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Rapport d'activité - Assemblée nationale

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Les femmes rencontrent ainsi de grandes difficultés à prendre soin d’elles-mêmes.<br />

L’exemple de la difficulté à suivre les grossesses de ces femmes est en outre<br />

particulièrement éloquent. Lors de son audition, Mme Geneviève Roche, médecin<br />

de PMI, a souligné tous les handicaps qui se font alors jour : logement, accès aux<br />

droits par manque de connaissance, suivi médical. Concernant les grossesses<br />

proprement dites, « tout ceci a des conséquences médicales sur les grossesses,<br />

avec une fréquence plus élevée de la prématurité et des petits poids à la<br />

naissance, ainsi qu’une vulnérabilité psychique rendant difficile la relation entre<br />

la mère et l’enfant, ce qui aura des effets ultérieurement » (1) .<br />

Exclues, errantes ou à la rue, les femmes n’ont plus de maîtrise de leur<br />

destin. La conjugaison du manque de ressources financières et des difficultés<br />

d’accès au logement freine toute sortie de l’exclusion. « La disposition d’un<br />

logement n’empêche pas l’adoption de pratiques qu’on attribue aux gens de la<br />

rue. La manche, notamment, ou encore le recours aux Restos du cœur ou aux<br />

restaurants sociaux, sont quelques-unes des solutions adoptées par celles qui<br />

vivent leur précarité à domicile. » (2) Avoir un logement permet toutefois de ne<br />

pas diriger tous ses efforts quotidiens dans la recherche d’un hébergement pour la<br />

nuit.<br />

Du fait de la surcharge des structures d’hébergement fleurissent les<br />

marchands de sommeil, proposant le plus souvent des logements hors normes<br />

d’hygiène et de sécurité et à des prix prohibitifs. À Paris, « les places en CHRS<br />

font aussi cruellement défaut, la DDAS n’ayant plus aucune marge de manœuvre<br />

pour en financer, alors qu’il faudrait absolument avoir moins recours aux hôtels.<br />

L’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile et les sans-papiers est<br />

aussi de plus en plus souvent géré au quotidien grâce aux hôtels et il est temps<br />

d’envisager de sortir de ce système. C’est un problème social d’autant plus<br />

important que, dans ce contexte, les enjeux de santé deviennent écrasants. On<br />

manque aussi de places dans les centres maternels, qui sont bondés. Les femmes y<br />

restent jusqu’au bout de la période de trois ans, parfois renouvelée lorsqu’elles<br />

font un deuxième bébé » (3) .<br />

Les problèmes à affronter, nombreux, sont d’autant plus difficiles à<br />

résoudre que les réponses traditionnellement déployées semblent inopérantes.<br />

Comme l’exposait M. Martin Hirsch, président d’Emmaüs France, du fait des<br />

caractéristiques particulières de la très grande pauvreté, « les réponses sociales<br />

classiques ne sont plus adaptées à ces personnes parce qu’elles n’ont pas été<br />

prises en charge suffisamment tôt, ce qui a pour effet de provoquer une plongée<br />

dans des situations qui les conduisent soit à la rue ou dans des centres d’urgence,<br />

soit à l’hôpital psychiatrique, soit à la prison. (…) Cette situation explique en<br />

partie la crise de ces différentes institutions : les centres d’hébergement d’urgence<br />

ne sont pas destinés à accueillir cette population, ce qui explique pourquoi ils sont<br />

(1) Audition du 21 mars 2006.<br />

(2) In L’errance au féminin, rapport remis au ministre de l’équipement, des transports et du logement, Pierre<br />

Vidal-Naquet, février 2003.<br />

(3) Mme Geneviève Gueydan, audition du 21 mars 2006.

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