LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN
LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN
LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Les États-Unis sont bien forcés de « soigner » le know-how militaire<br />
russe, de recevoir chez eux des dizaines, voire des centaines de directeurs<br />
d’usines militaires pour qu’ils y suivent des programmes d’initiation au<br />
business, tout comme il doivent chercher à fonder des sociétés mixtes, à<br />
financer des recherches ponctuelles en Russie.<br />
Rien d’étonnant non plus à ce que la « politique de soutien actif à la<br />
Russie » soit l’objet d’une « critique de plus en plus virulente aux États-<br />
Unis »(Commerçant, 6 juillet 1993). Des experts de l’influente Héritage<br />
Foundation (Washington) ont mentionné, en été 1993, trois domaines<br />
où la politique de la Russie « entre déjà en collision » avec les intérêts<br />
américains. Il s’agit, notamment, du désir de Moscou de défendre les<br />
Serbes bosniaques, des tergiversations dans le retrait des troupes russes<br />
des pays Baltes et des ventes d’armes au tiers monde. Les ultras de la<br />
droite ont envoyé leurs francs-tireurs en Yougoslavie ; les soldats russes<br />
sont devenus une monnaie de change dans le marché négocié avec les<br />
pays Baltes ; nos armes et nos technologies tombent entre les mains du<br />
premier client étranger solvable venu, fût-il un suppôt du terrorisme<br />
international. Et à chaque fois, ce sont nos industries militaires et notre<br />
armée qui sont l’enfant terrible, la cause du mécontentement des États-<br />
Unis.<br />
Les politiciens américains n’ont pas tout à fait rangé au placard la «<br />
menace russe ». Mais l’accalmie les autorise à forger des armes moins<br />
chères : Clinton s’est engagé, lors de sa campagne électorale, à réduire le<br />
budget de la défense de moitié en quatre ans ; il a également relevé le taux<br />
de l’impôt sur les revenus des grandes sociétés, ce qui pousse automatiquement<br />
celles-ci à investir sur les marchés étrangers à main-d’œuvre bon<br />
marché.<br />
Mais les Russes, eux, qu’attendent-ils des États-Unis ? Les sondages<br />
placent en premier lieu l’accès aux technologies de pointe de l’Occident,<br />
ensuite la formation de spécialistes et la fondation d’entreprises occidentales<br />
en Russie, l’invitation de spécialistes étrangers en qualité de managers.<br />
Et ce n’est qu’en bout de liste des priorités que viennent les crédits<br />
à long terme, le soutien politique des réformes démocratiques en Russie,<br />
l’aide humanitaire et l’afflux de denrées alimentaires et de biens de consommation<br />
(chiffres d’un sondage du Centre d’étude de l’opinion<br />
publique de Russie cités par le journal Radical, n° 38, 1992).<br />
Et que reçoivent-ils de l’Occident, et des États-Unis ?<br />
Essentiellement ce qui vient en fin de la liste mentionnée : des colis alimentaires<br />
et des déclarations de soutien moral à nos réformes. 54 % des<br />
Américains interrogés à la demande du magazine Time et de CNN<br />
protestent contre une aide accrue à la Russie (journal Glasnost, 27 mai<br />
1993, interdit après le putsch d’octobre 1993). Et ce alors que, depuis<br />
1990, les États-Unis ont pu, grâce à Gorbatchev et à Eltsine, cesser,<br />
réduire ou geler leurs activités dans 704 bases éparpillées sur tout le<br />
globe, c’est-à-dire réduire de 42 % leur présence militaire dans le monde<br />
(Moskovskié novosti, 11 avril 1993).<br />
61