27.06.2013 Views

LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

2. LE MONSTRE CMI NE RENAÎTRA PAS<br />

Les dirigeants de l’Académie des Sciences de Russie, de l’enseignement<br />

supérieur, des instituts de recherche militaires continuent à se sentir<br />

fiers de la science nationale. Et ils voudraient persévérer. Mais seul un des<br />

responsables du CMI, Vêlikhov, a réussi à faire ce qu’il fallait. Il a trouvé<br />

de sérieuses compagnies juridiques américaines, a rassemblé les efforts<br />

d’une dizaine de ministères et départements parmi les principaux, afin de<br />

vendre à l’étranger les technologies de pointe russes de façon civilisée, à<br />

des prix nullement minimisés, en respectant les lois internationales sur les<br />

brevets. Nos meilleurs instituts technologiques forment gratuitement des<br />

cadres pour les États-Unis, étant donné que les meilleurs diplômés émigrent<br />

massivement. Nous citons des chiffres sur la fuite de spécialistes<br />

russes à l’étranger, suivant les pays et les professions.<br />

Les directeurs des usines militaires attendent de voir quelle sera<br />

l’orientation de la politique russe. Peu leur importe ce qu’ils doivent<br />

produire, s’ils seront autorisés à démonter les capacités militaires ou<br />

s’ils recevront de l’argent soit pour les mettre en conserve, soit pour<br />

fabriquer de nouveaux lots de canons. Les directeurs acceptent même la<br />

reconversion, pourvu qu’elle soit payée par quelqu’un. Ils espèrent<br />

aussi obtenir personnellement un morceau du gros gâteau de la privatisation.<br />

Les personnes les plus stressées et les plus flouées du CMI sont<br />

les chercheurs, les ingénieurs et les théoriciens. Plus leur niveau scientifique<br />

est élevé, plus ils avaient naguère de privilèges, et plus ils résistent<br />

à la démilitarisation de la science et, d’une façon générale, à la<br />

réduction des fonds autres que ceux de la production. C’est là un paradoxe<br />

: le « flambeau de la raison », incarné par l’Académie des Sciences,<br />

n’est guère utile aujourd’hui à la société russe. Boris Saltykov, le nouveau<br />

ministre de la science et de la politique technologique, ne cachait<br />

pas ses intentions à l’égard de l’Académie : « La science est une des<br />

institutions les plus conservatrices de la société. Impossible de la briser.<br />

Il faut faire pousser une science nouvelle ». Un an après cette déclaration,<br />

l’ardeur novatrice du ministre s’est apaisée, faisant place à des<br />

propos plus raisonnables et précis : « Les savants sont aujourd’hui la<br />

frange la plus conservatrice de l’intelligentsia (contrairement aux<br />

écrivains et artistes). Telle est l’opinion qui existe au sein du public »<br />

(Nézavissimaa gazéta, 20 juillet 1993).<br />

Le drame de la Russie est de n’avoir maintenant besoin ni de la science<br />

militaire, ni de la recherche fondamentale, ni d’aucune science, constate<br />

Andre Vaganov, éditorialiste scientifique du journal précédemment cité.<br />

Selon lui, nous vivons dans un État pour qui la science est accessoire, dont<br />

la population n’a recours dans la vie quotidienne qu’aux connaissances<br />

acquises à l’école primaire. De là, estime Vaganov, provient l’échec des<br />

tentatives d’introduire largement dans la pratique courante les acquis les<br />

plus révolutionnaires de la science russe, lorsque ceux-ci existaient. Nos<br />

savants sont depuis belle lurette des fonctionnaires, des bureaucrates et<br />

apparatchiks « nomenklaturisés », bardés de grades et de titres, cependant<br />

129

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!