qui se rapproche beaucoup plus de la réalité quotidienne des Guinéens. D’autrepart, la distribution de la population, par secteurs économiques, est très éloignéede la structure du PIB que nous venons de voir et tel qu’il est présenté à l’Encadré5. Tout ceci est dû au fait que l’origine de la croissance, l’industrie de l’extractiondu pétro<strong>le</strong>, constitue un domaine en grande partie <strong>com</strong>plètement séparé du restede l’économie guinéenne.L’économiste Fernando Abaga décrit ainsi <strong>le</strong> caractère enclavé du secteur pétrolier:“il se dérou<strong>le</strong> en mer, loin de tout et de tous, créant peu de postes de travaildu fait d’une utilisation intensive du capital Il s’agit d’un secteur qui exporte tout cequ’il produit et importe tout ce qu’il consomme, il a donc peu de rapport avec <strong>le</strong>reste de l’économie. A cause de ces caractéristiques, son dynamisme n’atteint pas<strong>le</strong>s autres secteurs et ne joue pas <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de “moteur de développement” qu’onattendait de lui. De plus, cette situation se voit renforcée par la faib<strong>le</strong>sse du secteurprivé en Guinée Équatoria<strong>le</strong> ainsi que par l’inexistence presque tota<strong>le</strong> d’uneindustrie de transformation qui pourrait satisfaire loca<strong>le</strong>ment la demande de bienset services créée par <strong>le</strong>s industries liées directement au pétro<strong>le</strong> et qui pourraientcontribuer à l’intégrer dans l’économie nationa<strong>le</strong>. En conséquence, on peut direque l’évolution du secteur pétrolier est indépendante du reste des secteurs de l’économiequi (...) connaît une situation de stagnation” 89 .La principa<strong>le</strong> activité subissant <strong>le</strong> plus cette stagnation est l’agriculture, qu el<strong>le</strong>soit <strong>com</strong>mercia<strong>le</strong> ou vivrière. Pour autant, il existe quelques secteurs qui connaissentune forte dynamisation, en particulier ceux qui offrent des servicesspécifiques à l’industrie du pétro<strong>le</strong>, mais aussi, celui de la construction de bâtimentspublics, des routes et des logements. De même, divers autres secteurs,<strong>com</strong>me celui des télé<strong>com</strong>munications ou du <strong>com</strong>merce informel, ou bien desactivités illicites <strong>com</strong>me la prostitution, se voient stimulés par l’arrivée de travail<strong>le</strong>ursétrangers et d’immigrés ruraux aux principaux centres urbains, Malabo etBata.Bien que loin derrière <strong>le</strong> pétro<strong>le</strong>, la production du bois, en expansion depuis <strong>le</strong>sannées quatre-vingts, renforce <strong>le</strong>s dynamiques socioéconomiques mentionnées.En effet, il s’agit d’une activité fondée sur des concessions de l’État et ayantpeu de relation avec l’activité économique de la population. Les principa<strong>le</strong>sentreprises qui travail<strong>le</strong>nt dans ce secteur sont des multinationa<strong>le</strong>s asiatiquesou russes. Le rythme effréné de l’exploitation du bois menace de mettre en dangernon seu<strong>le</strong>ment la forêt guinéenne mais éga<strong>le</strong>ment l’habitat et <strong>le</strong>s activitésagrico<strong>le</strong>s 90 Néanmoins, l’importance de la production pétrolière a fait diminuerl’extraction du bois en la situant en 2003 en dessous de la limite léga<strong>le</strong> de450.000 m 3 .89 ABAGA, 1999 (pp.7-8).90 GREENPEACE, 2000 (p.19).57
Les effets de la production du pétro<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> reste des structures économiques etsocia<strong>le</strong>s sont donc contradictoires et répondent en grande mesure à ce qui estconnu <strong>com</strong>me étant la Maladie hollandaise. Alors que <strong>le</strong> Produit Intérieur Brut et<strong>le</strong>s recettes de l’État ont fortement augmenté, <strong>le</strong>s déséquilibres macroéconomiquesont été portés à <strong>le</strong>ur paroxysme. La dépense publique s’est accrue de manièrespectaculaire autant du fait des investissements en infrastructures lourdes quede l’appropriation indue des personnes au pouvoir. Même si l’endettement del’Etat a été réduit en termes relatifs au PIB, <strong>le</strong> montant de la dette publique ne faitqu’augmenter 91 . Les investissements étrangers se sont éga<strong>le</strong>ment accrus mais ilssont, dans <strong>le</strong>ur immense majorité, circonscrits aux infrastructures d’extraction.Pour autant, <strong>le</strong> pourcentage sur <strong>le</strong> PIB de la dépense publique concernant <strong>le</strong>sservices sociaux, <strong>com</strong>me l’éducation et la santé, n’a augmenté que de façon peusignificative. D’autre part, et <strong>com</strong>me il fallait s’y attendre après une tel<strong>le</strong> croissanceéconomique soudaine, l’inflation s’est envolée pour atteindre un maximumde 8,8% en 2002 92 . Ce qui veut dire que, même si <strong>le</strong>s ressources obtenues dupétro<strong>le</strong> arrivent à peine jusqu’à la population guinéenne, cel<strong>le</strong>-ci n’en subit pasmoins l’augmentation des prix à la consommation.La richesse créée par la découverte du pétro<strong>le</strong> a donc accentué <strong>le</strong>s inégalités dansla distribution du revenu. Le petit cerc<strong>le</strong> de personnes qui contrô<strong>le</strong>nt l’État est surtoutcelui qui profite directement de ces ressources. Le manque de transparenceet la corruption généralisée des finances publiques facilitent l’appropriation induedes ressources du pétro<strong>le</strong>. Selon <strong>le</strong> FMI, il n’existe aucun contrô<strong>le</strong> fiscal sur <strong>le</strong>spaiements réalisés par <strong>le</strong>s entreprises pétrolières. Une grande partie des revenusqui correspondent à l’État sont versés directement sur des <strong>com</strong>ptes bancaires àl’étranger dont <strong>le</strong>s titulaires sont de hauts responsab<strong>le</strong>s du gouvernement 93 . Deplus, ce groupe de responsab<strong>le</strong>s est celui qui monopolise <strong>le</strong>s quelques servicesque la Guinée fournit aux entreprises concessionnaires: vente de terrains, dédouanage,embauche de travail<strong>le</strong>urs, vente de gaz, etc. 94 .Un rapport du Sénat des États-Unis reconnaît que, “<strong>le</strong>s plus hauts responsab<strong>le</strong>sdu gouvernement de Guinée Équatoria<strong>le</strong> et <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s dominent tota<strong>le</strong>mentcertains secteurs de l’économie du pays et, dans certains cas, sont devenus <strong>le</strong>sgardiens ou <strong>le</strong>s charnières économiques virtuel<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong>s entreprises quisouhaitent faire des affaires dans <strong>le</strong> pays. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> Président Obiangcontrô<strong>le</strong> certaines entreprises qui monopolisent pratiquement tous <strong>le</strong>s secteursde la construction, des supermarchés et de l’industrie hôtellière et qui engendrentdes bénéfices significatifs éga<strong>le</strong>ment dans d’autres domaines. Le fils du91 De 254 mill. $ en 1991 à 319 mill. $ en 2003: BANQUE MONDIALE, 2002 ET 2004.92 FMI, Public Information Notice No. 05/61, Artic<strong>le</strong> IV Consultation with Equatorial Guinea, 6/5/2005.93 FMI, Public Information Notice No. 03/144, Artic<strong>le</strong> IV Consultation with Equatorial Guinea, 9/12/2003; GLOBALWITNESS, Corrupción global petrolífera y minera: es tiempo para la transparencia, Rapport de mars 2004.94 ABAGA, 1999 (p.9).58
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