Rapport d'activité - Assemblée nationale
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b) Des réponses sociales perfectibles<br />
En quoi est-il différent d’être une femme lorsque l’on se retrouve dans la<br />
rue ? Si les femmes, plus que les hommes, cherchent coûte que coûte à éviter la<br />
rue, c’est qu’elle constitue pour elles un univers de violences multiples, que ce soit<br />
du fait de la stigmatisation qu’elles y subissent ou de l’omniprésence des pressions<br />
exercées par les hommes, qu’ils soient SDF ou non, qui leur promettent<br />
notamment protection ou domicile en échange de relations intimes.<br />
De plus, outre la précarité économique qu’elles endurent, les exclues<br />
souffrent le plus souvent de problèmes de santé récurrents, qu’ils soient d’ordre<br />
physique (manque d’hygiène, malnutrition, absence de suivi médical,…) ou<br />
psychique (alcoolisme, toxicomanie, pathologies mentales,…), que les structures<br />
d’accueil ont du mal à prendre en charge.<br />
Il convient toutefois de noter que, concernant les femmes, le terme de SDF<br />
est trompeur. « Les sans-domicile, parfois, ont un toit sur leur tête. L’État, la<br />
région, la ville ou le tiers-secteur s’arrange pour dénicher un abri à ces femmes<br />
sans abri, dont la présence dans la rue heurte les sensibilités. » (1)<br />
Les femmes bénéficient ainsi d’un traitement de faveur par rapport aux<br />
hommes. Les réseaux sociaux et familiaux se mobilisent plus volontiers pour<br />
éviter à une femme d’être sans abri, surtout quand elle a des enfants.<br />
Toutefois, si « l’enfant stabilise l’errance, (il) ne guérit pas de la précarité ». Un<br />
million d’enfants de moins de 18 ans stagne sous le seuil de pauvreté ;<br />
600 000 enfants ont des parents au RMI. Surpeuplement, bruit, insécurité,<br />
errance : les enfants des exclues reçoivent la précarité en héritage… « Les<br />
enfants pauvres deviennent des adultes pauvres : la filiation est évidente pour<br />
nombre de femmes interrogées (…) Le dénuement financier suffit à saper l’avenir<br />
de générations de gamins. Outre qu’il les prive d’un confort « normal », il les<br />
empêche de se constituer ce petit pactole nécessaire, social, culturel, scolaire, ce<br />
capital de savoirs et de santé dont l’absence peut être une bombe à<br />
retardement. » (2)<br />
En outre, la lutte pour la réinsertion sociale de ces femmes souffre du<br />
manque de locaux adaptés et de moyens financiers pour créer des espaces<br />
permettant une implication a minima des femmes, afin de les amener à prendre<br />
soin d’elles-mêmes d’un point de vue psychologique, médical et social.<br />
Enfin, le problème majeur demeure celui de la grave pénurie de logements<br />
stables, mais aussi d’urgence.<br />
Le dispositif d’hébergement d’urgence, historiquement organisé sur les<br />
besoins a minima des hommes, est en effet très faiblement adapté aux femmes.<br />
(1) Véronique Mougin, Femmes en galère, enquête sur celles qui vivent avec moins de 600 euros par mois, La<br />
Martinière, janvier 2005.<br />
(2) Véronique Mougin, in Femmes en galère, enquête sur celles qui vivent avec moins de 600 euros par mois,<br />
La Martinière, janvier 2005.