Rapport d'activité - Assemblée nationale
Rapport d'activité - Assemblée nationale
Rapport d'activité - Assemblée nationale
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
— 17 —<br />
s’étonner que de plus en plus de salariés n’aient pas les moyens de se loger et<br />
vivent dans des caravanes ou dans leurs voitures (1) …<br />
La nouvelle pauvreté est donc celle de personnes qui travaillent tout<br />
ou une partie de l’année, mais dont le labeur n’est pas suffisant pour vivre<br />
correctement et faire vivre dignement leur famille. Avec la multiplication des<br />
CDD et autres contrats précaires, la frontière entre travail et inactivité est de plus<br />
en plus floue. Le constat des associations caritatives est unanime : leur public<br />
compte de plus en plus de travailleurs, salariés en contrats précaires ou même en<br />
CDI, mais qui ne peuvent subvenir à leurs besoins et aux besoins de leur famille,<br />
que ce soit en matière de logement, de santé ou d’alimentation. Qui se doute que<br />
le SDF qui installe sa tente dans la rue est peut-être titulaire d’un emploi ? Les<br />
centres d’hébergement et de réinsertion sociale, trop peu nombreux, on le sait,<br />
sont aussi pour certains salariés une solution extrême lorsque, dans un contexte<br />
d’inflation des prix de l’immobilier, le salaire n’est pas suffisant pour trouver et se<br />
payer un toit. Comme l’expose Mme Maryse Marpsat, sociologue à l’INED, si les<br />
SDF ne sont pas nouveaux (ils existaient déjà dans les années 1950), « ils sont<br />
devenus visibles, parce que l’espace urbain n’a plus d’interstices. La nouveauté,<br />
ce sont les difficultés économiques durables et les tensions sur le marché du<br />
logement, l’insuffisance des logements bon marché et en particulier des logements<br />
sociaux » (2) .<br />
Les journaux, tout comme de nombreux ouvrages (3) se font régulièrement<br />
l’écho de cette triste réalité, qui s’explique notamment par une dégradation<br />
générale de la situation des salariés, mais aussi par la difficulté à sortir de la<br />
pauvreté. La moitié des ménages considérés comme pauvres une année le sont<br />
encore l’année suivante ; de même, la rotation est faible pour les titulaires de<br />
minima sociaux. La persistance dans la pauvreté est une réalité. Le Secours<br />
catholique estime ainsi à 40 % la proportion de personnes bénéficiaires qui avaient<br />
déjà fait appel à l’association la ou les années précédentes ; l’aide apportée est<br />
donc loin d’être ponctuelle, et s’inscrit souvent dans la durée.<br />
Étant en bout de chaîne, les travailleurs pauvres sont les plus touchés mais<br />
la précarisation touche aussi les classes moyennes du fait de la stagnation du<br />
pouvoir d’achat et de la dévalorisation du travail salarié. Les employés, « cols<br />
blancs que l’on croyait définitivement acquis à la « classe moyenne », subissent<br />
un processus de régression sociale qui tend à les rapprocher des ouvriers.<br />
L’explosion des emplois non-qualifiés dans les services confirme cette tendance.<br />
Les niveaux de revenus rapprochent ainsi ouvriers et employés, dont les salaires<br />
sont inférieurs de 25 % au salaire moyen. Ce salariat d’exécution, dont les<br />
(1) Audition du 10 octobre 2006.<br />
(2) In La France invisible, dir. Stéphane Beaud, Joseph Confavreux, Jade Lindgaard, La Découverte, 2006.<br />
(3) On se réferera notamment à l’article de Haydée Sabéran, in La France invisible, dir. Stéphane Beaud,<br />
Joseph Confavreux, Jade Lindgaard, La Découverte, 2006.