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LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

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d’ailleurs : « Les généraux du CMI sont-ils prêts à commander sans qu’on<br />

leur souffle ? », c’est-à-dire sans les instructions des ministères fédéraux.<br />

La reconversion a démarré en 1989, à l’époque de Gorbatchev, lorsque<br />

l’on fixa un niveau précis de réduction des dépenses pour l’achat d’armements<br />

et de matériel militaire jusqu’en 1995. La réduction de la production<br />

de matériel de guerre a été plus ou moins réussie, atteignant presque<br />

20 % par an en 1989 et 1990. Mais pour ce qui est de la production civile,<br />

comme le notait Nikola Nikolaev (Délovyé lioudi, août 1993), ces mêmes<br />

usines militaires n’ont obtenu qu’une augmentation de 1,5 % en 1989 et 5<br />

% en 1990. Les entreprises engagées dans la reconversion ont d’emblée filé<br />

un mauvais coton. « De l’avis unanime des spécialistes, la reconversion<br />

s’est avérée mille fois plus difficile qu’on ne le croyait d’abord », constate<br />

Nikolaev.<br />

Il ressort de ses propres calculs un chiffre à la fois honteux et terrible :<br />

72 % des instituts de recherche et d’études expérimentales du pays travaillaient<br />

directement pour les militaires, cependant que la plupart des autres<br />

n’étaient pas non plus civils puisqu’ils réalisaient des commandes de l’armée.<br />

Nikolaev détruit des mythes que le complexe militaro-industriel se<br />

plaisait tant à entretenir : 1) « La qualité de production des usines de<br />

guerre soviétiques ». D’où serait venue cette qualité quand on sait que les<br />

usines étaient pourvues surtout d’équipements et de technologies soviétiques<br />

dont la majorité accusent un grand retard sur les analogues occidentaux<br />

? 2) « L’industrie militaire comme incubateur d’idées et d’innovations<br />

pour les secteurs civils ». La manie excessive du secret a freiné<br />

durant des décennies le transfert au civil des nouvelles technologies<br />

conçues dans les entreprises militaires, alors qu’aux États-Unis la législation<br />

en vigueur permet de franchir ce chemin en une année. 3) « Notre<br />

énorme avance sur l’Occident en matière de création d’armements, de<br />

recherche spatiale ». L’académicien Michine, un proche de Korolev, faisait<br />

observer que « nous n’avons devancé les Américains que par hasard.<br />

Sans songer encore à un vol de l’homme dans l’espace, les savants soviétiques<br />

conduits par S. Korolev avaient mis au point pour la bombe H une<br />

fusée intercontinentale de plus grande puissance que nécessaire… C’est<br />

ainsi que, sans l’avoir voulu, nous nous retrouvions avec une longueur<br />

d’avance dans la course spatiale et fûmes en mesure d’envoyer dans l’espace<br />

le premier satellite et le premier homme… Envoûtés par ces premiers<br />

succès spatiaux, nous ne remarquions pas que la distance entre nos<br />

vols et ceux des astronautes américains n’était plus que de quelques<br />

mois. »<br />

Étant donné ce romantisme de l’idéologie officielle en matière de<br />

reconversion du CMI (et il en était vraiment ainsi), le processus ne pouvait<br />

que traner en longueur. C’est seulement avec Eltsine que s’est opéré<br />

un net virage, en 1992, lorsque le gouvernement fit réduire de 68 % d’un<br />

coup les achats d’armements et de matériel militaire, provoquant plus<br />

qu’une division par deux des bénéfices des entreprises du CMI. Cette<br />

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