Ãtat de la population mondiale 2005 - UNFPA
Ãtat de la population mondiale 2005 - UNFPA
Ãtat de la population mondiale 2005 - UNFPA
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
31<br />
VIVRE À L’ABRI DE LA VIOLENCE :<br />
C’EST NOTRE DROIT<br />
Une initiative <strong>la</strong>ncée en 1998 par huit institutions <strong>de</strong>s Nations Unies,<br />
dont l’<strong>UNFPA</strong>, montre comment <strong>de</strong>s campagnes peuvent ai<strong>de</strong>r à maintenir<br />
une col<strong>la</strong>boration à long terme entre les gouvernements, <strong>la</strong> société<br />
civile, les groupes <strong>de</strong> femmes et le système <strong>de</strong>s Nations Unies. La campagne<br />
interinstitutions <strong>de</strong>s Nations Unies sur les droits humains <strong>de</strong>s<br />
femmes en Amérique <strong>la</strong>tine et dans les Caraïbes, “Vivre à l’abri <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
violence : c’est notre droit”, a reçu l’aval <strong>de</strong> 22 gouvernements; grâce à<br />
elle, le problème est resté inscrit à l’agenda <strong>de</strong>s responsables et présent<br />
à l’attention du public.<br />
La campagne a recouru aux médias, notamment une revue appelée<br />
“Maria Maria”, à un concours <strong>de</strong> photos itinérant et à <strong>de</strong>s annonces<br />
publiques pour stimuler aux niveaux national et régional l’action sur <strong>la</strong><br />
violence contre les femmes. En 2001, un colloque sur <strong>la</strong> violence sexiste,<br />
<strong>la</strong> santé et les droits dans les <strong>de</strong>ux Amériques a réuni <strong>de</strong>s<br />
représentants <strong>de</strong>s ministères <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé, <strong>de</strong>s organisations <strong>de</strong> femmes<br />
et <strong>de</strong> <strong>la</strong> société civile <strong>de</strong> 30 pays afin d’i<strong>de</strong>ntifier les stratégies capables<br />
d’affronter le redoutable problème <strong>de</strong> santé publique que pose <strong>la</strong> violence<br />
contre les femmes. L’appel à l’action <strong>la</strong>ncé par le colloque a<br />
nettement inscrit le droit <strong>de</strong>s femmes à <strong>la</strong> sécurité individuelle sur l’agenda<br />
<strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> santé et exhorté les gouvernements et <strong>la</strong><br />
société civile à prendre <strong>de</strong>s mesures d’ensemble sur les p<strong>la</strong>ns légis<strong>la</strong>tif,<br />
financier et social. Les entités régionales et les institutions <strong>de</strong>s Nations<br />
Unies poursuivent leur col<strong>la</strong>boration, soutenant et contrô<strong>la</strong>nt les progrès<br />
aux niveaux régional et national.<br />
Dans certains pays, les parents gar<strong>de</strong>nt leurs filles loin <strong>de</strong><br />
l’école par crainte <strong>de</strong> sévices sexuels ou <strong>de</strong> viol. Certains<br />
pays prennent <strong>de</strong>s mesures. Par exemple, le Gouvernement<br />
panaméen, avec l’appui <strong>de</strong> l’<strong>UNFPA</strong>, a mis en p<strong>la</strong>ce un programme<br />
national visant à prévenir les sévices sexuels contre<br />
les filles dans les écoles 59 . Les femmes et filles qui vivent<br />
dans <strong>la</strong> pauvreté sont souvent plus exposées au viol, peutêtre<br />
parce que leurs quartiers et les parcours au lieu <strong>de</strong><br />
travail ou à l’école sont plus dangereux. Parmi les réactions<br />
couronnées <strong>de</strong> succès, il faut citer à Montréal “Entre <strong>de</strong>ux<br />
arrêts”, qui permet aux femmes <strong>de</strong> <strong>de</strong>scendre <strong>de</strong> l’autobus<br />
aussi près <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>stination que possible durant <strong>la</strong> nuit et,<br />
à Bangkok, le service “Lady Bus” 60 .<br />
La possession d’avoirs semble aussi un facteur <strong>de</strong> protection.<br />
Au Kera<strong>la</strong> (In<strong>de</strong>), une enquête a établi que 49 % <strong>de</strong>s<br />
femmes qui ne possédaient rien ont déc<strong>la</strong>ré avoir été victimes<br />
<strong>de</strong> violence physique, contre 7 % seulement pour les femmes<br />
possédant <strong>de</strong>s avoirs 61 . Dans certains cas, <strong>la</strong> lutte contre <strong>la</strong><br />
violence est centrée sur l’attribution aux femmes <strong>de</strong> moyens<br />
économiques. En Algérie et au Maroc, l’<strong>UNFPA</strong> prête appui<br />
aux efforts menés pour faire une p<strong>la</strong>ce à <strong>de</strong> telles initiatives<br />
dans les services existants à l’intention <strong>de</strong> celles qui survivent<br />
à <strong>la</strong> violence 62 . Au Venezue<strong>la</strong>, l’<strong>UNFPA</strong> a prêté appui aux<br />
efforts <strong>de</strong> <strong>la</strong> Banque nationale <strong>de</strong>s femmes, Banmujer, pour<br />
intégrer <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong> <strong>la</strong> violence dans ses services <strong>de</strong><br />
crédit. L’Institut national <strong>de</strong>s femmes, membre d’un réseau<br />
d’organisations gouvernementales et non gouvernementales<br />
créé pour fournir les services pertinents aux victimes <strong>de</strong><br />
sévices, dispose d’une ligne téléphonique ouverte en permanence<br />
pour signaler les cas <strong>de</strong> violence. Le personnel <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
banque suit régulièrement <strong>de</strong>s cours <strong>de</strong> recyc<strong>la</strong>ge sur <strong>la</strong> violence<br />
sexiste et <strong>la</strong> santé en matière <strong>de</strong> procréation afin <strong>de</strong><br />
mieux répondre aux besoins <strong>de</strong>s clientes autres que financiers.<br />
La promotion <strong>de</strong>s droits économiques <strong>de</strong>s femmes, y<br />
compris leurs droits en matière <strong>de</strong> propriété et <strong>de</strong> succession,<br />
comme l’a recommandé le Projet objectifs du Millénaire,<br />
peut ai<strong>de</strong>r les femmes à éviter les re<strong>la</strong>tions marquées par<br />
<strong>la</strong> violence et à y mettre fin 63 .<br />
Se mobiliser pour une ‘tolérance zéro’<br />
Depuis <strong>de</strong>s décennies, les avocats <strong>de</strong>s droits <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme et<br />
<strong>de</strong>s institutions internationales comme le Fonds <strong>de</strong> développement<br />
<strong>de</strong>s Nations Unies pour <strong>la</strong> femme (UNIFEM)<br />
travaillent à promouvoir une culture <strong>de</strong> tolérance zéro face<br />
à <strong>la</strong> violence à l’égard <strong>de</strong>s femmes. Un nombre croissant <strong>de</strong><br />
communautés, <strong>de</strong> coalitions et <strong>de</strong> pays se mobilisent autour<br />
<strong>de</strong> cette cause.<br />
Vingt-cinq pays environ ont manifesté leur engagement en<br />
é<strong>la</strong>borant <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ns d’action nationaux sur l’élimination <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
violence à l’égard <strong>de</strong>s femmes 64 . De nombreux pays adoptent<br />
également <strong>de</strong>s lois visant diverses formes <strong>de</strong> violence sexiste.<br />
Par exemple, <strong>la</strong> Tunisie a criminalisé le harcèlement sexuel<br />
en 2004. Au Niger, une loi <strong>de</strong> 2003 définit le viol et le harcèlement<br />
sexuel et interdit toute forme <strong>de</strong> réduction en esc<strong>la</strong>vage<br />
<strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s enfants 65 . Au Kirghizistan, une loi a été<br />
adoptée en 2003 à l’initiative d’organisations non gouvernementales,<br />
qui ont réuni 30 000 signatures au niveau <strong>de</strong>s<br />
communautés, ce qui ne s’était jamais vu auparavant, pour<br />
promouvoir une légis<strong>la</strong>tion contre <strong>la</strong> violence. La Jordanie a<br />
cessé d’accor<strong>de</strong>r l’impunité aux crimes d’honneur. Davantage<br />
<strong>de</strong> pays ont criminalisé le viol conjugual 66 .<br />
La violence sexiste est un problème multidimensionnel<br />
qui exige une réaction multiforme. En In<strong>de</strong>, les Centres <strong>de</strong><br />
conseils aux familles, créés par le service <strong>de</strong> police <strong>de</strong> l’État<br />
<strong>de</strong> Madhya Pra<strong>de</strong>sh et soutenus par l’<strong>UNFPA</strong>, fournissent <strong>de</strong>s<br />
conseils et <strong>de</strong>s services juridiques dans les cas suivants : violence<br />
liée à <strong>la</strong> dot, harcèlement par <strong>la</strong> belle-famille, mariage<br />
d’enfants, viol et sévices 67 . L’<strong>UNFPA</strong> a aussi travaillé en étroite<br />
liaison avec le Réseau <strong>de</strong>s femmes africaines ministres et<br />
parlementaires afin d’amplifier leurs activités <strong>de</strong> p<strong>la</strong>idoyer<br />
au niveau national en faveur d’un renforcement <strong>de</strong>s lois et<br />
<strong>de</strong>s organismes d’application <strong>de</strong> celles-ci 68 . Au Kenya, <strong>de</strong>s<br />
services <strong>de</strong> conseils ai<strong>de</strong>nt les filles qui s’enfuient pour<br />
échapper à <strong>la</strong> muti<strong>la</strong>tion/coupure génitale ou au mariage<br />
forcé à regagner leur domicile sans risques 69 . La Chine a<br />
produit à l’intention <strong>de</strong>s travailleurs sociaux un manuel<br />
70 CHAPITRE 7: LA VIOLENCE SEXISTE : UN PRIX TROP ÉLEVÉ