Ãtat de la population mondiale 2005 - UNFPA
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éduit à l’esc<strong>la</strong>vage sexuel à une échelle sans précé<strong>de</strong>nt<br />
(voir chapitre 7) 7 .<br />
ı9<br />
LA VIE DES FILLES DANS LES ZONES RURALES D’AFRIQUE<br />
POUR LES FILLES, MOINS DE CHANCES ET DAVANTAGE DE<br />
RISQUES.<br />
Les attentes imposées en fonction <strong>de</strong> leur sexe<br />
influent dans une <strong>la</strong>rge mesure sur l’expérience que tous ont<br />
<strong>de</strong> l’adolescence 8 . Les filles sont souvent dans une position<br />
défavorisée. Quand elles atteignent <strong>la</strong> puberté, les idées<br />
préconçues à leur sujet les exposent plus que les garçons à<br />
quitter l’école, à subir <strong>de</strong>s violences sexuelles ou à être<br />
mariées dès l’enfance. Les libertés et perspectives <strong>de</strong>s garçons<br />
peuvent s’é<strong>la</strong>rgir, tandis que c’est souvent l’opposé pour les<br />
filles 9 . Durant cette pério<strong>de</strong>, <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> traitement<br />
peut <strong>de</strong>venir plus prononcée, les filles étant formées à <strong>de</strong>venir<br />
épouses et mères, et les garçons préparés à assurer<br />
<strong>la</strong> subsistance <strong>de</strong> leur famille. Habituellement, on attend<br />
<strong>de</strong>s filles une attitu<strong>de</strong> passive, tandis que les garçons sont<br />
encouragés à donner l’impression qu’ils sont pleins <strong>de</strong><br />
force et maîtrisent <strong>la</strong> situation. Les attentes p<strong>la</strong>cées dans<br />
les garçons peuvent contribuer à développer en eux un<br />
comportement agressif ou risqué, ce qui a <strong>de</strong>s effets nuisibles<br />
pour eux-mêmes et pour autrui (voir chapitre 6).<br />
L’adolescence apporte à <strong>de</strong> nombreuses filles, surtout celles<br />
qui vivent dans <strong>la</strong> pauvreté, davantage <strong>de</strong> risques et<br />
moins <strong>de</strong> liberté. Une nouvelle recherche conduite dans <strong>la</strong><br />
province <strong>la</strong> plus peuplée d’Afrique du Sud, le KwaZulu-Natal,<br />
établit que si <strong>la</strong> pauvreté a une influence négative sur <strong>la</strong><br />
santé et le comportement <strong>de</strong> tous les jeunes, son impact est<br />
plus marqué sur les jeunes femmes, qui ont moins accès à<br />
l‘information et un moindre pouvoir <strong>de</strong> négociation pour<br />
influer sur les décisions, même pour se protéger elles-mêmes<br />
du VIH 10 . Les filles quittent l’école en plus grand nombre que<br />
les garçons, soit parce qu’elles sont enceintes, soit pour prendre<br />
leur part <strong>de</strong>s responsabilités du foyer et <strong>de</strong> l’éducation <strong>de</strong>s<br />
enfants ou soigner les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille ma<strong>la</strong><strong>de</strong>s 11 . Cet<br />
état <strong>de</strong> choses se traduit par les taux d’alphabétisation moins<br />
élevés <strong>de</strong>s jeunes femmes : 63 % <strong>de</strong>s 137 millions <strong>de</strong> jeunes analphabètes,<br />
dans le mon<strong>de</strong> entier, sont <strong>de</strong> sexe féminin 12 . Les<br />
adolescentes affrontent <strong>de</strong>s risques plus élevés <strong>de</strong> subir <strong>de</strong>s<br />
pratiques nuisibles et <strong>de</strong> jouir d’une santé médiocre en<br />
matière <strong>de</strong> procréation, et elles sont particulièrement exposées<br />
au risque <strong>de</strong> contracter le VIH. Dans certaines sociétés, il<br />
est interdit aux filles d’avoir <strong>de</strong>s contacts avec les garçons<br />
et leur liberté <strong>de</strong> jouer ou <strong>de</strong> se dép<strong>la</strong>cer à l’extérieur <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
maison familiale est strictement limitée. Pour les millions <strong>de</strong><br />
filles qui se marient jeunes, l’enfance prend fin soudainement.<br />
La manière dont les adolescents perçoivent leur propre<br />
valeur et leur propre potentiel est fortement influencée par<br />
les membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> famille, les amis, l’école, <strong>la</strong> communauté<br />
et les médias. Les parents et les autres adultes membres <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
communauté peuvent fournir une orientation bienveil<strong>la</strong>nte<br />
Une recherche participative menée au Burkina Faso, au Mali et au<br />
Sénégal a permis d’orienter les efforts <strong>de</strong> Family Care International et<br />
<strong>de</strong> l’<strong>UNFPA</strong> pour répondre aux besoins et satisfaire aux droits <strong>de</strong>s<br />
adolescentes en milieu rural. Elle a dégagé quelques aperçus<br />
importants sur leurs vies :<br />
Éducation : Au Mali, les filles croient à l’éducation, mais 72 % d’entre<br />
elles n’ont jamais été sco<strong>la</strong>risées dans les zones rurales. L’éducation est<br />
souvent interrompue par un mariage forcé ou un mariage d’enfants, par<br />
le coût et <strong>la</strong> distance <strong>de</strong>s écoles secondaires, et par <strong>la</strong> coutume qui impose<br />
aux filles <strong>de</strong>s zones rurales <strong>de</strong> passer une année à <strong>la</strong> ville à servir<br />
comme domestique pour gagner l’argent nécessaire à leur trousseau <strong>de</strong><br />
mariage. “Notre vil<strong>la</strong>ge n’a jamais produit une seule diplômée. Pour nous<br />
l’éducation est un rêve lointain”, a dit une Malienne <strong>de</strong> 18 ans. “Une fille<br />
n’a pas vraiment besoin <strong>de</strong> recevoir une éducation, car elle quittera <strong>de</strong><br />
toute manière ses parents pour fon<strong>de</strong>r une famille ailleurs et les avantages<br />
<strong>de</strong> son éducation bénéficieront à d’autres”, a dit un parent. Cette<br />
manière <strong>de</strong> voir a trouvé un <strong>la</strong>rge écho dans <strong>la</strong> communauté.<br />
Santé en matière <strong>de</strong> procréation : Dans les trois pays cités, les filles<br />
reçoivent souvent <strong>de</strong>s informations propres à les troubler et à les<br />
effrayer sur <strong>la</strong> puberté et <strong>la</strong> menstruation. Les services et l’information<br />
dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé en matière <strong>de</strong> procréation sont rudimentaires<br />
concernant <strong>la</strong> puberté et <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nification familiale. Moins <strong>de</strong> 30 %<br />
<strong>de</strong>s filles et <strong>de</strong>s femmes <strong>de</strong>s zones rurales donnent naissance en présence<br />
d’une accoucheuse qualifiée, et beaucoup ont peur <strong>de</strong> s’adresser<br />
aux centres médicaux du voisinage. “Nous n’allons pas à <strong>la</strong> maternité<br />
pour avoir nos bébés”, a dit une fille mariée du Mali, “parce que <strong>la</strong> sagefemme<br />
nous traite durement et crie pendant l’accouchement. De plus, il<br />
n’y a jamais aucun médicament et les lits sont sales. Nous préférons<br />
avoir nos bébés à domicile.”<br />
Moyens d’existence : Les filles <strong>de</strong>s zones rurales travaillent dur pour<br />
contribuer aux ressources du ménage, mais leurs perspectives <strong>de</strong> sécurité<br />
économique sont limitées par leur manque d’éducation, le mariage<br />
et les maternités dès l’enfance, le manque <strong>de</strong> mobilité et <strong>la</strong> pauvreté <strong>de</strong><br />
l’environnement rural.<br />
et favoriser <strong>la</strong> compréhension entre générations à l’heure où<br />
les adolescents abor<strong>de</strong>nt les nouveaux problèmes <strong>de</strong> leur<br />
vie. Élever filles et garçons à se respecter les uns les autres,<br />
à aspirer également à <strong>de</strong>s perspectives favorables dans<br />
l’éducation et le travail, et à attendre <strong>de</strong> leurs re<strong>la</strong>tions et<br />
du conjoint un traitement équitable ai<strong>de</strong> à édifier <strong>de</strong>s familles<br />
soli<strong>de</strong>s et à faire progresser les objectifs <strong>de</strong> développement.<br />
UN CHAÎNON MANQUANT DANS LES POLITIQUES ET LES BUD-<br />
GETS.<br />
De nombreux programmes sont centrés sur <strong>la</strong> santé<br />
<strong>de</strong>s enfants et l’enseignement primaire, mais les besoins <strong>de</strong>s<br />
adolescents retiennent rarement l’attention. Les <strong>la</strong>cunes qui<br />
en résultent dans les politiques privent les adolescents d’un<br />
appui qui leur serait fort nécessaire. En même temps, les<br />
pays risquent <strong>de</strong> perdre le profit <strong>de</strong> leurs investissements<br />
46 CHAPITRE 5: LE VOYAGE SANS CARTES : ADOLESCENTS, PAUVRETÉ ET IDENTITÉ SEXUELLE