Rapport d'activité - Assemblée nationale
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correctement sur le marché du travail, et les autres. Ces inégalités sont visibles sur les temps<br />
partiels (choisis ou contraints, longs ou courts, réversibles ou non), les qualifications, l’accès<br />
aux différents modes de garde, les salaires et les retraites. Mais ces différenciations résultent<br />
en grande partie des inégalités entre les hommes et les femmes, dans la sphère<br />
professionnelle comme dans la sphère privée.<br />
Le groupe de travail n’avait pas reçu mission de fournir un corps de propositions,<br />
mais les auteures du rapport ont souhaité, au terme de leurs réflexions, formuler des « pistes<br />
de réflexion pour la politique publique ». Trois thèmes majeurs ont été mis en exergue et des<br />
interrogations émises.<br />
Les thèmes majeurs concernent l’emploi des femmes, qu’il convient de favoriser car<br />
la précarité est la conséquence directe des difficultés d’insertion sur le marché du travail,<br />
donc de l’absence d’indépendance. Mais il faut également prendre en compte la nature des<br />
emplois et les trajectoires professionnelles. Enfin, les structures d’accueil de la petite enfance<br />
jouent un rôle primordial pour faciliter l’emploi des femmes.<br />
Les interrogations concernent la cohérence des politiques publiques. Deux exemples<br />
permettent de l’illustrer. Le temps partiel s’est développé du fait des politiques publiques, à<br />
partir du début des années 1990, afin de partager le travail et de lutter ainsi contre le<br />
chômage ; or, de fait, cette mesure générale a principalement touché les femmes. L’extension<br />
du congé parental, en 1994, a fait considérablement chuter le taux d’activité des mères de<br />
deux enfants, en particulier parmi les moins qualifiées d’entre elles, c’est-à-dire celles qui<br />
rencontrent par la suite des difficultés de réinsertion accrues ; on peut comprendre les<br />
femmes qui choisissent d’interrompre leur activité parce qu’elles ne s’en sortent pas ; ce qui<br />
est regrettable, c’est que les politiques publiques conduisent certaines femmes à se retirer du<br />
marché du travail, au lieu de créer les conditions pour améliorer leur insertion.<br />
Il importe aussi de veiller à la cohérence des politiques publiques de court et de<br />
moyen termes. Les manifestations les plus néfastes de la précarité doivent être corrigées, par<br />
exemple en prévoyant des mesures comme la réservation d’emplois à plein-temps pour les<br />
femmes occupant un poste à temps partiel ou la réduction de l’ampleur des horaires<br />
atypiques. Mais les politiques publiques n’ont pas simplement des objectifs de court terme ;<br />
elles doivent s’assigner des objectifs de moyen terme et, de ce point de vue, la politique de<br />
développement du temps partiel a été très négative.<br />
En conclusion, on peut souligner que les évolutions économiques ont déterminé de<br />
nouvelles formes d’inégalités entre les femmes et les hommes, notamment l’essor massif de<br />
l’instabilité dans l’emploi des femmes et leur surreprésentation dans l’emploi précaire. Or,<br />
les femmes constituant 46 % de la population active, toute aggravation de leur précarité a un<br />
effet en retour sur l’ensemble du marché du travail : ce qui détermine leur mode d’insertion<br />
dans l’emploi a un impact d’ensemble. Les voies du sous-emploi et de la précarité ne<br />
peuvent rester limitées à une partie significative de la population active sans s’étendre aux<br />
autres.<br />
Dans nombre de débats, la dimension spécifique du travail des femmes est oubliée.<br />
Par exemple, le potentiel d’emplois de services à la personne est considérable : les<br />
estimations les plus basses évaluent leur nombre à plusieurs centaines de milliers. Or, ils sont<br />
de fait majoritairement occupés par des femmes. Les politiques publiques doivent favoriser<br />
la qualification progressive des salariés-ées, le contrôle de l’amplitude des horaires – en<br />
particulier quand les employeurs sont multiples, etc. Sinon, on constatera dans quelques<br />
années que, certes les femmes ont bénéficié de ce gisement d’emplois, mais que leur<br />
précarité se sera encore accrue. Autre exemple, les très petites entreprises emploient