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Téléchargez le programme - Opéra de Lyon

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LA DAME DE PIQUE<br />

misère après avoir mangé <strong>de</strong>s millions – un jour, dans sa jeunesse,<br />

perdit contre Zoritch environ trois cent mil<strong>le</strong> roub<strong>le</strong>s. Il<br />

était au désespoir. Ma grand-mère, qui n’était guère indulgente<br />

pour <strong>le</strong>s fredaines <strong>de</strong>s jeunes gens, je ne sais pourquoi,<br />

faisait exception à ses habitu<strong>de</strong>s en faveur <strong>de</strong> Tchaplitzki : el<strong>le</strong><br />

lui donna trois cartes à jouer l’une après l’autre, en exigeant<br />

sa paro<strong>le</strong> <strong>de</strong> ne plus jouer ensuite <strong>de</strong> sa vie. Aussitôt Tchaplitzki<br />

alla trouver Zoritch et lui <strong>de</strong>manda sa revanche. Sur la<br />

première carte, il mit cinquante mil<strong>le</strong> roub<strong>le</strong>s. Il gagna, fit<br />

paroli ; en fin <strong>de</strong> compte, avec ses trois cartes, il s’acquitta et<br />

se trouva même en gain... Mais voilà six heures ! Ma foi, il est<br />

temps d’al<strong>le</strong>r se coucher.<br />

Chacun vida son verre, et l’on se sépara. En effet, il commençait<br />

déjà à faire jour.<br />

II<br />

– Il paraît que monsieur est décidément pour <strong>le</strong>s suivantes.<br />

– Que vou<strong>le</strong>z-vous, madame ? El<strong>le</strong>s sont plus fraîches.<br />

Conversation mondaine<br />

La vieil<strong>le</strong> comtesse Anna Fedotovna était dans son cabinet <strong>de</strong><br />

toi<strong>le</strong>tte, assise <strong>de</strong>vant une glace. Trois femmes <strong>de</strong> chambre l’entouraient<br />

: l’une lui présentait un pot <strong>de</strong> rouge, une autre une<br />

boîte d’éping<strong>le</strong>s noires ; une troisième tenait un énorme bonnet<br />

<strong>de</strong> <strong>de</strong>ntel<strong>le</strong>s avec <strong>de</strong>s rubans cou<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> feu. La comtesse n’ a v a i t<br />

plus la moindre prétention à la beauté ; mais el<strong>le</strong> conservait <strong>le</strong>s<br />

habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> sa jeunesse, s’habillait à la mo<strong>de</strong> d’il y a cinquante<br />

ans, et mettait à sa toi<strong>le</strong>tte tout <strong>le</strong> temps et toute la pompe<br />

d’une petite maîtresse du sièc<strong>le</strong> passé. Sa <strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> <strong>de</strong> compagnie<br />

travaillait à un métier dans l’embrasure <strong>de</strong> la fenêtre.<br />

– Bonjour, grand-maman*, dit un jeune officier en entrant<br />

dans <strong>le</strong> cabinet ; bonjour ma<strong>de</strong>moisel<strong>le</strong> Lise*. Grand-maman* ,<br />

c’est une requête que je viens vous porter.<br />

– Qu’est-ce que c’est, Paul* ?<br />

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