Ãtat de la population mondiale 2005 - UNFPA
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d’avortements pratiqués chaque année sur <strong>de</strong>s adolescentes<br />
dans <strong>de</strong>s conditions dangereuses 60 . En Afrique subsaharienne,<br />
où se situent 40 % <strong>de</strong> tous les avortements pratiqués sur<br />
<strong>de</strong>s adolescentes dans <strong>de</strong>s conditions dangereuses à travers le<br />
mon<strong>de</strong> en développement, les données en provenance <strong>de</strong> sept<br />
pays ont révélé que 39 à 79 % <strong>de</strong>s patientes traitées pour <strong>de</strong>s<br />
complications <strong>de</strong> l’avortement étaient <strong>de</strong>s adolescentes 61 . La<br />
moitié <strong>de</strong>s 10 000 Nigérianes mortes du fait d'avortements<br />
pratiqués dans <strong>de</strong>s conditions dangereuses seraient <strong>de</strong>s<br />
adolescentes 62 . En Argentine et au Chili, il a été constaté<br />
qu'un tiers <strong>de</strong>s décès maternels dans le groupe d'âge 15-19 ans<br />
étaient consécutifs à l'avortement 63 .<br />
Comme les femmes adultes, les adolescentes se heurtent à<br />
<strong>de</strong>s obstacles sexospécifiques pour obtenir un choix informé<br />
sur <strong>la</strong> santé en matière <strong>de</strong> procréation, ainsi qu’on l’a vu au<br />
chapitre 4. Ces obstacles sont rendus plus redoutables par leur<br />
médiocre statut social <strong>de</strong> jeunes. Les adolescentes sont soumises<br />
à <strong>la</strong> violence sexuelle et à <strong>la</strong> coercition. Elles hésitent<br />
souvent à rechercher <strong>de</strong>s services en raison <strong>de</strong> l’opprobre ou<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> méfiance dont elles font l’objet, jusqu’au moment où<br />
elles affrontent une grossesse non recherchée ou les complications<br />
éventuellement mortelles d’un avortement pratiqué<br />
dans <strong>de</strong>s conditions dangereuses. Elles ont en outre peu<br />
d’argent pour acquitter le prix <strong>de</strong>s services et du transport.<br />
Pour atteindre les OMD, il faudra prêter attention aux<br />
besoins spécifiques <strong>de</strong>s adolescentes dans le domaine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
santé en matière <strong>de</strong> procréation 64 .<br />
Les jeunes et le VIH/sida<br />
Près d’un quart <strong>de</strong>s personnes atteintes du VIH sont âgées <strong>de</strong><br />
moins <strong>de</strong> 25 ans 65 . Les jeunes représentent aujourd’hui <strong>la</strong><br />
moitié <strong>de</strong> tous les nouveaux cas. On estime à 6 000 le nombre<br />
<strong>de</strong> jeunes qui sont infectés chaque jour – un toutes les 14<br />
minutes. La majorité d’entre eux sont <strong>de</strong>s femmes et <strong>de</strong>s<br />
filles 66 . En Afrique subsaharienne, 63 % <strong>de</strong>s séropositifs<br />
étaient en 2003 âgés <strong>de</strong> 15 à 24 ans 67 . En Fédération <strong>de</strong> Russie<br />
et dans d’autres pays d’Europe <strong>de</strong> l’Est et d’Asie centrale,<br />
plus <strong>de</strong> 80 % <strong>de</strong>s séropositifs sont âgés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 30 ans, en<br />
majorité <strong>de</strong>s hommes 68 . Dans ces régions, aussi bien qu’en<br />
Asie du Sud-Est et en Chine, l’injection <strong>de</strong> drogues et les travailleurs<br />
<strong>de</strong> l’industrie du sexe sont les principaux agents <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> diffusion du VIH. Un tiers <strong>de</strong>s nouveaux cas d’infections<br />
sexuellement transmissibles curables concerne chaque année<br />
<strong>de</strong>s jeunes <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25 ans 69 .<br />
LES JEUNES FEMMES AFFRONTENT LES RISQUES LES PLUS<br />
ÉLEVÉS.<br />
Dans les années 80, le VIH/sida touchait hors <strong>de</strong><br />
toute proportion les hommes. Maintenant, le visage <strong>de</strong><br />
l’épidémie est <strong>de</strong> plus en plus celui d’une jeune femme.<br />
Dans le groupe d’âge 15-24 ans, on compte 160 femmes atteintes<br />
du VIH pour chaque groupe <strong>de</strong> 100 hommes. En Afrique<br />
subsaharienne, on en compte 360 70 . Environ 70 % <strong>de</strong> tous les<br />
jeunes séropositifs sont <strong>de</strong>s femmes dans les Caraïbes, le<br />
Moyen-Orient et l’Afrique du Nord 71 .<br />
23<br />
LA CAMPAGNE CONTRE LA FISTULE OBSTÉTRICALE : RENDRE AUX ADOLESCENTES LEUR VIE ET LEUR DIGNITÉ<br />
Fatima a été mariée à 14 ans. Peu après, elle est<br />
<strong>de</strong>venue enceinte. Après six journées <strong>de</strong> cruelles<br />
douleurs, <strong>la</strong> jeune Nigériane a donné naissance à<br />
un bébé mort-né. Pendant les 10 années<br />
suivantes, explique Fatima, “<strong>la</strong> communauté<br />
entière m’a rejetée. Partout où j’al<strong>la</strong>is, on se<br />
moquait <strong>de</strong> moi”.<br />
Fatima a survécu à une catastrophique lésion<br />
consécutive à l’accouchement connue sous le<br />
nom <strong>de</strong> fistule obstétricale – état qu’il est<br />
possible <strong>de</strong> prévenir et <strong>de</strong> guérir, mais qui affecte<br />
au moins <strong>de</strong>ux millions <strong>de</strong> femmes et <strong>de</strong> filles<br />
dans le mon<strong>de</strong> entier. Causée par un accouchement<br />
prolongé et non mené à terme, <strong>la</strong> fistule est<br />
un trou qui se forme entre le vagin et <strong>la</strong> vessie<br />
et/ou le rectum, infligeant ainsi une incontinence<br />
chronique. Dans presque tous les cas, le bébé<br />
meurt. Incapables <strong>de</strong> rester sèches, les femmes<br />
atteintes d’une fistule sont souvent abandonnées<br />
par leur mari et leur famille, blâmées <strong>de</strong> leur état<br />
et ostracisées par <strong>la</strong> communauté. Le plus<br />
souvent, <strong>la</strong> fistule est le lot <strong>de</strong> filles et <strong>de</strong> jeunes<br />
femmes qui vivent dans <strong>de</strong>s zones rurales<br />
pauvres et reculées avec <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> santé<br />
insuffisants ou inexistants, aussi bien que <strong>de</strong><br />
celles qui accouchent à domicile sans bénéficier<br />
<strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> professionnels.<br />
Fatima est l’une <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> filles et <strong>de</strong><br />
femmes qui ont reçu un traitement chirurgical<br />
dans le cadre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Campagne <strong>mondiale</strong> pour éliminer<br />
les fistules, <strong>la</strong>ncée en 2003 par l’<strong>UNFPA</strong> et<br />
un grand nombre <strong>de</strong> partenaires. La campagne<br />
est active dans plus <strong>de</strong> 30 pays d’Afrique subsaharienne,<br />
d’Asie du Sud et <strong>de</strong>s États arabes dans<br />
le but <strong>de</strong> prévenir <strong>la</strong> fistule et <strong>de</strong> traiter les femmes<br />
et filles qui en sont atteintes. Elle les ai<strong>de</strong><br />
aussi à reprendre leur p<strong>la</strong>ce dans <strong>la</strong> société en<br />
commençant à é<strong>la</strong>rgir leur accès à l’acquisition<br />
<strong>de</strong> savoir-faire, aux c<strong>la</strong>sses d’alphabétisation et à<br />
<strong>la</strong> délivrance <strong>de</strong> conseils durant le processus <strong>de</strong><br />
guérison postopératoire. Après son opération,<br />
Fatima a souri, heureuse “d’être désormais invitée<br />
par ses amies et ses voisines aux mariages et<br />
aux cérémonies au cours <strong>de</strong>squelles l’enfant<br />
reçoit un nom”.<br />
Au Nigéria, <strong>la</strong> campagne a prêté appui à un<br />
projet d’une durée <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux semaines qui, en<br />
février <strong>2005</strong>, a permis <strong>de</strong> traiter 545 femmes et<br />
<strong>de</strong> dispenser une formation à <strong>de</strong>s douzaines <strong>de</strong><br />
mé<strong>de</strong>cins, d’infirmières et <strong>de</strong> travailleurs<br />
sociaux en matière <strong>de</strong> chirurgie et <strong>de</strong> soins postopératoires.<br />
Après avoir participé à une session<br />
d’éducation sanitaire, un certain nombre d’hommes<br />
qui accompagnaient leurs femmes et filles<br />
sur le point d’être opérées sont désormais résolus<br />
à en ai<strong>de</strong>r d’autres. “Même si je dois<br />
dépenser mon propre argent, j’ai<strong>de</strong>rai d’autres<br />
femmes à venir à l’hôpital”, a dit Muhammadu<br />
Abubakar, un Nigérian, qui accompagnait<br />
sa nièce.<br />
ÉTAT DE LA POPULATION MONDIALE <strong>2005</strong> 51