Téléchargez le programme - Opéra de Lyon
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ALEXANDRE POUCHKINE<br />
V<br />
Cette nuit m’est apparue la défunte baronne von W***.<br />
El<strong>le</strong> était tout <strong>de</strong> blanc vêtue et m’a dit :<br />
« Bonjour monsieur <strong>le</strong> Conseil<strong>le</strong>r ! »<br />
172<br />
SWEDENBORG<br />
Trois jours après cette nuit fata<strong>le</strong>, à neuf heures du matin,<br />
Hermann entrait dans <strong>le</strong> couvent <strong>de</strong> ***, où l’on <strong>de</strong>vait rendre<br />
<strong>le</strong>s <strong>de</strong>rniers <strong>de</strong>voirs à la dépouil<strong>le</strong> mortel<strong>le</strong> <strong>de</strong> la vieil<strong>le</strong> comtesse.<br />
Il n’avait pas <strong>de</strong> remords, et cependant il ne pouvait se<br />
dissimu<strong>le</strong>r qu’il était l’assassin <strong>de</strong> cette pauvre femme.<br />
N’ayant que peu <strong>de</strong> foi, il avait beaucoup <strong>de</strong> superstition.<br />
Persuadé que la comtesse morte pouvait exercer une maligne<br />
influence sur sa vie, il s’était imaginé qu’il apaiserait ses<br />
mânes en assistant à ses funérail<strong>le</strong>s.<br />
L’église était p<strong>le</strong>ine <strong>de</strong> mon<strong>de</strong>, et il eut beaucoup <strong>de</strong> peine<br />
à trouver place. Le corps était disposé sur un riche catafalque,<br />
sous un baldaquin <strong>de</strong> velours. La comtesse était couchée dans<br />
sa bière, <strong>le</strong>s mains jointes sur la poitrine, avec une robe <strong>de</strong><br />
satin blanc et <strong>de</strong>s coiffes <strong>de</strong> <strong>de</strong>ntel<strong>le</strong>s. Autour du catafalque,<br />
la famil<strong>le</strong> était réunie ; <strong>le</strong>s domestiques en cafetan noir, avec<br />
un nœud <strong>de</strong> rubans armoriés sur l’épau<strong>le</strong>, un cierge à la main ;<br />
<strong>le</strong>s parents en grand <strong>de</strong>uil, enfants, petits-enfants, arrièrepetits-enfants,<br />
personne ne p<strong>le</strong>urait ; <strong>le</strong>s larmes eussent passé<br />
pour une affectation*. La comtesse était si vieil<strong>le</strong>, que sa mort<br />
ne pouvait surprendre personne, et l’on s’était accoutumé<br />
<strong>de</strong>puis longtemps à la regar<strong>de</strong>r comme déjà hors <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>.<br />
Un jeune prélat prononça l’oraison funèbre. Dans quelques<br />
phrases simp<strong>le</strong>s et touchantes, il peignit <strong>le</strong> départ final du<br />
juste, qui a passé <strong>de</strong> longues années dans <strong>le</strong>s préparatifs<br />
attendrissants d’une fin chrétienne.<br />
– L’ange <strong>de</strong> la mort l’a en<strong>le</strong>vée, dit l’orateur, au milieu <strong>de</strong><br />
l’allégresse <strong>de</strong> ses pieuses méditations et dans l’attente du