LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN
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es « amies » (procommunistes). « Savez-vous que 70 à 80 % des crédits<br />
centralisés ne sont jamais restitués chez nous ? Et si l’on compte toutes<br />
les facilités accordées en dehors du budget (impôts, exportations,<br />
douanes), les crédits concédés par la Banque centrale sans l’aval du gouvernement<br />
ou du Soviet Suprême, il apparat que deux budgets supplémentaires<br />
sont répartis dans le pays », déclarait le ministre des Finances<br />
Boris Fiodorov (Komsomolskaa pravda, 13 avril 1993). C’est encore lui<br />
qui accuse le président de la Banque centrale de favoriser délibérément<br />
l’inflation et de soutenir par tous les moyens le chaos du système bancaire<br />
en Russie. Une approche sensée voudrait en effet que l’on dépense<br />
davantage afin de mettre en place un réseau informatisé et d’autres<br />
formes de liaison par satellite (l’industrie nationale y suffirait presque)<br />
pour qu’un grand nombre d’abus et de difficultés archaques cessent<br />
enfin. Fiodorov considère que Guérachtchenko fait délibérément traner<br />
les choses en longueur.<br />
La recette de l’assainissement de l’économie russe selon Fiodorov est<br />
très simple : cesser de verser un argent inutile et convaincre ainsi les<br />
responsables de 200 000 entreprises russes qu’il n’est plus possible pour<br />
eux de vivre aux crochets de l’Etat. Il faudrait également que fonctionne<br />
la loi sur les faillites, estime le ministre : mieux vaut qu’il existe dix millions<br />
de personnes touchant une allocation chômage et non autant d’emplois<br />
inutiles, comme c’est aujourd’hui le cas. On pourra alors faire l’économie<br />
d’un grand nombre de dotations et de ressources, dit encore<br />
Fiodorov. Et de rappeler le bilan des trente dernières années de développement<br />
économique : en 1960, le pays disposait d’une structure industrielle<br />
acceptable (20 % de niveau mondial, 50 % de plus ou moins bonne, 30 %<br />
de mauvaise), mais, en 1993, seulement 5 % des marchandises produites<br />
chez nous correspondaient aux standards mondiaux (35 % de qualité<br />
tolérable, 60 % de qualité franchement mauvaise). Un vieux modèle<br />
d’avion dévore deux fois plus d’essence qu’un jet moderne. Et aucune<br />
dotation ne saurait y remédier. Fiodorov cite comme exemple d’absurdité<br />
la revendication des mineurs (40 % de nos mines de charbon ne sont pas<br />
rentables économiquement) de leur accorder un tiers des dépenses budgétaires<br />
de l’État, soit 3 000 milliards de roubles (prix de 1993).<br />
Fiodorov préconise quant à lui une privatisation accélérée, qui obligera<br />
les propriétaires à se débrouiller et remettra toute chose à sa vraie<br />
place. Selon lui, l’État pourra alors venir en aide à 20 ou 30 % des entreprises<br />
soucieuses d’une production efficace. 50 % des entreprises devront<br />
se débrouiller comme elles peuvent, les autres seront fermées. Quiconque<br />
demandera des crédits devra laisser en gage sa terre, son appartement, son<br />
entreprise ou sa production. On verra ainsi disparatre les dettes fantastiques<br />
des entreprises d’État : 5 600 milliards de roubles en mars 1993, soit<br />
plus de la moitié du budget annuel de la Russie (Litératournaa gazéta, 26<br />
mai 1993).<br />
En 1993, le délai des transferts bancaires était en moyenne d’un mois<br />
et demi, ce qui était beaucoup plus que l’année précédente. Combien<br />
d’argent une banque empoche-t-elle comme par enchantement, étant<br />
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