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LES MAFIAS MILITAIRES DU KREMLIN

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enoncer à la peine de mort : il n’y a pas assez d’argent pour entretenir 500<br />

condamnés à perpétuité (chiffre de septembre 1993).<br />

Le goulag est préjudiciable aux jeunes soldats, à tout le personnel des<br />

lieux de détention, aux employés qui sont contraints de vivre côte à côte<br />

avec des détenus que l’État s’emploie de toutes les façons à humilier, à<br />

piétiner physiquement et moralement. Et lorsque les millions de zeks se<br />

retrouvent en liberté, c’est le peuple russe tout entier qui assimile leur<br />

argot et leurs mœurs, la morale (l’absence de morale) des baraques de<br />

détenus. A l’école et à l’armée, dans la rue et au kolkhoze, ce sont bel et<br />

bien ces anciens zeks qui forment à leur image les jeunes. Et ce sont aussi<br />

ces détenus à la santé ruinée dans les camps ou à l’armée qui engendrent<br />

ensuite des enfants. La nation dégénère aujourd’hui pour que des milliers<br />

de fonctionnaires en galons de la milice tirent profit des centaines de milliers<br />

de zeks. Comment les rouge-brun ou les démocrates osent-ils, après<br />

cela, parler de leur amour du peuple russe ? Qu’on remette les gens en liberté<br />

sous caution : la société ne peut qu’y gagner. Même dans nos maisons<br />

de repos à 15 dollars la journée, la mauvaise nourriture donne des brûlures<br />

d’estomac. Or les détenus n’ont même pas droit chaque jour à un tiers de<br />

dollar de nourriture.<br />

Si une grue tombe en Russie, le grutier n’est que légèrement puni.<br />

Mais s’il y a eu des victimes, il se retrouve en prison pour longtemps.<br />

Pourquoi ne se contente-t-on pas de le licencier et de lui faire payer des<br />

dédommagements à vie ? Le voleur est lui aussi envoyé derrière les barreaux,<br />

sans que ses biens soient confisqués. Voilà pourquoi grandit en<br />

Russie une génération capable de vendre son propre bébé au premier venu<br />

contre une bouteille de vodka. Plus de 2 000 enfants se suicident chaque<br />

année ; 50 000 autres s’enfuient de chez eux, la brutale paupérisation des<br />

masses ayant accru le nombre des enfants livrés à eux-mêmes. Les spécialistes<br />

affirment que lorsque ces enfants vagabonds auront grandi, dans cinq<br />

à sept ans, on assistera en Russie à une véritable flambée de la criminalité.<br />

Nous faut-il donc éviter de construire des orphelinats pour fusiller les<br />

petits vagabonds comme la Tchéka le faisait sous Lénine, comme les<br />

policiers le font aujourd’hui au Brésil ?<br />

La baisse du niveau de vie des miliciens eux-mêmes les pousse, dans un<br />

contexte général des plus sinistres, à de petites extorsions. Vladimir<br />

Kalinitchenko, juge d’instruction des affaires très importantes au Parquet<br />

de l’URSS (aujourd’hui président adjoint de la Banque commerciale<br />

interrégionale de Moscou), a raconté dans Megapolis Express (18 août<br />

1993) comment il avait enquêté sur l’assassinat d’un employé du KGB à<br />

la station de métro Jdanovskaa : « Les résultats furent saisissants — il<br />

apparut que les miliciens tuaient, violaient et volaient les gens dans le<br />

métro ; qui plus est, les crimes de ce genre étaient commis par presque<br />

tout le personnel de la milice. »<br />

Le ministère de l’Intérieur est depuis bien longtemps, en Russie, une<br />

sorte de communauté criminelle. Ce n’est que dans les pires cauchemars<br />

que la milice russe peut voir la fin de la corruption (des pots-de-vin) et de<br />

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