LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN
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Routsko, qui avait reçu son étoile de Héros de l’Union soviétique pour<br />
avoir bombardé les villages afghans, était entré en connivence avec les fascistes<br />
de Barkachov (UNR) et l’Union des officiers de Térékhov. Des centaines<br />
de combattants de ces deux organisations ont tué un grand nombre<br />
de gens près du parlement et dans d’autres endroits de Moscou durant les<br />
journées d’octobre, pris d’assaut le siège du contre-espionnage militaire,<br />
l’état-major des forces unies de la CEI, trois centraux téléphoniques, la<br />
tour de télévision Ostankino, la mairie, l’agence TASS et le comité des<br />
douanes.<br />
Quant au ministère de la Sécurité, il continue de veiller et de garder le<br />
silence. Des centaines de gens de la « réserve active » sont « planqués »<br />
dans les couloirs du pouvoir à Moscou et dans les régions. Quand on<br />
demande aux gens du ministère pourquoi ils font preuve d’une telle<br />
tolérance à l’égard des « bruns », ils ne tarissent pas et insinuent que le<br />
pouvoir n’aime pas le « négatif », que la surveillance politique des citoyens<br />
leur est désormais interdite, qu’ils sont eux-mêmes en butte à la calomnie,<br />
etc. Les hommes du KGB ont toujours été grassement rémunérés et,<br />
aujourd’hui encore, ils cherchent à servir non pas une idée mais le plus<br />
offrant.<br />
Or on sait entre les mains de qui se trouve à présent l’argent. Chaque<br />
structure publique ou privée commence son recrutement de personnel en<br />
flanquant d’un colonel du KGB (il n’y a pas suffisamment de généraux<br />
pour tout le monde) son président ou directeur. On va même jusqu’à<br />
embaucher les aspirants et les soldats du rang qui ont servi dans les gardefrontières<br />
ou dans les unités spéciales de l’armée (spetsnaz). Ainsi, la compagnie<br />
pétrolière russe Youkos, qui occupe le sixième rang dans le monde,<br />
n’a rien à craindre des douanes ou du fisc, puisque son vice-président est<br />
Victor Ivanenko, ex-président du KGB de la Fédération de Russie, puis<br />
directeur de l’Agence de sécurité fédérale (plus tard transformée en ministère<br />
de la Sécurité de Russie).<br />
On a vu que Guérachtchenko ne ménageait pas l’argent liquide pour<br />
les putschistes du parlement. Mais quelle fut l’aide apportée au gouvernement<br />
des démocrates par notre valeureuse Tchéka ? Seulement le conseil<br />
donné aux représentants du mouvement Russie démocratique par E.<br />
Sevostianov, chef de la sécurité à Moscou, à savoir que, dans la nuit du 3<br />
au 4 octobre, ils feraient mieux de cacher leurs épouses et enfants chez des<br />
parents (Izvestia, 3 décembre 1993). C’est pourtant dans la Russie<br />
indépendante que le ministère de la Sécurité a reçu des prérogatives officielles<br />
inoues (tacitement il les avait toujours eues) : écouter et épier sans<br />
la sanction du procureur. Ce même ministère avait rédigé lui-même, et<br />
fait adopter par le parlement et le président, une Loi sur les archives qui<br />
remettait de nouveau aux tchékistes le contrôle total de l’information en<br />
Russie, de même que le contrôle de toute l’économie, plus exactement de<br />
ses morceaux de choix : la banque, les douanes, le trafic des armes et de la<br />
drogue. Le pays s’est ainsi retrouvé sous le talon de fer du KGB, même si<br />
ses anciens collaborateurs ont en poche la carte de l’une des centaines<br />
d’organisations les plus importantes de Russie. Il s’agit là d’une mafia,<br />
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