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pouvaient passer de longs mois sans <strong>le</strong>urs avoirs. Tout acte de protestationétait considéré <strong>com</strong>me une activité subversive et puni d’emprisonnement sinedie. Qui plus est, <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs des entreprises nationa<strong>le</strong>s n’avaient pas laliberté de résilier <strong>le</strong>ur contrat de travail sans cause justifiée.En 1975, tous <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>urs nigérians furent expulsés des plantations decacao qui existaient encore dans l’î<strong>le</strong>, et partiel<strong>le</strong>ment remplacés par une maind’œuvre importée à la force de Río Muni et de l’î<strong>le</strong> d’Annobon. Chaque villageet chaque famil<strong>le</strong> du continent étaient alors tenus d’envoyer dans l’î<strong>le</strong> un quotade travail<strong>le</strong>urs pour sauver la récolte de cacao, ce qui fit resurgir <strong>le</strong> trafic despersonnes d’époques passées. S’ils ne se présentaient pas spontanément, ilsétaient détenus et transférés de force de <strong>le</strong>ur village vers <strong>le</strong>s plantations decacao de l’î<strong>le</strong>; ces ouvriers n’avaient droit à aucun salaire et ne recevaient qu’unemaigre portion alimentaire. Sans assistance médica<strong>le</strong> ni d’autre type et sansparents ou connaissances auxquels recourir pour survivre, ces bagnards ducacao en étaient réduits à vo<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s propriétés des habitants de l’î<strong>le</strong>,devant l’impuissance de ces derniers, qui n’avaient aucune instance à laquel<strong>le</strong>dénoncer <strong>le</strong>s “travail<strong>le</strong>urs révolutionnaires”, <strong>com</strong>me on <strong>le</strong>s appelait à cette époque.Ces personnes ne pouvaient pas retourner dans <strong>le</strong>urs villages et dans descas exceptionnels seu<strong>le</strong>ment, ils obtenaient une autorisation de déplacementou “créance”.Les conditions de travail étaient similaires dans <strong>le</strong> secteur de la construction,notamment sur <strong>le</strong>s chantiers de certaines infrastructures, <strong>com</strong>me pour la construction,par exemp<strong>le</strong>, de la centra<strong>le</strong> hydroé<strong>le</strong>ctrique de Bikomo, où <strong>le</strong>s travail<strong>le</strong>ursguinéens percevaient à peine, et de manière irrégulière, un salaire de3000 bikwe<strong>le</strong>, qui <strong>le</strong>ur suffisait juste pour manger pendant cinq jours.Tous <strong>le</strong>s samedis, <strong>le</strong>s fonctionnaires publics et la population en général devaientse prêter à des tâches publiques, <strong>com</strong>me <strong>le</strong> nettoyage de l’herbe des rues (ou“désherbage des vil<strong>le</strong>s”). Quel<strong>le</strong> que soit l’heure et n’importe où, <strong>le</strong>s agents de lasécurité pouvaient arrêter <strong>le</strong>s gens et <strong>le</strong>s forcer à des travaux de nettoyage.L’institution du travail forcé gratuit et généralisé avait un nom; on “travaillait pour <strong>le</strong>PUNT”. À part ce travail forcé généralisé, <strong>le</strong>s prisonniers du pénitentier central deBlack Beach étaient employés, sans rémunération aucune, à des travaux publics,au nettoyage des vil<strong>le</strong>s ou dans <strong>le</strong>s propriétés de l’État et <strong>le</strong>s plantations privéesd’aliments des maîtres du régime, pour travail<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong> cacao.L’indépendance eut, on <strong>le</strong> constate, une profonde répercussion sur l’économie et<strong>le</strong>s relations de travail issues de l’époque colonia<strong>le</strong>. Toutefois, au lieu de transformer<strong>le</strong> caractère despotique de ces relations, el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s exacerba au maximum,<strong>le</strong>s faisant recu<strong>le</strong>r jusqu’aux temps de la plus cruel<strong>le</strong> exploitation colonia<strong>le</strong>.C’était une époque où la règ<strong>le</strong> était <strong>le</strong> travail forcé et son exception, <strong>le</strong> travailvolontaire et librement choisi.36

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