groupes Science-Production (GSP), les commis voyageurs<br />

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