L'appétit d'un géant - ccifc
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Culture les gens<br />
Jacques Pourcel,<br />
l’appétit d’un entrepreneur de Shanghai<br />
Au 6e étage d’un des somptueux buildings années 20 du Bund, Jacques Pourcel<br />
prépare sa journée. C’est presqu’une histoire de routine pour ce chef qui vient en<br />
Chine tous les deux mois et demi pour suivre le développement du restaurant qu’il<br />
a ouvert avec son frère jumeau Laurent et Olivier Château, leur associé, en 2004.<br />
Une corde de plus à leur arc asiatique, car les chefs étoilés du Jardin des Sens à<br />
Montpellier officient également à Tokyo et à Bangkok. Admirés pour l’envergure<br />
internationale qu’ils ont donné à leur nom, ils sont aussi décriés pour leur dispersion,<br />
qui leur a coûté l’an dernier une de leurs trois étoiles. Le plus voyageur des frères<br />
jumeaux raconte leur aventure chinoise...<br />
Comment vous est venue l’envie de vous installer ici ?<br />
J’ai découvert Shanghai en 2002 et j’ai été impressionné.<br />
On a donc pensé, avec mon frère, que s’il y avait un jour<br />
une opportunité, il ne faudrait pas la laisser passer. Elle est<br />
arrivée il y a quatre ans. Les propriétaires de Bund 18 (ndlr<br />
l’immeuble où est installé Sens & Bund) nous ont parlé<br />
de leur projet de réhabilitation de l’immeuble et de leur<br />
volonté d’y installer un restaurant français.<br />
Comment se justifiait ce choix ?<br />
Les propriétaires sont originaires de Taiwan et connaissent<br />
bien la gastronomie occidentale. Ils voulaient de<br />
la gastronomie française, qui a une image pointue et<br />
réputée en Chine. Ils ont été séduits par le dîner dans<br />
notre restaurant à Tokyo. Quant à nous, l’incroyable<br />
emplacement proposé à Shanghai et le bâtiment plein de<br />
charme nous ont tout de suite fait craquer. On a ensuite<br />
eu carte blanche pour faire le restaurant.<br />
Cette envie de Chine était votre première envie d’Asie ?<br />
Nous nous sommes d’abord installés à Tokyo en 2002.<br />
L’envie de l’Asie nous est venue car ce sont des pays qui<br />
sont très porteurs sur le plan économique, avec une<br />
clientèle qui aime ce qui est français, que ce soit la mode,<br />
le design, la gastronomie, le vin, etc...<br />
De votre côté, puisez-vous de l’inspiration dans la<br />
cuisine chinoise ?<br />
Notre cuisine est méditerranéenne au départ, s’inspirant<br />
beaucoup des bases de cuisine en Italie, au Maroc... depuis<br />
dix ans nous y avons ajouté une influence asiatique, avec<br />
des saveurs comme le salé-sucré. Cela dit, nous sommes<br />
venus à Shanghai pour ouvrir un restaurant français et<br />
nous restons sur une cuisine traditionnelle modernisée.<br />
Laurent et Jacques Pourcel<br />
Avez-vous ainsi réussi à conquérir la clientèle chinoise ?<br />
Elle constitue, depuis le début, la moitié de notre clientèle.<br />
Ce sont surtout des hommes d’affaires, beaucoup de<br />
Chinois de Hong Kong, de Taiwan ou des Etats-Unis,<br />
familiarisés avec ce type de cuisine. Il y a aussi une<br />
clientèle chinoise qui n’a jamais quitté la Chine qui montre<br />
un intérêt croissant pour la cuisine française. C’est une<br />
vraie découverte quand ils sont en famille. Ils sont très<br />
ouverts mais je pense qu’il ne faut pas faire de la cuisine<br />
trop moderne, qui risquerait d’être réservée à une élite<br />
qui a beaucoup voyagé.<br />
© Olivier Maynard<br />
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