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LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

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moindre ennemi car il s’était entendu à l’amiable avec tout le monde. Si<br />

Boris Eltsine pouvait avoir les mêmes capacités…<br />

Valéri Névérov (chef du groupe pétrolier Hermès) est lui aussi d’avis<br />

que non seulement les communistes mais également les démocrates ont<br />

tout fait « pour que le pire arrive : une part importante de l’économie russe<br />

a été rejetée dans le business souterrain » (Rossia, 13 octobre 1993).<br />

Névérov ajoute que « si l’économie russe n’a pas encore rendu l’âme, c’est<br />

en partie du fait qu’elle existe en quelque sorte en dehors des directives du<br />

gouvernement ». Les seuls à en profiter sont la sécurité et l’Intérieur qui,<br />

de leur propre initiative ou sur recommandation des bonzes de la nomenklatura,<br />

peuvent jeter n’importe qui en prison ou simplement le prendre à<br />

la gorge. On prononçait encore des sentences, au début de 1994 en Russie,<br />

conformément au code pénal de 1961 ; tout aussi périmés sont les codes<br />

de procédure pénale (contre la propriété privée et les droits de l’homme)<br />

et d’exécution des sentences.<br />

Il y avait, en 1993, dans les prisons de Russie 40 000 personnes<br />

purgeant des peines pour « crime économique » (spéculation, trafic de<br />

devises, etc.), alors que les tribunaux ne condamnent plus pour de tels délits.<br />

Restent derrière les barreaux non seulement de petits voyous mais aussi<br />

les équipes de bâtisseurs « privées », les artisans et les possesseurs de<br />

potagers, les entrepreneurs et contrematres, les fournisseurs et les intermédiaires,<br />

sans parler des « chapardeurs » qui emportaient souvent de leur<br />

entreprise et des chantiers ce qui y pourrissait ou était brûlé. Aucun chef<br />

d’entreprise de Russie ne peut se passer des rapports contractuels tacites,<br />

ce qui veut dire que n’importe lequel d’entre eux, indésirable ou indocile,<br />

peut se retrouver en prison pour délit de « concussion ».<br />

Il existe en Russie une association des responsables économiques condamnés.<br />

Et une communauté religieuse et philanthropique dite «<br />

Fraternité des détenus », qui pourrait fort bien recueillir à des élections<br />

politiques les voix de 30 millions d’anciens détenus et du million<br />

d’hommes encore emprisonnés en Russie. Un adulte sur trois, parmi les<br />

personnes en vie, a purgé une peine de prison ou a été victime de répressions<br />

judiciaires. Le parti politique de Russie le plus nombreux aujourd’hui<br />

est celui des anciens zeks. Chaque année, environ un million de personnes<br />

quittent les lieux de détention, cédant leur place à une quantité<br />

analogue de nouveaux condamnés. Une foule de gens sont victimes de<br />

l’injustice. Mais il y a encore plus de personnes qui se retrouvent sans<br />

domicile à leur libération, soit parce qu’elles sont seules ou sont rejetées<br />

par leur famille, soit parce que leur logement s’est « envolé » et avec lui la<br />

sinistre propiska soviétique (le certificat de domiciliation obligatoire), le<br />

travail, la protection médicale, etc. Il suffit d’avoir passé un ou deux ans<br />

en prison pour être à jamais rayé de la vie normale. Et tout est légal ; personne<br />

n’est responsable ; aucune instance officielle ne viendra à la<br />

rescousse. Le malheureux n’a qu’une solution : retourner au goulag où la<br />

main-d’œuvre est très demandée (il est vrai que depuis 1993 le chômage<br />

sévit aussi parmi les détenus des camps de travail).<br />

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