Rapport d'activité - Assemblée nationale
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La perte du logement fait le plus souvent suite à une mésentente ou un<br />
conflit familial : mésentente avec une tierce personne, famille ou connaissance,<br />
qui hébergeait une nouvelle venue (cas fréquent pour les femmes étrangères ou<br />
issues des DOM-TOM) ; rupture conjugale, qu’elle soit ou non due à des<br />
violences ; perte d’emplois et de revenus entraînant une incapacité à payer un<br />
loyer ; obligation de quitter un logement suite à une expulsion pour fin de bail ou<br />
impayés. Les femmes se retrouvent ainsi à la rue, parfois avec leurs enfants. Il<br />
semble que la part de la violence à l’origine de cette situation soit prépondérante.<br />
Dans son rapport de juin 2006, la Fédération <strong>nationale</strong> des associations d’accueil<br />
et de réinsertion sociale (FNARS) relevait ainsi que pour la grande majorité des<br />
femmes hébergées, « l’arrivée en centre (était) provoquée par une situation de<br />
violence familiale, qu’il s’agisse de violences exercées par le conjoint, le père, un<br />
oncle ou un frère », avant d’ajouter que « si les violences conjugales sont la cause<br />
première de précarité féminine, d’autres formes de violences apparaissent quand<br />
on retrace le parcours des femmes en situation de détresse, et en particulier des<br />
violences familiales pendant l’enfance ».<br />
Ce passé traumatique est souvent accompagné d’une grande fragilité<br />
économique. Pour échapper à leur milieu, nombreuses sont les femmes qui se sont<br />
mariées ou ont décidé de vivre en couple, et qui, in fine, se sont trouvées privées<br />
de ressources financières. Sans ressources, les femmes peuvent être contraintes de<br />
ne pas quitter leur foyer, quelles que soient les violences qu’elles y subissent.<br />
Ainsi, « pour les femmes, l’errance prend une forme particulière » qui ne<br />
« s’exprime pas nécessairement sur l’espace public (…). Le manque de ressources<br />
propres est évidemment l’une des raisons importantes qui empêchent les femmes<br />
de partir malgré la dégradation des relations familiales. Cette absence de revenu<br />
peut être le résultat même de la détérioration des relations. Elle peut être aussi la<br />
conséquence d’une division du travail librement consentie dans le ménage, mais<br />
qui enregistre l’inégale situation de l’homme et de la femme sur le marché de<br />
l’emploi » (1) .<br />
Le poids de l’histoire familiale est également déterminant, certaines<br />
femmes exclues étant issues d’un « monde clos avec des difficultés qui se<br />
transmettent de génération en génération » (2) . L’isolement familial et affectif est<br />
une caractéristique constante.<br />
Enfin, nombreuses sont les femmes de la rue présentant des problèmes<br />
psychiatriques dont on ne sait pas toujours s’ils sont antérieurs ou postérieurs à<br />
leur situation.<br />
Au total, « ces événements sont souvent la porte d’entrée pour une<br />
surconsommation d’alcool, de drogue quand cela ne débouche pas vers la<br />
prostitution » (3) .<br />
(1) In L’errance au féminin, rapport remis au ministre de l’équipement, des transports et du logement, Pierre<br />
Vidal-Naquet, février 2003.<br />
(2) Mme Geneviève Roche, audition du 21 mars 2006.<br />
(3) G. Lucchini Deledda, enquête « Femmes en précarité », Conseil Régional d’Ile-de-France, 21 janvier 2005.