Luxembourg - Entreprises magazine
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amenagement du territoire<br />
Le prix du service de l’eau :<br />
on en débat au <strong>Luxembourg</strong><br />
Avec une consommation d’eau des ménages qui a augmenté de 1,35 par an au cours des 15<br />
dernières années sous l’effet de la forte croissance démographique et l’augmentation régulière<br />
de migrations journalières, la gestion et les infrastructures de l’eau devaient être modernisées<br />
et développées très rapidement.<br />
En juillet 2012 le gouvernement<br />
ouvrait à nouveau le débat sur le<br />
prix de l’eau en invitant les différents<br />
acteurs de la politique de<br />
l’eau à se prononcer pour ou contre<br />
l’introduction d’un tarif unique de<br />
l’eau. La phase de consultation<br />
venant de s’achever, la classe<br />
politique dira dans les semaines à<br />
venir si elle choisit de maintenir le<br />
système actuel du prix harmonisé<br />
ou si elle introduit un prix unique<br />
de l’eau.<br />
A l’origine de ce débat,<br />
l’article 9 de la directive-cadre<br />
européenne (1) qui pose le principe<br />
de la récupération des coûts des<br />
services eau et assainissement, et<br />
qui rend obligatoire depuis 2010<br />
le principe de l’utilisateur-payeur<br />
et du pollueur-payeur. Surtout la<br />
directive veut intégrer la notion<br />
de développement durable en<br />
demandant aux Etats de prendre<br />
en compte, en matière de fixation<br />
du prix du service de l’eau et de<br />
l’assainissement, trois types de<br />
critères qui sont à la fois essentiels<br />
et divergents : le critère social<br />
afin d’assurer aux plus démunis<br />
l’accès à l’eau, le critère environnemental<br />
qui conduit à intégrer<br />
les coûts environnementaux liés<br />
à l’utilisation et la pollution de<br />
l’eau, et, enfin, le critère économique<br />
en vue d’instaurer l’autofinancement<br />
de ce secteur grâce<br />
à une tarification appropriée qui<br />
permettra d’effectuer l’entretien,<br />
le renouvellement et l’extension<br />
de ses infrastructures. C’est dans<br />
ce contexte que le gouvernement<br />
luxembourgeois a proposé deux<br />
options possibles, celle du prix<br />
harmonisé de l’eau et celle du<br />
tarif unique.<br />
Le prix harmonisé<br />
Il est proposé de concert avec les<br />
communes aux usagers, il figure<br />
dans la loi de 2008 relative à l’eau et<br />
portant transposition de la directive<br />
européenne. Ce prix harmonisé<br />
prend en compte divers critères<br />
géographiques et économiques.<br />
Ainsi, après rééquilibrage, le prix de<br />
l’eau a été fixé à 7 EUR maximum<br />
le m³ par volume et 3,35 EUR minimum<br />
pour tous les consommateurs.<br />
Les ménages auraient dû payer,<br />
au 1 er janvier 2011, conformément<br />
à l’agenda fixé par la directive, le<br />
prix réel de l’eau potable, soit entre<br />
5 et 12 EUR le m³ en fonction des<br />
communes.<br />
Les secteurs industriels et<br />
agricoles ont également bénéficié<br />
d’une baisse de leurs tarifs. Pour les<br />
ménages, une nouvelle répartition<br />
entre les frais fixes que représente<br />
l’abonnement (20 %) et les frais<br />
variables liés à la consommation<br />
d’eau de l’abonné (80 %) est mise<br />
en place, notamment avec l’installation<br />
de nouveaux compteurs<br />
d’eau individuels. Pour les secteurs<br />
industriels et agricoles, la répartition<br />
prévue est respectivement de<br />
70/30 et 60/40.Cette méthode de<br />
calcul n’a toutefois pas rencontré<br />
le succès escompté auprès des<br />
communes. Moins d’un tiers d’entre<br />
elles (31) ont réellement harmonisé<br />
le prix de l’eau potable et 28, l’assainissement.<br />
La grande majorité,<br />
environ 70 à 80 communes, n’a pas<br />
remis au ministère concerné les<br />
documents relatifs au schéma de<br />
calcul complet des coûts, probablement<br />
en raison des difficultés<br />
techniques qu’elles rencontrent<br />
pour établir le coût réel de l’eau<br />
sur leur territoire. En l’absence<br />
d’une approche commune, certaines<br />
municipalités confrontées<br />
à la pauvreté, ont introduit une<br />
allocation de vie chère dont les<br />
critères varient d’une commune<br />
à l’autre. Ce qui peut, aux yeux<br />
des consommateurs, paraître peu<br />
équitable.<br />
Le tarif unique<br />
La deuxième option soumise à<br />
débat est celle de l’introduction<br />
progressive d’un tarif unique de<br />
l’eau pour tout le territoire ainsi<br />
que celle d’une tarification sociale<br />
à destination des plus démunis.<br />
Dans cette option, chaque catégorie<br />
définie par la loi-cadre – les ménages,<br />
l’industrie et l’agriculture –<br />
bénéficiera d’un tarif spécifique.<br />
Le prix de l’eau potable brut est<br />
estimé, selon les projections établies<br />
par l’administration, à 3,11<br />
EUR par m³ et 6,24 EUR par m³ pour<br />
l’eau potable et l’assainissement.<br />
Dans le point 5 du questionnaire<br />
soumis aux différents protagonistes,<br />
le gouvernement mentionne la<br />
tarification sociale progressive<br />
comme possible voie pour aider<br />
les ménages les plus démunis.<br />
La mise en place du tarif<br />
unique se heurte à de nombreux<br />
obstacles aussi bien politiques que<br />
techniques. Une des conséquences<br />
est la réorganisation des services de<br />
l’eau qui ne peut se faire qu’après<br />
le vote d’une loi, la tarification de<br />
l’eau relevant de la compétence<br />
des communes excepté si la loi en<br />
décide autrement. Les communes<br />
peuvent alors craindre de perdre<br />
tout ou partie du contrôle de l’eau<br />
et de l’assainissement, et se sentir,<br />
de ce fait, moins impliquées. Sur le<br />
plan technique, la réorganisation<br />
du secteur de l’eau est un processus<br />
long et complexe. Plusieurs<br />
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