Ãtat de la population mondiale 2005 - UNFPA
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AU TIMOR-LESTE, UNE MOBILISATION POUR<br />
ARRÊTER LA VIOLENCE CONTRE LES FEMMES<br />
Depuis son accès à l’indépendance en 2002, le Timor-Leste, bien qu’il<br />
soit encore l’un <strong>de</strong>s pays les plus pauvres d’Asie, prend position pour<br />
l’égalité <strong>de</strong>s sexes. Des dirigeantes, qui ont joué un rôle actif durant <strong>la</strong><br />
lutte pour l’indépendance, ont insisté pour participer sur un pied<br />
d’égalité aux institutions politiques créées <strong>de</strong>puis l’indépendance. Les<br />
femmes occupent maintenant 27 % <strong>de</strong>s sièges parlementaires, et un<br />
Bureau consultatif auprès du Premier Ministre pour <strong>la</strong> promotion <strong>de</strong><br />
l’égalité a été créé.<br />
Le mouvement <strong>de</strong>s femmes a reconnu dans <strong>la</strong> violence sexiste une<br />
priorité absolue. L’<strong>UNFPA</strong> a patronné <strong>la</strong> première étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> pays fiable,<br />
qui a révélé que 50 % <strong>de</strong>s femmes avaient subi une forme quelconque<br />
<strong>de</strong> sévices. Un rapport <strong>de</strong> <strong>la</strong> police nationale indique que <strong>la</strong> violence<br />
contre les femmes constitue 68 % <strong>de</strong> toutes les affaires signalées. La<br />
police est actuellement formée à protéger les victimes et leur venir en<br />
ai<strong>de</strong>. Des activités et <strong>de</strong>s campagnes <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> conscience à gran<strong>de</strong><br />
échelle, qui recourent aux représentations théâtrales, aux programmes<br />
radio et à un feuilleton télévisé, ont ouvert un <strong>la</strong>rge débat sur un sujet<br />
auparavant tabou, et une nouvelle loi sur <strong>la</strong> violence familiale a rendu le<br />
public mieux averti du problème<br />
Avec l’appui <strong>de</strong> l’<strong>UNFPA</strong>, le Timor-Leste a mis en p<strong>la</strong>ce ses premiers<br />
services d’ai<strong>de</strong> judiciaire pour les femmes victimes <strong>de</strong> sévices, ainsi que<br />
<strong>la</strong> première “salle close” d’hôpital où les femmes reçoivent <strong>de</strong>s soins<br />
médicaux et <strong>de</strong>s conseils en privé. L’Association <strong>de</strong>s hommes contre <strong>la</strong><br />
violence a tenu <strong>de</strong>s ateliers d’éducation sociale avec les hommes qui<br />
vivent dans <strong>de</strong>s zones rurales ou écartées et a dispensé aux délinquants<br />
détenus dans <strong>la</strong> prison nationale une formation à <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> contrôler<br />
sa colère.<br />
personnel médical à gérer les cas <strong>de</strong> violence sexuelle 66 . Les<br />
cas signalés <strong>de</strong> sévices et d’exploitation <strong>de</strong> filles et <strong>de</strong> femmes,<br />
par exemple en République démocratique du Congo et<br />
au Libéria 67 , ont d’autre part amené le Département <strong>de</strong>s opérations<br />
<strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix (ONU) à é<strong>la</strong>borer <strong>de</strong> nouvelles<br />
directives pour limiter <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> violences et d’exploitation<br />
sexuelles dont se rendraient coupables les soldats<br />
chargés du maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix et le personnel en uniforme<br />
employé dans les centres <strong>de</strong> secours humanitaires 68 .<br />
ARRÊTER LA DIFFUSION DU VIH. Les conflits, les dép<strong>la</strong>cements<br />
<strong>de</strong> popu<strong>la</strong>tion et <strong>la</strong> perte d’accès aux services et à l’information<br />
sanitaires qui en résulte peuvent aggraver <strong>la</strong> possibilité<br />
<strong>de</strong> transmission du VIH. En République démocratique du<br />
Congo, par exemple, les séropositifs représentaient 5 % <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
popu<strong>la</strong>tion en 1997, avant l’éc<strong>la</strong>tement du conflit. En 2002,<br />
selon les évaluations, ce taux aurait grimpé à 20 % dans <strong>la</strong><br />
partie orientale du pays où le conflit a commencé 69 .<br />
L’effondrement presque total <strong>de</strong>s systèmes <strong>de</strong> sécurité et <strong>de</strong><br />
protection sociale, <strong>la</strong> forte inci<strong>de</strong>nce du viol et le manque<br />
<strong>de</strong> réserves <strong>de</strong> sang non contaminé ont sans aucun doute<br />
contribué à cette rapi<strong>de</strong> augmentation. Les situations où<br />
d’importants éléments d’une armée ou d’une milice se<br />
mêlent constamment à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile peuvent créer <strong>de</strong>s<br />
risques additionnels, parce que les forces militaires ont généralement<br />
<strong>de</strong>s taux plus élevés d’infections sexuellement<br />
transmissibles, dont le VIH, que <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion civile 70 . Si <strong>la</strong><br />
prévalence du VIH augmente encore, le conflit pourrait être<br />
l’étincelle qui allume une épidémie pleinement développée.<br />
La fin du conflit n’entraîne pas <strong>la</strong> fin du risque. En effet, les<br />
conflits sont <strong>la</strong> source d’un bouleversement durable <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
société et entraînent <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection offerte par <strong>la</strong><br />
famille et <strong>la</strong> communauté contre l’exploitation et les sévices<br />
sexuels, ainsi que l’effondrement <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> prévention.<br />
Beaucoup <strong>de</strong> femmes et <strong>de</strong> filles sont contraintes d’accepter<br />
<strong>de</strong>s rapports sexuels dans le seul but <strong>de</strong> survivre.<br />
Grâce à <strong>la</strong> prise <strong>de</strong> conscience accrue au niveau<br />
international <strong>de</strong> l’impact <strong>de</strong>s conflits armés sur l’épidémie<br />
<strong>de</strong> sida, les activités <strong>de</strong> secours humanitaire intègrent <strong>la</strong> prévention<br />
et le traitement à un sta<strong>de</strong> plus précoce <strong>de</strong> leur<br />
intervention. Le système <strong>de</strong>s Nations Unies et les réseaux <strong>de</strong><br />
santé en matière <strong>de</strong> procréation qui opèrent dans les situations<br />
d’urgence communiquent <strong>de</strong>s directives aux agents<br />
humanitaires 71 . De nombreuses organisations ciblent expressément<br />
les hommes, surtout dans le cadre <strong>de</strong>s programmes<br />
<strong>de</strong> désarmement, démobilisation et réinsertion. En Érythrée<br />
et en Éthiopie, par exemple, l’<strong>UNFPA</strong> a prêté appui à <strong>la</strong> formation<br />
<strong>de</strong> soldats démobilisés sur <strong>la</strong> prévention du VIH et les<br />
conseils y re<strong>la</strong>tifs, pour qu’ils puissent éduquer d’autres<br />
membres <strong>de</strong> leurs communautés une fois rentrés chez eux 72 .<br />
Au Libéria, l’<strong>UNFPA</strong> ai<strong>de</strong> une <strong>la</strong>rge coalition d’organisations<br />
non gouvernementales à entreprendre <strong>de</strong>s campagnes<br />
massives <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>stinées aux groupes dép<strong>la</strong>cés<br />
dans les camps <strong>de</strong> réfugiés – en particulier là où un<br />
grand nombre <strong>de</strong> femmes et <strong>de</strong> filles ont recouru à <strong>la</strong><br />
prostitution pour survivre. Les organisations à base communautaire<br />
actives le long <strong>de</strong>s frontières <strong>de</strong> <strong>la</strong> Sierra Leone et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> Guinée ont désormais formé 60 000 personnes dép<strong>la</strong>cées<br />
et rapatriées à prévenir et traiter les infections<br />
sexuellement transmissibles, dont le VIH, et 3,2 millions <strong>de</strong><br />
préservatifs masculins ont été distribués. Environ 5 000<br />
pairs-éducateurs ont dispensé une éducation à <strong>la</strong> prévention<br />
du VIH dans les écoles, les camps et les communautés. Des<br />
personnes atteintes du VIH et du sida sont d’autre part<br />
recrutées en qualité d’“ambassa<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> <strong>la</strong> prévention”. Des<br />
séances <strong>de</strong> formation ont lieu chaque semaine à l’intention<br />
<strong>de</strong>s forces <strong>de</strong> maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> paix <strong>de</strong>s Nations Unies concernant<br />
<strong>la</strong> violence sexuelle et <strong>la</strong> prévention <strong>de</strong>s infections<br />
sexuellement transmissibles et du VIH. Ces efforts intensifs<br />
ont brisé le cercle <strong>de</strong> silence, <strong>de</strong> dénégation et d’opprobre qui<br />
entoure l’épidémie du sida. Plus nombreux sont ceux qui<br />
cherchent maintenant conseils et traitement.<br />
82 CHAPITRE 8: LES FEMMES ET LES JEUNES DANS LES CRISES HUMANITAIRES