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LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

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4. UNE RECRUE EN RUSSIE EST COMME UN DÉTENU<br />

Les prisonniers et les jeunes recrues sont battues de la même façon.<br />

L’absence de femmes, la mauvaise nourriture et les maladies pèsent<br />

pareillement sur les soldats et les détenus. Mais ces derniers ont la chance<br />

de n’être pas jetés sous les balles dans les zones de conflit. Les généraux<br />

demandent l’augmentation du nombre de recrues et sont prêts à utiliser<br />

l’armée pour les récoltes, les travaux du bâtiment, l’élevage de porcs dans<br />

les sovkhozes militaires. On va bientôt reprendre le recrutement des étudiants.<br />

Les parents pauvres, ceux qui manquent d’argent pour soustraire<br />

leurs fils au service, même quand ce sont des enfants uniques et malades,<br />

se voient retirer leur dernier soutien. Le soldat mi-enfant doit frapper ses<br />

camarades pour survivre, vendre des objets volés, tuer des civils paisibles<br />

et des commandos. Les généraux voudraient-ils convertir en « Afghans »<br />

(anciens de la guerre d’Afghanistan) toute la population masculine ? Ce<br />

dont nous avons besoin, c’est d’une armée professionnelle apte au combat<br />

et non d’un troupeau de moutons en galons. Le parlement a adopté des lois<br />

adéquates mais rien ne bouge. C’est qu’il est impossible de caser les<br />

dizaines de milliers de généraux et de colonels qui ont pris l’habitude de<br />

voler en fonction de leurs besoins.<br />

Ce n’était toujours qu’avec du piston qu’une jeune recrue ou même<br />

n’importe quel militaire pouvait escompter servir en Allemagne. Les<br />

moins chanceux étaient envoyés à des milliers de kilomètres de chez eux.<br />

Imaginez la vie pénible d’un gars de 18 ans qui, pendant deux ou trois<br />

années (aujourd’hui, une ou deux), était pratiquement privé du droit de<br />

quitter sa caserne.<br />

« Notre armée a peu à voir avec la défense du pays. Elle est pléthorique,<br />

mal formée, mal équipée et nourrie, ce qui ne favorise pas l’esprit combatif…<br />

Le rôle de l’armée soviétique n’est pas de défendre le pays, c’est un rôle<br />

strictement éducatif. Elle forme des hommes destinés à vivre dans un système<br />

totalitaire. Et vu que notre société reste essentiellement de type totalitaire,<br />

la fonction de l’armée ne change pas non plus », écrivait le sociopsychologue<br />

Alexe Rochine dans l’hebdomadaire Sobessednik (n° 45,<br />

1992). Son article portait ce titre éloquent : « Armée et très dangereuse ».<br />

Rochine estime que les chefs de l’armée soviétique ont toujours eu tort<br />

de croire que moins un soldat mange, plus il hait son adversaire potentiel.<br />

Selon Rochine, « l’armée, surtout quand on y crève la faim, détruit les<br />

meilleures qualités de l’homme : son individualité, ses aptitudes créatrices,<br />

son altruisme ; la réaction la plus naturelle au malheur d’autrui est ici<br />

de se réjouir d’avoir été cette fois épargné ». Le collectif de l’armée, poursuit-il,<br />

ressemble à l’État car il prépare des citoyens idéaux pour ce dernier<br />

: « Ces hommes qui n’ouvrent la bouche que lorsque c’est permis, ces<br />

hommes égostes, haineux et désarçonnés ne sont pas moins nécessaires<br />

au nouvel État russe qu’au régime communiste antérieur ».<br />

C’est pratiquement toute la population masculine du pays qui est<br />

passée par l’armée soviétique, par cette école de vie. Il n’y a pour ainsi<br />

dire personne, chez les hommes de 20 à 40 ans, qui ne se soit fait cor-<br />

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