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LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

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qu’une part considérable de l’or noir était tout simplement volée et<br />

exportée grâce à de faux documents. « Nous ne volons pas, nous faisons la<br />

guerre au gouvernement », déclarait sans vergogne un des généraux<br />

pétroliers d’une grande entreprise de Tioumen, tentant ainsi de justifier la<br />

contrebande de pétrole par la nécessité d’un financement accru du secteur<br />

(Nézavissimaa gazéta, 11 novembre 1992). Et s’il y avait des pots-de-vin,<br />

c’était en récompense des efforts et du risque encouru.<br />

Mais plus grave que le vol est le fait que la technologie russe d’extraction<br />

du pétrole retarde fortement par rapport au niveau mondial et doit se<br />

contenter d’un tiers des réserves de la Sibérie occidentale. Les<br />

équipements, fabriqués à Bakou (Azerbadjan), sont de même « qualité »<br />

et fiabilité que les moissonneuses-batteuses de Rostov (garantie : 18<br />

heures de travail sans bavure).<br />

Du reste, il serait heureux que nous cessions enfin d’exporter le<br />

pétrole brut. Si nous avions entrepris de le raffiner et de vendre ses produits,<br />

le pays ne serait pas aujourd’hui ruiné. Au temps de Brejnev,<br />

l’exportation de pétrole atteignait 150 millions de tonnes par an, à des<br />

prix de dumping : 30 roubles la tonne pour les pays du COMECON,<br />

environ 100 dollars pour les pays capitalistes. Nos gisements les plus<br />

faciles sont épuisés, l’extraction revient de plus en plus cher. Sans<br />

compter que l’usure du fonds principal dans ce secteur atteint déjà près<br />

de 100 %.<br />

Les « généraux » du pétrole refusent depuis 1993 de livrer leur or noir<br />

à l’État parce que celui-ci ne leur paie pratiquement plus rien. Et ils ne<br />

veulent pas non plus moderniser les installations car, à la veille de la privatisation,<br />

il serait peu souhaitable d’augmenter la valeur des capitaux<br />

fixes. Quant à l’argent déposé sur les comptes de leurs entreprises, ils<br />

l’emploient à quantité de contrats fictifs pour l’achat d’équipements<br />

étrangers : cet argent est transféré là-bas mais aucun équipement n’arrive.<br />

Ainsi, les pétroliers conservent-ils leur argent dans des banques occidentales,<br />

en « feintant » un gouvernement qui, disent-ils, ne fait que les<br />

dévaliser avec sa politique fiscale.<br />

En 1993, la privatisation n’avait pas encore déferlé en Russie. Il y<br />

restait au contraire la forme d’économie socialiste, soviétique, qui<br />

entrane un gaspillage insensé. Voici quelques données de Valéri Névérov,<br />

directeur du groupe Hermès, pour 1993 : 1) les effectifs de l’appareil gouvernemental<br />

au centre et en province étaient de 18 % supérieurs à ceux de<br />

la nomenklatura en 1985 ; 2) les effectifs des soviets de tous niveaux, de<br />

l’appareil des partis, unions, associations de tous les prétendus organes<br />

d’autogestion avaient augmenté de 47 % par rapport à 1985, et tous ces<br />

messieurs, notamment au Soviet Suprême, causaient un énorme préjudice<br />

à l’économie ; 3) les entreprises qui prennent plus à l’État qu’elles ne lui<br />

donnent constituaient 91 % du nombre global, contre 40 % auparavant ;<br />

4) les petites firmes étrangères de type « aventurier » et la nuée d’intermédiaires<br />

nous fournissent des marchandises de qualité médiocre et en profitent<br />

pour emporter en douce jusqu’à 20 % de notre PNB (Argoumenty i<br />

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