LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN
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Soviet Suprême, maintenait sous sa férule les banques du pays. La<br />
majorité communiste au parlement pouvait donc combattre avec efficacité<br />
le gouvernement abhorré par elle. Le député Victor Mironov<br />
racontait (Izvestia, 17 mars 1993) combien il était avantageux pour les<br />
banques d’ajourner les paiements aux entreprises et le versement des<br />
salaires, ainsi que d’organiser des faillites exemplaires d’entreprises<br />
privées en freinant artificiellement les opérations financières, ou bien<br />
de couvrir les promoteurs des « affaires du siècle » en retirant des banques,<br />
sur la base de faux documents, 900 milliards de roubles ou des<br />
centaines de millions si l’on compte en dollars. Sous Khasboulatov, les<br />
banques relevaient officiellement de la compétence du parlement.<br />
Lorsque l’indignation face à ce sabotage fut générale, les plus grandes<br />
des banques se virent subordonnées à la fois au parlement et au gouvernement.<br />
En 1993, avec la bénédiction de la Cour constitutionnelle, l’activité du<br />
PCUS fut presque entièrement rétablie. L’ancienne nomenklatura communiste<br />
détenait désormais tout le pouvoir au Soviet Suprême. Mais outre<br />
le « crachoir » parlementaire, l’oligarchie communiste possède des<br />
sommes d’argent considérables volées au peuple. En effet, un millier de<br />
sociétés mixtes et autant de banques commerciales furent créées en un<br />
clin d’œil par la nomenklatura qui n’avait qu’à puiser dans les caisses de<br />
la Banque d’État. Les « favoris » pouvaient acheter des devises à des cours<br />
10 ou 20 fois inférieurs à celui du marché. Des dizaines de milliers de «<br />
petites entreprises », groupes, associations, structures commerciales et<br />
financières, reçurent presque pour rien et pour une durée illimitée des<br />
biens immobiliers, des moyens de transport, des matières premières et des<br />
unités de production. Au demeurant, nul n’a besoin du bric-à-brac des<br />
usines et fabriques, la nomenklatura ayant préféré mettre la main sur les<br />
banques, sur l’argent, c’est-à-dire sur l’essentiel. Et la faillite fortuite de la<br />
machine parlementaire, en octobre 1993, n’a au fond presque rien changé<br />
à tout cela.<br />
Ni Boris Eltsine, ni un seul gouvernement des démocrates n’ont pu<br />
prendre le contrôle d’un empire financier aussi important que la Banque<br />
centrale de Russie. Le matre y fut d’abord Matioukhine, un officier du<br />
KGB. Puis il a été remplacé par Victor Guérachtchenko, celui-là même<br />
qui dirigeait la Banque d’Etat de l’URSS à l’époque où l’on vit partir à l’étranger<br />
la réserve or du pays, disparatre tout l’argent du PCUS, tandis que<br />
se formaient des lots de prospérité financière personnelle pour l’élite de<br />
la nomenklatura soviétique. Kroutchina est mort, mais Guérachtchenko a<br />
survécu. Dès le retour de cet « Héraclès » (comme l’appellent ses collègues<br />
et employés) à la Banque centrale, on a cessé toute recherche de l’or du<br />
parti, car sa signature figure au bas de maints documents ayant assuré le<br />
transfert de l’or et des devises à l’étranger.<br />
L’arrivée de Guérachtchenko à la tête de la Banque centrale de<br />
Russie s’est accompagnée d’une chute massive du rouble et, en même<br />
temps, de la généreuse distribution de crédits « techniques » gratuits aux<br />
pays de la CEI, ainsi que de subsides forfaitaires aux organisations russ-<br />
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