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LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

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Tous les nouveaux riches russes ont gagné leurs millions de dollars<br />

avec la bénédiction de quelqu’un. Les riches peuvent ne pas payer d’impôts<br />

à l’État, mais aucun n’a encore réussi à éviter le racket. En outre,<br />

l’État russe est désormais le « blanchisseur » de l’argent de la narcomafia<br />

étrangère.<br />

« Ministère de la Sécurité à vendre. Mains grasses, cœur vide, tête<br />

creuse », clamait un titre d’Alexandre Minkine dans Moskovski komsomolets<br />

(21 septembre 1993), en confirmant ainsi une règle intangible de la vie<br />

soviétique. L’ennemi vaincu est piétiné avec plaisir, d’autant que la milice<br />

et les organes de sécurité avaient toujours été craints et has en Russie. V.<br />

Barannikov, destitué de son poste de ministre de la Sécurité (KGB) en été<br />

1993, avait été peu auparavant à la tête du ministère de l’Intérieur. Peu<br />

désireuse d’expliquer les raisons véritables du limogeage de Barannikov,<br />

l’administration présidentielle avait livré à la presse quelques documents<br />

de peu d’importance mais aptes à compromettre Routsko, Dounaev<br />

(Intérieur), Stépankov (Parquet) et Barannikov, d’anciens démocrates<br />

ayant rallié Khasboulatov. A regarder les photos de ces hommes et de leurs<br />

adversaires (le vice-premier ministre Choumeko, l’aventurier de petite<br />

envergure du KGB Yakoubovski, le journaliste Karaoulov, le ministre de<br />

l’Intérieur Erine et le nouveau ministre de la Sécurité Golouchko), à les<br />

écouter à la télévision et à lire leurs interviews dans la presse, on ne peut<br />

que ressentir un sentiment de honte du fait que la Russie est dirigée par des<br />

hommes aussi médiocres.<br />

Erine a déclaré, après le putsch d’octobre, qu’il avait reçu des mains du<br />

président Eltsine une haute récompense du pays pour son « travail professionnel,<br />

compétent, sans bavures » (Podmoskovnyé izvestia, 10 novembre<br />

1993). Le procureur de Moscou Guénnadi Ponomarev juge au contraire<br />

que la milice de la capitale a fait preuve, les 3 et 4 octobre, d’une inaction<br />

criminelle, sans accomplir les tâches qui lui incombent directement. Les<br />

détachements spéciaux de l’OMON venus de toutes les régions de Russie<br />

et les forces de la milice locale ont littéralement mis la capitale à feu et à<br />

sang. La milice a systématiquement violé les droits de l’homme et s’est<br />

convertie en un facteur déstabilisateur de la société. Conjointement avec<br />

la sécurité d’État, elle a tout fait, le 3 octobre, pour que les putschistes<br />

puissent s’emparer de Moscou : ni gaz lacrymogène, ni balles de<br />

caoutchouc, ni lance-eau, ni fusils ; tout a « subitement » disparu. Sous la<br />

pression de la foule, l’OMON a docilement abandonné ses boucliers et ses<br />

matraques, ses cars et ses camions, avant de prendre la fuite. Entre le<br />

milieu du 3 octobre et le milieu du 4, la milice est restée enfermée dans ses<br />

casernes et ses commissariats, ne sortant dans les rues de Moscou que<br />

lorsque l’armée s’est emparée du parlement.<br />

Il faut pourtant savoir que la milice n’est pas simple en Russie.<br />

Quand les policiers n’y arrivent pas, on amène en renfort l’OMON. Si<br />

cela ne suffit pas, les troupes régulières du ministère de l’Intérieur sont<br />

appelées à la rescousse. Enfin, il existe l’élite de ce ministère : les unités<br />

spéciales (spetsnaz). Or, les dirigeants du ministère de l’Intérieur, au plus<br />

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